Paris, juin 2006
Réflexions sur la constitution de réseaux de solidarité autour des exilés argentins dans les années 1970
Et considérations sur l’évolution de l’accès au droit d’asile en France
Ce dossier a été réalisé par des étudiants de sciences politiques dans le cadre de la Mission de Coordination pour les droits de l’Homme du Ministère des Affaires étrangères, à l’occasion de la commémoration des 30 ans de la dictature argentine.
Présentation
Etudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, nous avons participé, dans le cadre de notre cursus, à un « projet collectif » proposé par la Mission de Coordination pour les Droits de l’Homme du Ministère des Affaires Etrangères. L’objet en était de nourrir la réflexion que ce service conduit, sous la direction de l’Ambassadeur pour les droits de l’Homme, M. Michel Doucin, sur les conditions d’exercice du droit d’asile en France, par une réflexion historique sur celles dont ont bénéficié les exilés argentins à partir de 1976.
L’Ambassadeur ayant été sollicité par le gouvernement argentin pour contribuer au travail de mémoire organisé par ce dernier à l’occasion de la commémoration du 30e anniversaire du coup d’Etat intervenu le 24 mars 1976 à Buenos-Aires, une série d’initiatives a été lancée en France, dont notre « projet collectif » a fait partie.
La définition de ce dernier, telle que convenue avec la Direction de Sciences Po, s’énonçait ainsi :
« Travail de mémoire sur la façon dont les réseaux de solidarité avec les victimes du coup d’Etat argentin de 1976 se sont constitués en France et ont contribué à des mobilisations débouchant sur des modifications profondes dans la perception internationale de la protection des droits de l’Homme.
« Objectifs : Reconstituer la mémoire d’une période de solidarité active avec des demandeurs d’asile qui a été un tournant historique dans la perception de la question des droits de l’Homme. Donner à réfléchir sur la question de l’asile dans un monde angoissé par le terrorisme.
« Méthodologie : Travail de recherche documentaire et par interview pour identifier les différentes institutions /associations/individus qui se sont mobilisés depuis 1976 pour porter assistance aux militants de gauche menacés par la dictature argentine. Compte tenu de leur formation, les étudiants seront chargés d’effectuer un travail d’analyse critique des informations collectées dans le cadre de leur enquête. »
Ultérieurement, et de façon complémentaire, il nous a été proposé d’enregistrer sur vidéo nos interviews afin de répondre à la demande pressante des autorités argentines de constituer des archives de la mémoire.
Remerciements
Nous souhaitons remercier toutes les personnes qui nous ont aidés, d’une manière ou d’une autre, à la réalisation du projet et à la rédaction de notre synthèse :
Nous remercions en particulier :
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notre tuteur, Michel DOUCIN, Ambassadeur pour les droits de l’Homme ;
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Nathalie DELCAMP et Souhila ZITOUNI stagiaires auprès de lui, qui nous ont suivis tout au long du projet et qui nous ont apporté de précieux conseils.
Notre gratitude va également à Marguerite Bildstein, Marina Franco, François Gèze, Antoinette Langlois et Nora Markman qui ont apporté des commentaires fort utiles sur notre travail.
Nous remercions par ailleurs toutes les personnes qui ont gentiment accepté d’être interviewées :
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M. Nuri ALBALA, Mme Liliana ANDREONE, M. Maurice BARTH, M. Pierre BERCIS, Mme Marguerite BILDSTEIN, M. Antoine BLANCA, M. et Mme Alicia BONET-KRUEGER, Mme Henryane DE CHAPONAY, M. Colombo SIERRA, Mme Jeanne DUPOUY, M. Francis GELY, M. François GEZE, Mme Liliana GONZALES, M. Michel GROLLEAUD, Mme Julieta HANONO, M. Pierre HENRY, Mme Antoinette LANGLOIS, M. Rodolfo MATAROLLO, M. Alberto PETRILLO, M. Patrick PICHOT, Mme Diana QUATROCCHI WOISSON, Mme Frida ROCHOCZ, M. Carlos SCHMERKIN, M. Alejandro TEITELBAUM, M. Sophie THONON-WESFREID, M. Pierre TOULAT, Mme Sylviane de WANGEN et M.Pedro VIANNA.
Nous remercions enfin les autres personnes qui se sont associées au projet :
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Mme AMARAL, Mme Elena BARRERO, Mme BROESECKE, Mme Marie-Pascale CHEVANCE-BERTIN, M. Oscar et Mme Silvia CONSTANZO, M. Alain DANTOU, M. Favio FISCHER, Mme GRENET, Sœur Thérèse LONGEROT, Mme Paula LUTTRINGER, M. Alejandro MAUDET, M. Clemente et Mme Graciela SAAVEDRA, Mme Silvina STIRNEMANN.
Message de l’Ambassadeur Michel Doucin
Commémorer un événement, c’est prendre le risque de verser dans le convenu, d’occulter les difficultés rencontrées, d’estropier la vérité.
L’amicale proposition de Rodolfo Mattarollo, Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme du gouvernement argentin, rencontré à Buenos-Aires en mai 2005, d’associer la France aux travaux de mémoire entrepris à l’occasion de la préparation des commémorations du coup d’Etat de mars 1976 qui a jeté son pays dans l’horreur et l’a personnellement atteint puis contraint à l’exil dans notre pays, présentait ce danger.
Tout n’a pas été exemplaire dans la réaction des autorités publiques françaises de l’époque, qu’a hypnotisées un temps la propagande d’un régime qui prétendait s’inscrire dans une tradition bonapartiste, à qui une coopération militaire bilatérale commencée quinze ans plus tôt avait créé des relais de sympathie, et qui est parvenu à cacher quelques temps ses crimes odieux. Comment échapper à la critique d’un excès de sévérité ou d’indulgence dans le regard porté sur le passé ?
Nous avons eu l’idée de proposer à la direction de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, en la personne d’Edith Régnaut, de confier à un groupe d’étudiants, qu’encadrerait un ensemble de témoins, argentins et français, de l’époque, une recherche très libre, à base de lectures et d’interviews, sur ce qu’avait été l’accueil des exilés argentins en France après mars 1976. L’intuition était que leur regard sans prévention porterait sur cette solidarité que, rétrospectivement, les autorités des deux pays avaient tendance à porter au pinacle, un jugement utile et sain. Le souhait était aussi, alors que le débat est vif sur l’intégration des étrangers dans notre société, que cette recherche débouche sur quelques éléments de réflexion en termes de leçons à tirer.
Et puis, prenant conscience du fait que c’étaient souvent de véritables « Trésors vivants » que ces jeunes gens allaient rencontrer au cours de leur enquête, dont certains fort âgés, nous avons demandé à l’Université de Nantes qu’elle veuille bien leur prêter une caméra qui leur permettrait d’enregistrer leurs entretiens. Les dizaines d’heures d’enregistrement ainsi réalisées seraient destinées à être conservées tant en Argentine qu’en France dans des centres de recherche s’intéressant à ces « années de plomb » - mais aussi d’espérance -, contribuant ainsi à la construction de la mémoire de l’époque. Patrick Morand, responsable du « campus numérique CODE » qu’il anime depuis Nantes, s’est proposé en outre de tirer de ces bandes vidéo un film qu’il diffuserait sur les canaux de cette université virtuelle.
L’étude que l’on lira ci-après est le fruit de ce travail d’équipe qui a mobilisé, essentiellement au cours du premier semestre 2006, des dizaines de personnes autour de notre noyau estudiantin. Je les en remercie toutes vivement.
Elle ne fera certainement pas l’unanimité, pas plus qu’aucune autre recherche sur cette période du reste, les faits et situations évoqués se prêtant à des prismes interprétatifs très différents.
J’en suis conscient. Qu’on veuille bien y voir seulement ce que c’est : une contribution simple à un débat fort complexe.
Auteurs du dossier :
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AUGÉ Morgane
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BARDIN Pierre
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BARGUES Emmanuel
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BONY Christelle
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GRANDADAM Claire
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ZYLBERGLAJT Nicholas
Les avis exprimés dans ce document n’engagent que leurs auteurs
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