Bangalore, noviembre 2006
L’expérience des Comités de Paix de Bangalore
Intervenants : K. Khader & Anugraha John
Présidents : A.R Infant & Siddhartha
M. A.R. Infant, Agent de police du Karnataka, était le principal invité à prendre la parole lors de cette session. Dans son intervention, il a applaudi les efforts de M. Siddhartha et de Pipal Tree qui ont guidé l’action dans la formation de comités de paix dans la communauté des zones sensibles à Bangalore, immédiatement après la tristement célèbre émeute urdu en 1994. Parmi les Commissions de la paix, il a cité l’exemple de l’efficacité de la formation de comités Mohalla (groupes constitués après les émeutes de Babri Masjid, dirigés par des leaders comme Sushoba Barve pour maintenir la paix et l’harmonie communautaire dans la localité), qui ont les mêmes objectifs que les comités de paix. A Bangalore, ces comités sont localement connus sous le nom de Parisara Shanthi.
Il a ensuite poursuivi en expliquant brièvement l’historique de l’émeute Urdu, qui a éclaté parce que quelques fanatiques hindous et fondamentalistes étaient opposés à la télédiffusion de nouvelles urdu (l’urdou est considérée comme une langue musulmane) sur l’une des principales chaîne d’information du public, la chaîne Doordarshan. Il y eut beaucoup d’innocents tués et de maisons brûlées. A ce moment là, le comité de réhabilitation a été un avantage et les personnes issues de différents milieux - professeurs, chauffeurs, commerçants, ouvriers, etc… - travaillaient comme une équipe. Les Comités pour la paix ont commencé avec le processus de réadaptation et puis peu à peu ils ont engagé la communauté dans un dialogue inter-religieux et intra-religieux. Au fil des ans, ces comités de paix ont progressé et ils sont aujourd’hui actifs dans près de cinq grandes communes, dans des zones sensibles et près de Bangalore. La première tâche des comités de paix est de faire participer la communauté au dialogue inter-religieux, au pluralisme et à l’harmonie. L’approche de Pipal Tree dans ce processus a consisté à créer des plates-formes pour que les personnes de différentes communautés se réunissent autour du dialogue, du travail et vivent en harmonie grâce à des programmes tels que la résolution de la question de la disponibilité de l’eau potable, l’assainissement et la santé. Pipal Tree et les Comités de Paix ont travaillé ensemble pour faire pression sur le gouvernement et ont recueilli des fonds et de l’argent des fondations MLA ou MP pour mettre en place des puits tubulaires dans la communauté. Les toilettes communautaires, qui ont été construites alors, ont servi à la communauté et fonctionnent encore aujourd’hui.
M. Infant a dit qu’il y avait différents modes d’émeutes communautaires:
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1. Les émeutes perturbent la commuauté à cause de certaines différences, mais cela disparaît rapidement.
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2. Les émeutes arrivent lorsque des éléments extérieurs (casseurs, etc) jouent un rôle majeur pour leur propre intérêt. Dans ce cas, la communauté souffre mais ça n’a rien à voir avec la religion, leurs problèmes ou les différences au sein de la communauté.
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3. Les émeutes qui éclatent en raison de processions religieuses dans les rues.
M. Infant a en particulier estimé que le plus possible de communautés religieuses devaient éviter les processions dans les rues, principaux catalyseurs de violence. Toutes ces processions doivent être surveillées par la police afin de prévenir la violence.
M. John Anugraha a poursuivi la session en faisant part des travaux actuels de Pipal Tree et de la participation des comités de paix dans différents endroits de Bangalore. Il a ensuite présenté M. Khader, un membre actif du comité pour la paix et fait part de ses expériences. Khader avait beaucoup de choses à dire, mais faute de temps, il a parlé seulement de deux incidents très importants à Tannery Road et a expliqué l’efficacité du comité de paix.
L’un des incidents relatés était survenu dans le Govindpura, dans une petite zone de la localité de Tannery Road où la violence avait éclaté en Octobre 2005. Cela s’est produit parce que certains musulmans de cette communauté avaient construit une mosquée pendant la nuit sur une des terres qui appartenaient à un hindou. Lorsque cette personne est allée voir la mosquée en construction sur ses terres, elle a lancé une pierre à l’endroit où les gens lavent leurs pieds avant d’entrer dans la mosquée. Des rumeurs selon lesquelles un hindou attaquait une mosquée se sont immédiatement propagées. Des habitants du quartier se sont réunis pour attacher l’hindou qui s’est heureusement échappé. Mais la paix avait déjà été perturbée et plus tard, la situation a empiré et des incidents comme des pneus en feu, des pelletés de pierres, des attaques sur des véhicules, ont suivi. Un couvre-feu a été déclaré. Le soir, les membres du comité de paix, avec l’aide de la police, ont été en mesure de dialoguer et de régler la question. La communauté musulmane a réalisé que ceux qui construisaient la mosquée étaient fautifs car la terre ne leur appartenait pas. Et le propriétaire du terrain, leur a mentionné : « si vous nous aviez demandé des terres pour construire une mosquée, nous vous les aurions volontiers données gratuitement. Mais comment pouvez-vous construire un temple de Dieu sur la terre de quelqu’un, sans autorisation ? ». M. Khader a cité les Écritures selon lesquelles, conformément à Allah, c’est mal.
M. Khader voulait ensuite nous faire part de la façon dont les éléments extérieurs influent sur les conflits entre les hindous et les musulmans. Cela s’est produit à Tannery Road pendant un match de cricket entre l’Inde et le Pakistan qui a eu lieu au stade Chennaswamy, à Bangalore. Les Indiens et les Pakistanais étaient très heureux d’assister à un match entre les deux équipes rivales. L’Inde a gagné ce match et, comme d’habitude, c’était la fête dans les rues de Tannery road et les gens ont commencé à crier des slogans pour l’Inde et pour les célébrités indiennes comme Sachin et Dravid. Dans la foule, il y avait aussi des slogans sarcastiques de haine vers l’équipe du Pakistan, principalement en pointant le fait qu’ils étaient musulmans. De toute évidence, après l’enquête d’un conflit inutile, il a été constaté que des rodeurs, des membres de certains gangs locaux, avaient prévu et organisé un tel conflit pour inciter à des sentiments hostiles envers les amis musulmans. La violence n’a rien à voir avec les membres de la communauté locale, mais l’intérêt des bandes.
M. John Anugraha dans sa brève présentation a souligné les travaux de Pipal Tree dans les différentes communautés à Bangalore. Il a en outre expliqué que Pipal Tree a toujours pensé que le développement et l’harmonie communautaire allaient de pair. Pipal Tree a créé plusieurs plates-formes de dialogue en considérant des questions d’intérêt commun sur lesquelles la communauté peut se réunir et travailler pour son propre bénéfice.
Il a parlé du récent engagement du Comité de paix dans la lutte contre le fléau de l’approvisionnement en eau potable de la communauté marginalisées (Madina Mohalla, Idgah Mohalla, etc) dans le quartier No.93. La communauté est forcée d’acheter de l’eau à un coût élevé aux opérateurs locaux. Pipal Tree aux côtés de la population locale, a soulevé le problème avec les dirigeants locaux, ils ont signé conjointement une pétition, et l’ont soumise aux autorités du Conseil de Bangalore pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement de Bangalore (BWSSB). Les autorités du BWSSB ont expliqué le projet en attente, qui exige l’approbation du territoire pour construire un réservoir et pomper l’eau dans cette zone. Plus tard, le Mahanagar Palike Bangalore a été consulté pour obtenir l’approbation de cette terre. Finalement, avec l’aide du conseiller, des solutions temporaires pour l’approvisionnement en eau ont été mises en place dans l’attente d’une solution permanente. Ces incidents rassemblent les gens, renforcent leurs relations personnelles car ils travaillent pour une cause commune.
Après les présentations, le champ a été ouvert à la discussion et aux questions.
La plupart des participants a apprécié le travail du Comité de Paix à Bangalore et s’est rendue compte que l’harmonie communautaire pouvait être intégrée dans leurs programmes en cours.
L’un des participants a soulevé une question importante et a demandé aux autres participants les raisons pour lesquelles il y avait très peu de conflits inter-religieux dans les villages ou les villes isolées par rapport aux villes et en particulier aux bidonvilles.
Cyriac a immédiatement répondu en disant que le village et les petites villes sont des communautés intactes qui travaillent ensemble sur des objectifs communs. Si des problèmes surviennent, le village saura qui en est à l’origine et pourra prendre des dispositions immédiates d’action participative. Dans la plupart des cas, un « faiseur de méfaits » de l’extérieur perturbe la paix dans les villages et les petites villes. Considérant que dans les bidonvilles il y a beaucoup d’intérêts politiques à de tels conflits et la plupart du temps, cela n’a rien à voir avec la religion.
Baby Paul a fait part de son profond grief contre son pays d’origine, le Kerala qui, selon lui, bien qu’étant l’Etat le plus alphabétisé en Inde a des problèmes tels que les conflits inter-religieux qui font obstacle au développement de l’Etat.
Notas
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Propos traduits de l’anglais par ARIE Sophie.