Les aspects civils et militaires de la gestion contemporaine des conflits: l’exemple de l’action française au Kosovo
L’action sur les plans civil et militaire participe activement à la stabilisation de l’environnement politique, économique et social d’un pays sortant d’une situation difficile.
Keywords: | | | | | | | | | Kosovo | Balkan | Ex Yugoslavia
Résumé : Depuis la fin de la guerre froide, de nombreux conflits sont apparus sur le devant de la scène mondiale. Représentant bien souvent une menace pour la stabilité régionale de la zone où ils se déroulent, ces affrontements constituent un défi pour la communauté internationale, qui ne peut pas toujours rester sans rien faire. Elle a par ailleurs conscience qu’une résolution de crise conjugue désormais aspect militaire et aspect civil. Agir sur ces deux plans participe activement à la stabilisation de l’environnement politique, économique et social d’un pays sortant d’une situation difficile. C’est ce que montre l’exemple de l’implication française au Kosovo.
Dans le contexte actuel des relations internationales où les enjeux dépassent bien souvent les frontières, l’action en faveur de la paix suppose de plus en plus l’intégration d’une large palette d’intervenants. Ceux-ci se limitent moins que jamais aux forces armées, ni même aux acteurs de l’urgence. Il s’agit, le plus en amont possible du conflit ou de la crise, de concilier les opérations de réhabilitation avec la perspective de développement. L’aspect civil des interventions est jugé comme l’une des conditions de l’accomplissement des objectifs initiaux fixés aux militaires. C’est au Kosovo que l’on a trouvé l’exemple le plus abouti de ces « actions civilo-militaires » (ACM) menées pour la France dans le cadre de son action extérieure. On y a en effet constaté une double caractéristique de la gestion contemporaine des crises dans le cadre de ACM :
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une action nationale intégrée à un dispositif multilatéral : un détachement d’officiers a été inclus dans l’Etat-Major des ACM de la KFOR, et une unité chargée d’exécuter les directives de la chaîne d’opérations internationales (ONU, OTAN) ainsi qu’un bureau responsable de la mise en œuvre sur le terrain des directives nationales ont été mis en place. Le but était ainsi à la fois de participer à l’action internationale et de conduire des missions au caractère plus spécifiquement national dans la zone sous responsabilité française ;
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une opération menée à trois niveaux :
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au profit de l’environnement des forces tout d’abord : le but était ici en fait d’établir des relations avec les autorités locales et d’œuvrer à ce que la mission soit perçue positivement par la population. Pour ce faire, des centres de coopération civilo-militaires ont été mis en place, avec pour rôle de favoriser les rencontres et la coopération entre le commandement des forces, les organisations humanitaires, les autorités locales et les opérateurs civils. Ces points de contact ont été importants tant pour établir le lien avec les populations que pour acquérir de l’information sur l’état d’esprit et l’attitude des différentes communautés vis à vis de l’évolution de la situation.
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ensuite au profit de l’environnement civil : l’objectif consistait ici à faciliter la mise en œuvre du processus de reconstruction, en compensant les carences des structures administratives et sociales, en préparant l’établissement des institutions prévues par la communauté internationale et en soutenant l’effort de restructuration du système politique, économique et social. L’une des principales réalisations françaises en matière d’actions civilo-militaires a ainsi consisté à restaurer le lycée agricole de Pristina.
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enfin, un suivi et un soutien à l’action humanitaire : il s’agissait là d’un aspect important en vue de la paix, dans la mesure où une situation humanitaire trop grave ou trop préoccupante constitue une entrave sérieuse au règlement d’un conflit. L’armée a donc fait en sorte d’aider les organisations humanitaires à remplir au mieux leur mission, en favorisant la prise en charge de ces questions par les opérateurs en titre, en leur fournissant éventuellement un soutien logistique, en les aidant à gérer les flux de populations et en participant au suivi de la situation.
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Selon les participants eux-mêmes, l’action civilo-militaire française au Kosovo s’est bien déroulée, et le dispositif est destiné à être reconduit. Cependant, des insuffisances ont été constatées –manque de réactivité, d’équipement, de financement, niveau de formation et d’expérience parfois insatisfaisants – auxquelles il sera nécessaire dans l’avenir de remédier.
Commentary
Il convient de voir et de comprendre que les actions civilo-militaires ne sont qu’une des composantes de la gestion des crises ou des conflits. A ce titre, elles ne sauraient fournir seules une réponse aux nombreux défis se posant à un pays qui vient de connaître la guerre ou l’instabilité. Elles ne remplacent en aucun cas les nécessaires missions humanitaires et politiques qui accompagnent traditionnellement tout processus de sortie de crise. L’on peut néanmoins retenir qu’elles participent d’une approche intégrée de la résolution des conflits en ce qu’elles tendent à favoriser les liens et la coopération entre les différents acteurs présents sur le terrain. Les exigences sont lourdes en matière de structures et d’organisation financières, matérielles et opérationnelles. Et elle supposent également qu’une volonté politique les soutienne. En l’espèce, la France dispose d’un certain retard, en comparaison notamment des anglo-saxons. L’enjeu est en tout cas d’importance dans la mesure où les ACM conditionnent le retour à la paix, la reconstruction et la perspective du développement
Notes
Source : Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN)