Richard Pétris, Grenoble, France, August 2006
Paix et sécurité, un atelier au Forum Social Mondial de Porto Alegre
Dans le cadre du Forum Social Mondial de Porto Alegre, en janvier 2005, un atelier a été organisé dans l’espace Paix, démilitarisation et lutte contre la guerre, le libre échange et la dette.
Keywords: | Politics and peace. Exercising our rights and our responsibilities. | | | | | | | | Political actors. Public and military authorities. | | | | | | | Reconstructing peace. Post-conflict : the challenge of peace-puilding. | |
Dans le cadre du Forum Social Mondial de Porto Alegre, en janvier 2005, un atelier a été organisé dans l’espace Paix, démilitarisation et lutte contre la guerre, le libre échange et la dette pour mettre en débat les réflexions qui sont développées dans le cadre du “collège de militaires” - une initiative de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire et qu’animent l’Ecole de la paix et la Fondation Charles-Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme – en particulier sur les impératifs de la sécurité.
Peu habituel dans ce genre de rencontre altermondialiste, le sujet a été abordé de manière très ouverte et avec gravité, y compris dans une “table de controverse” et les problèmes ont été sériés selon deux approches suivies chacune de propositions.
I. Forces de sécurité et société civile dans le “nouveau monde possible”
Dans un contexte démocratique, les processus de changement doivent s\’effectuer dans le respect des lois. Ceci implique que la société civile puisse et veuille prendre une part active à ces processus.
Dans cet esprit, le rôle des forces de sécurité étatiques, expression du monopole de la violence légitime reconnu à l’Etat, est de garantir les conditions pacifiques de ces processus et non de défendre des positions de pouvoir.
Or, on constate encore trop souvent que l’Etat abuse de son monopole pour maintenir ses positions, que les médias, délibérément ou par manque de déontologie, peuvent attiser les conflits et que la société civile ne peut ou ne veut se faire entendre des pouvoirs en place
Pour changer cet état de fait, nous proposons :
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1. De mettre en place des programmes de soutien à la réforme du secteur de la sécurité pour améliorer, d’une part, la bonne gouvernance par le pouvoir exécutif des forces qui le composent, et d’autre part, leur efficacité.
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2. De diffuser des outils permettant d’améliorer le contrôle parlementaire des forces de sécurité et la transparence de ces dernières vis-à-vis de la société civile.
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3. D’établir ou de développer les échanges entre les médias, la société civile et les acteurs politico-militaires de la sécurité.
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4. De multiplier les échanges d’expérience, afin de renforcer les bonnes pratiques en la matière.
II. Sécurité humaine et nouvel ordre international
La communauté internationale a désormais pris conscience du fait que pour tout groupe humain la sécurité revêt un caractère global ; c’est-à-dire physique, économique, social, juridique. De même qu’il n’est pas de développement durable possible sans sécurité, une sécurité humaine n’est pas envisageable sans développement.
En conséquence, le traitement des crises doit nécessairement s’effectuer par des moyens dépassant largement le seul recours à la force armée. C’est, en particulier, le cas en ce qui concerne la prévention des crises, étape au cours de laquelle les pouvoirs politiques devraient privilégier le recours aux moyens non militaires. C’est également le cas dans la phase finale du réglement des conflits au cours de laquelle la fin de la violence armée ne coïncide plus avec la résolution du conflit lui-même. Le pouvoir politique doit donc planifier toutes les actions civiles de consolidation globale du processus sécuritaire à mettre en place au plus tard dès la fin de la phase militaire.
Ces évolutions devront être prises en compte dans la réforme envisagée de l’ONU. Bien que critiquée, celle-ci est devenue incontournable dans le réglement des conflits et a accru sa légitimité aux yeux des peuples. Une réforme de son fonctionnement s’impose d’autant plus pour améliorer le caractère démocratique de ses organes de décision.
Par ailleurs, la proposition d’un observatoire des crises au sein de l’organisation ainsi que la détermination de critères permettant de définir les modes de traitement de la crise vont dans le bon sens : un renforcement significatif des capacités de l’ONU dans le domaine de la prévention des crises.
Pour autant, il apparaît de plus en plus qu’un traitement adapté des crises doit se situer au plus près de celles-ci. Ceci implique la création ou le renforcement des institutions régionales et leur rôle accru dans la gestion des conflits, sous mandat des Nations Unies.
Il s’agit donc :
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1. De tirer toutes les conséquences de la perte du monopole de l’action militaire dans le traitement préventif et curatif des crises.
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2. De soutenir le recours prioritaire aux moyens civils de prévention et de traitement des crises.
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3. D’intégrer et de financer les plans de reconstruction et de développement dans le processus de sortie de crise.
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4. De soutenir le renforcement à l’ONU des moyens de prévention des crises et, dans cette optique, la démocratisation de ses organes de décision.
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5. De soutenir la création ou le renforcement des institutions régionales comme acteurs privilégiés de la prévention et du réglement des conflits.