Jean Marichez, Grenoble, julio 2006
La banalisation des résistances civiles au XX° siècle
Un grand nombre de résistances civiles non violentes révèle l’ampleur et la croissance du phénomène au XX° siècle
Keywords: Resolución no violenta de los conflictos | Resistencia civil y pacífica a la guerra | Resistencia civil no violenta | Resistencia no violenta | Actores sociales. Ciudadanos y sus organizaciones. | Actores Políticos. Autoridades políticas y militares. | Manejar los conflictos | Actuar para impedir una guerra
Si la plupart sont gagnantes, toutes ne le sont pas, mais toutes font progresser le conflit et toutes sont instructives. La plupart sont « massives » ou pour le moins témoignent d’une large volonté populaire. Quelques-unes sont minoritaires et sont citées pour leurs enseignements.
Etats-Unis 1765-75 :
1ere phase de la lutte des colons américains contre la domination anglaise
Irlande fin XIXème :
Action de la ligue agraire contre les propriétaires terriens britanniques
Finlande 1898–1905 :
Résistance du peuple à la russification du pays
Russie 1905 et 1917 :
Des aspects essentiels de la révolution russe de 1905 et de la révolution de 1917 (avant le coup d’état bolchevique d’octobre)
Afrique du Sud 1906-1914 :
Lutte de la minorité indienne contre les lois raciales britanniques
Chine 1909-1915-1918 :
Boycott des produits japonais
Inde 1915-1947 :
Lutte pour l’indépendance
Corée 1919-1922 :
Protestation contre la domination japonaise
Allemagne 1920 :
Effondrement du putsch de Kapp en 5 jours par le gouvernement
Guatemala 1944 :
Renversement en onze jours de la dictature du général Ubico
Salvador 1944 :
Chute en 3 semaines du dictateur Maximiliano Hernandez Martinez
R.D.A. 1953 :
Soulèvement ouvrier des 16 et 17 juin
URSS 1953 :
Grève dans la prison de Vortuka et dans d’autres camps d’URSS
Etats-Unis 1955-1968 :
Lutte de Martin Luther King pour l’égalité des noirs
Hongrie 1956-1957 :
Aspects majeurs de la révolution anticommuniste
Afrique du Sud avant 1960 :
Phase non violente de la lutte des Noirs contre l’Apartheid
Vietnam 1963 :
Campagne bouddhiste contre le gouvernement de Ngô Dinh Diêm
Vietnam 1966 :
Campagne bouddhiste contre le régime de Saigon
URSS années 70 et 80 :
Lutte pour les droits civiques et les Juifs
Irlande du Nord 1975-1976 :
Mouvement « Peace People » des femmes
Iran 1978-1979 :
Des aspects de la révolution iranienne contre le Shah
Argentine 1977-1992 :
Lutte des « Folles de Mai » contre les disparitions politiques
Bolivie 1978 :
Grèves de la faim collectives contre la dictature militaire
Pologne 1980-1989 :
Mouvement des travailleurs pour la démocratie politique
Uruguay 1981-1985 :
Mobilisation du peuple pour le retour à la démocratie
Chili 1983 :
Mouvement syndical de protestation contre la dictature de Pinochet
Chine 1989 :
Grèves de la faim et manifestations étudiantes sur la place Tien An Men
R.D.A. 1989 :
Effondrement du régime communiste
Tchécolslovaquie 1989 :
Effondrement du régime communiste
Bulgarie 1989 :
Effondrement du régime communiste
Bénin 1988-1990 :
Renversement du régime marxiste-léniniste de Mathieu Kérékou
URSS 1991 :
Échec de la tentative de coup d’État des Ultra conservateurs soviétiques entraînant la chute de l’empire soviétique
Madagascar 1991-1993 :
Opposition du peuple au régime du président Ratsiraka
Kosovo 1990-1999 : Résistance des Albanais contre la suppression de leur autonomie et l’oppression serbe
Timor 1975-1999 :
Episodes de la résistance à l’invasion et à l’oppression indonésienne.
Serbie début 2000 :
Manifestations étudiantes pour imposer l’application des résultats des scrutins locaux.
Serbie fin 2000 :
Mobilisation de la population pour le départ de Milosevic
Philippines 2001 :
Destitution du Président Joseph Estrada, avènement de Gloria Arroyo.
Bolivie 2003 :
Emeutes de l’eau chère, rébellion des indiens et paralysie du pays jusqu’au départ du Président Sanchez de Lozada.
Géorgie 2003 :
Dénonciation de la fraude électorale et démission du Président Chevarnadze.
Géorgie 2004 :
Rattachement de l’Adjarie à la Géorgie
Ukraine 2004 :
Révolution orange contre la fraude électorale, largement médiatisée
Bolivie 2005 :
Guerre du gaz entre la population et le gouvernement
Liban 2005 :
Expulsion de la Syrie suite à l’assassinant de Rafic Hariri
Kirghizie 2005 :
Révolution des tulipes contre la fraude électorale
Cette liste est loin d’être exhaustive, il y eut encore d’autres luttes non-violentes significatives entre 1970 et 90 : Iran, Brésil, Chili, Mexique, Chine, URSS, Haïti, Philippines, Inde, Afrique du Sud, Pologne, Birmanie, Hongrie, Corée du Sud, Nouvelle Calédonie, Tchécoslovaquie, Pakistan, Panama, Palestine… Toutes n’ont pas été des succès mais toutes ont apporté des résultats significatifs.
Commentario
Les résistances sont tantôt des réactions face à des agressions étrangères, tantôt des refus d’oppressions internes, de dictature ou de coups d’État. Malgré certains dessous de cartes parfois complexes, ce sont toujours des expressions populaires profondes et fortes qui n’ont pu jouer leur jeu normal dans le cadre des institutions en place. Ce sont toujours des rapports de force entre une population excédée et un pouvoir quelle que soit sa forme. Ce sont toujours des formes de pression populaire sans violence, qui tirent leur force du nombre et de la vérité. Ce ne sont que très rarement et alors toujours très partiellement des opérations manipulées par des forces extérieures occultes.
On pourrait penser que les résistances civiles sont des processus réservés aux nations démocratiques ou développées En fait, on constate que tous les pays sont touchés. C’est un phénomène universel.
Notas
Prix Nobel de la paix impliqués dans ces luttes : Gandhi, Martin Luther King, Albert Luthuli, Desmond Tutu, Alexeï Sakharov, Adolfo Perez Esquivel, Maired Corrigan, Lech Walesa, Aung San Suu Kyi, le Dalaï Lama, Rigoberta Menchu.
Autres grands noms de la lutte non violente : César Chavez, Dorothy Day et les frères Berrigan aux États-unis, Dom Helder Camara, Luis Perez Aguirre en Amérique latine
Une large partie de cette liste de résistances est extraite du livre La Non-violence, de Christian Mellon et Jacques Sémelin, 1994, PUF Que sais-je, Paris, 127p