Bianca Zanardi, Paris, juin 2009
Guerre et Paix. Paix et conflits dans la religion.
Notre société a été en partie fondée par les trois grandes religions monothéistes. En cette période de recrudescence des tensions religieuses, nous avons tous besoin de repères pour comprendre ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui. Cet ouvrage nous aide à mieux saisir l’origine de l’intolérance religieuse.
Réf. : Claire Veillères, « Guerre et Paix. Paix et Conflits dans la Religion », Ed. Palette,Paris (2005).
Langues : français
Type de document :
Partie I. Naissances en fanfare
Dans les religions polythéistes, la diversité religieuse est une réalité familière aux hommes. Chaque dieu incarne une idée particulière ou représente une force de la nature. L’arrivée d’une nouvelle divinité ne trouble personne car aucun de ces dieux ne prétend être le seul vrai dieu. Au contraire, chaque religion monothéiste, transforme ses croyants en une grande famille qui peut percevoir à certains moments ceux qui n’en font pas partie comme des étrangers, des êtres menaçants.
Les religions, au moment de leur naissance, ont joué un peu le rôle qui est aujourd’hui celui de la loi. C’est pour cette raison que les grandes guerres de religion étaient beaucoup plus fréquentes dans le passé : la religion, plus que la nationalité, était alors ce qui unissait les hommes, leur donnant une identité collective, grâce à quoi ils se sentaient solidaires les unes des autres.
La guerre fut longtemps l’un des principaux instruments employés pour convertir des peuples aux religions monothéistes. À l’époque de la conquête arabe, entre 622 et 745 environ, les soldats musulmans obligeaient les populations conquises à renoncer au polythéisme et à adopter l’islam. Les juifs et les chrétiens n’étaient pas concernés. En effet, comme les musulmans, ceux-ci ne reconnaissent qu’un seul Dieu et possèdent un livre sacré. Ils étaient donc libres de pratiquer leur culte, mais devaient payer un impôt spécial. Placés sous la protection du pouvoir musulman, ils avaient un statut spécifique, celui de dhimmî, terme que signifie « protégé ».
S’il arrive que des guerres naissent entre des peuples de religions différentes, il est tout aussi fréquent qu’elles divisent les croyants d’une même religion, au sujet de leurs pratiques et de l’interprétation des grands textes. Ces visions divergentes ont produit, au cours de l’histoire, des « schismes », de grandes ruptures entre les adeptes d’une même religion.
Partie II. Religion et pouvoir
Dans beaucoup de pays, les hommes agissent aujourd’hui en fonction de lois civiles. Par ailleurs, dans certains Etats, la religion reste à l’origine des règles de la vie sociale. C’est le cas par exemple des pays musulmans où l’on prétend appliquer la loi religieuse : la charia. C’est aussi le cas en Israël, où les citoyens sont unis par leur appartenance au judaïsme. En Europe, la religion chrétienne conserve dans certains pays une influence décisive. Par exemple, en Irlande ou en Pologne, où l’avortement est interdit pour des raisons religieuses.
La guerre lancée contre l’Irak au printemps 2002 par les Etats-Unis montre comment la religion peut toujours être manipulée pour donner raison à ceux qui cherchent le conflit. George W.Bush a parlé d’une « croisade », dans laquelle les Etats-Unis incarnent le « Bien » et luttent contre le « Mal ». Ce sont là des arguments de nature religieuse. La croisade est par excellence une guerre religieuse. Ainsi la religion joue-t-elle, aujourd’hui encore, un rôle essentiel en légitimant les actes de la première puissance mondiale.
Partie III. Cohabitations réussies
Depuis le milieu des années 1970, les responsables des trois religions monothéistes ont accompli un véritable effort de dialogue. L’histoire a tendance à laisser dans l’ombre les périodes de paix, lorsque les sociétés vivent en harmonie. Pourtant, depuis qu’existent les trois religions monothéistes, des juifs, des musulmans et des chrétiens vivent en permanence ensemble, partout dans le monde. Ils sont aujourd’hui plus mêlés que jamais. S’il y a parfois des conflits dans lesquels la religion a une part, ils sont ponctuels et localisés. La planète n’est pas à feu et à sang partout et tous les jours.
L’histoire a conservé le souvenir d’une cohabitation presque idéale : celle que connut la société musulmane d’Espagne entre le VIII et le XI siècle. En Andalousie vécurent ensemble les conquérants arabes et berbères, une population juive européenne et des « Mozarabes ». Les Mozarabes étaient des chrétiens d’origine espagnole, les habitants de l’Andalousie avant la conquête musulmane. La société andalouse parlait au moins deux langues : le romance (d’origine latine) et l’arabe. Les jours chômés pour tous étaient ceux des trois religions : vendredi, samedi et dimanche. Le mélange des cultures, des langues et des religions provoqua l’épanouissement de toutes les grandes disciplines de l’époque : littérature, architecture, médecine, musique, mathématique et philosophie. Ce fut une civilisation particulièrement brillante.
Commentaire
Cet ouvrage a le mérite de donner à voir et d’expliquer avec une extrême simplicité certaines questions parmi les plus sensibles des religions. C’est une bonne base de départ pour ceux qui, intéressés par ce sujet, souhaitent ensuite l’approfondir. La clarté du livre le rend également accessible à un public jeune.
Le dernier chapitre est particulièrement intéressant ; on y trouve des informations et des outils concernant les trois grandes religions monothéistes : leur histoire, les diverses cérémonies, les lieux de culte…
Le concept qui émerge de cette lecture, plus liée à l’actualité des conflits religieux, est qu’aucun conflit n’a une origine exclusivement religieuse, bien souvent la religion est un prétexte pour alimenter et justifier une guerre qui cache des raisons de pouvoir. C’était le cas pour la guerre en l’ex-Yougoslavie ou pour l’invasion américaine en Irak. Dans l’ouvrage, au contraire, l’auteur cite plusieurs exemples de cohabitation religieuse pacifiques, preuves qu’une coexistence pacifique est possible.