Cyril Musila, Paris, mai 2003
Une boîte à outils pour gérer les conflits et construire la paix : un texte de Michael Lund extrait de « Construire la paix sur le terrain, Mode d’emploi. »
La gestion des conflits comprend deux étapes qui consistent à identifier des outils opérationnels propres à chaque circonstance et à appliquer des stratégies combinant des outils adaptés afin de créer un processus durable.
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Réf. : Une boîte à outils pour gérer les conflits et construire la paix, in Construire la paix sur le terrain, ouvrage collectif sous la direction de Luc Reychler et Thania Paffenholz, GRIP, Bruxelles, 2000, pages 37-42.
Langues : français
Type de document :
Le texte de Michael Lund a été publié sous forme d’article de synthèse dans l’ouvrage « Construire la paix sur le terrain, Mode d’emploi », dirigé par Luc Reychler et Thania Paffenholz, paru aux éditions du GRIP, Bruxelles, 2000, pp.37-42.
La version anglaise et intégrale en est le texte « Part III : A Toolbox to Respond to Conflicts and Build Peace », paru dans Creative Associates International Inc., Preventing and Mitigating Violent Conflicts : a Revised Guide for Practioners, 25 avril 1997, pp.3-1 à 3-9.
D’après Michael Lund, la gestion des conflits comprend deux étapes à savoir l’identification des outils opérationnels propres à chaque circonstance, puis la conception et l’application de stratégies combinant divers outils adaptés afin de créer un processus de paix durable. Les conflits ont plusieurs stades et plusieurs causes ; il est donc utile d’adapter les outils d’intervention à chacune de ces causes et à chacun des stades. C’est de l’adéquation des actions entreprises aux origines et au stade des conflits que dépendent les chances de succès du conflit. Telle est la thèse que soutient Michael Lund.
De cette thèse découle un ensemble d’outils méthodologiques qu’il conçoit pour transformer un conflit. Comprenant aussi bien des projets, des procédures, des programmes, des politiques que des mécanismes, ces derniers mobilisent chacun « la carotte » ou « le bâton » qu’une palette variée d’acteurs ou d’organisations sont appelées à mettre en place en fonction de la spécificité du conflit et les résultats recherchés.
Il distingue deux catégories d’outils de construction de la paix :
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1. Les outils d’action et terrains fonctionnels
Cette catégorie s’appuie sur l’idée que les outils abordant les mêmes causes d’un conflit peuvent opérer sur différents terrains fonctionnels. Un tableau regroupant 90 outils d’action est élaboré en fonction des principales catégories fonctionnelles : la diplomatie officielle, les méthodes non officielles de gestion de conflit, les mesures militaires, les mesures économiques et sociales, les mesures de développement et de gestion politiques, les mesures judiciaires et légales, ainsi que les mesures liées à la communication et à l’éducation.
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2. Les outils de construction de la paix en fonction des principales sources de conflit
Les outils élaborés dans cette catégorie sont classés en fonction des visées et les points focaux de l’action. Ainsi trois grands ensembles sont identifiés :
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Les outils destinés aux conditions systémiques ou structurelles du conflit, telles que les déficiences en ressources matérielles (pauvreté, inégalités socio-économiques, etc.)
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Ceux propres aux facteurs potentiels ou d’habilitation du conflit, à l’exemple des institutions et des procédures, des perceptions et des attitudes, des moyens de coercition, des questions substantielles en litige, etc.
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Les outils adaptés aux causes immédiates du conflit, tels des actions ou des comportements déclencheurs des violences.
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Commentaire
Cet ensemble d’outils est avant tout destiné aux « praticiens » de la paix sur le terrain. La mise en place d’un tel outillage relève des méthodologies des organisations internationales, férues d’outils méthodologiques. Michael Lund est issu de cette école.
Sans négliger l’apport de son outillage, on peut lui reprocher sa démarche schématique et la classification en « catalogue ». Bien que l’auteur ouvre la possibilité d’adapter tout outil à un contexte donné, on n’oublie pas que les conflits et la paix se révèlent toujours des processus dynamiques, complexes et souvent incohérents, faits de contrastes et de contradictions qu’une tentation de catégoriser risquerait justement d’en oublier les « dynamiques ».
La boîte à outils de Michael Lund devrait être prise comme un cadre que chaque acteur de terrain peut adapter voire ignorer, s’il le faut, afin de privilégier l’originalité de chaque situation.