Georges Dwailibi, Paris, abril 2005
La Passion de l’Afghanistan. Auteur : Jean-Pierre Turpin.
Madera, Mission d’aide au développement des économies arabes, est une ONG intervenant depuis 1988 en Afghanistan pour le retour des réfugiés et la réhabilitation des économies rurales.
Keywords: Ayudar a las víctimas de guerra | Iniciativas de solidaridad con las poblaciones más pobres | Respeto de los derechos de los refugiados | Luchar contra la pobreza | Microproyectos económicos para contribuir a la paz | Iniciativas agrícolas para la paz | Organización humanitaria y paz | Organización de una comunidad rural | Ciudadanos afganos por la paz | Agricultores | Favorecer el regreso de las poblaciones desplazadas | Actuar localmente para ayudar a las víctimas de la guerra | Enriquecer los intercambios sociales | Reconstruir la economía | Afganistán
Ref.: La Passion de l'Afghanistan, Jean-Pierre Turpin, ed. Charles Léopold Mayer, 2001
Idiomas: francés
Tipo de documento: Libro
L’invasion soviétique, la guerre civile, et récemment la guerre contre le terrorisme ont mis l’Afghanistan sur le devant de la scène sans que personne ne s’interroge véritablement sur le sort de la population afghane. C’est dans ce contexte que l’auteur décrit, avec une certaine amertume et tristesse, les conditions de vie de cette population oubliée.
Ce livre retrace, en quatre parties, les détails du voyage et la mission de cette ONG sur le terrain.
-
Partie 1
Dans la première partie, l’auteur nous parle des difficultés rencontrées par Madera à rechercher des coopérants ayant une bonne connaissance du pays.
Jean-Pierre Turpin, lui-même coopérant pour Madera, raconte tout au long de l’ouvrage ses expériences vécues en Afghanistan.
Les membres de Madera se sont donc retrouvés dans un pays sans État et ignoré par l’opinion publique. M. Turpin, dans cette première partie se pose une question remarquable : qui soutenir en Afghanistan ?
Dans le cas du conflit afghan, que ce soit pendant l’invasion soviétique ou bien pendant la guerre civile après le départ des troupes soviétiques, plusieurs acteurs étaient protagonistes. Le partenaire était difficile à identifier parmi les diverses forces antagonistes et donc les ressources financières pour la coopération, en provenance de l’Union européenne parvenaient difficilement.
-
Partie 2
Dans la seconde partie, l’auteur explique la nature de l’aide apportée aux Afghans et la façon dont elle fut distribuée par Madera. L’argent collecté servait à acheter des marchandises à Peshawar mais l’aide internationale était malheureusement trop souvent gaspillée, volée, avant d’atteindre ses destinataires. Hervé Barré, un partenaire de Madera, souligne l’importance de repérer sur le terrain des contacts fiables et crédibles, via lesquels l’aide et l’argent pourraient transiter.
-
Partie 3
Dans la troisième partie, l’auteur parle de la croissance et de la professionnalisation des opérateurs humanitaires de la "Mission d’aide au développement des économies" (Madera) travaillant en Afghanistan.
En effet, avant 1990, l’administration de Madera qui se trouvait à Paris disposait d’un seul bureau technique et logistique à Peshawar.
L’après 1990 s’est caractérisé par une très grande autonomie des expatriés et des cadres afghans, ce qui a contribué à la professionnalisation des agents humanitaires.
La question de la coordination entre les ONG travaillant en Afghanistan est également traitée dans cette partie. L’auteur exprime son désir que le travail de Madera soit considéré comme une action à caractère global. Face aux bailleurs de fonds, les ONG ont pu ainsi former un groupe appelé Groupe de Bonn, qui fut constitué en 1996. La finalité de ce groupe est d’enrichir le débat avec la commission européenne et l’ONU et, du côté afghan, d’assurer la coordination entre les talibans et l’organisation d’ACBAR (Agency Coordinating Body For Afghan Relief), un regroupement des ONG travaillant sur place.
-
Partie 4
Quant aux enjeux de la solidarité actuelle, dont il est question dans la quatrième partie, on peut lire que les activités et le fonctionnement de Madera sont étroitement liés aux conditions politico-militaires complexes et aux changements intervenus en Afghanistan au cours des années. C’est ainsi que, pendant les dernières années de la guerre soviéto-afghane, les programmes ont pu s’étendre au fur et à mesure du recul des forces gouvernementales.
L’activité de Madera a pu également être bien présente dans le domaine culturel où elle cherchait à favoriser le dialogue interculturel.
Dans cette même partie, l’auteur aborde la question du statut des femmes et du rôle important qu’elles jouaient dans le domaine de l’agriculture. En même temps, l’action de Madera envers les femmes devait être tempérée et prudente à cause de la sensibilité du sujet, et cela en raison de l’idéologie des talibans.
Commentario
L’intérêt de ce livre réside dans le fait que l’auteur explique avec de nombreux détails les enjeux du travail d’une ONG travaillant dans le domaine humanitaire. Sa structure, le personnel, les compétences de chacun. Il évoque également la délicatesse de son engagement dans un milieu compliqué où la géopolitique et les relations internationales peuvent entraver tous les efforts.
Si d’une part l’auteur semble reprocher à la communauté internationale son désistement et son indifférence à l’égard de la situation tragique de l’Afghanistan, d’autre part il montre comment les ONG présentes quotidiennement sur le terrain ont pu fournir un travail non négligeable pour la population.
Ce livre nous montre comment les différents enjeux et les événements peuvent se mêler ensemble jusqu’à attirer l’attention du monde entier sur un pays et une réalité demeurés malheureusement inconnus pendant des décennies.