Paris, juin 2003
Une première réunion d’artisans de paix en 2002 : diversité et convergence d’approches pour définir les entrées du futur site < irenees.net>
Séminaire de réflexion sur la construction d’un art de la paix, Paris, avril 2002.
Mots clefs : Idées et valeurs | Connaissances, sciences, méthodes et techniques | Culture de paix | Education à la paix | Institutions d'enseignement, Centres de recherche, Scientifiques | Citoyens pour la paix | Institut Catholique de Paris | Centre de Recherche | Sauver la paix. Eviter la guerre, gérer les conflits. | Rechercher la paix. Agir pour la paix dans une situation de guerre. | Reconstruire la paix. Après la guerre, le défi de la paix.
Les participants
Le 04 avril 2002 a eu lieu à la FPH un séminaire de réflexion sur l’élaboration d’<irenees.net> réunissant différents artisans de paix, sous la coordination de M. Henri Bauer. L’objectif était d’amorcer un dialogue portant sur les possibles approches qui constitueraient < irenees.net>. Les personnes suivantes y ont participé :
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BLIN Arnaud, centre de recherche Beaumarchais. Directeur, Paix et Démocratie ;
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CALAME Pierre, FPH, directeur ;
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CALAME Vincent, EXEMOLE, informaticien du site irenees.net ;
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COT Jean, général. Armée française, Le rôle des militaires dans la construction de la paix ;
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HESSEL Stéphane, ex-ambassadeur de France, Les relations internationales et la construction de la paix ;
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FREYSS Jean, Professeur. Paris I Sorbonne, Paix en Afghanistan. Paix, ONG et politique ;
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HOUDMON Florent, institut PANOS, Internet et Paix en Afrique ;
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RAMACKERS Marie-Line, CCFD, responsable du programme Paix ;
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LAFRANCE Pierre, ex-ambassadeur de France, Afghanistan. Retour à la Paix, le rôle de l’ONU ;
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LAUNAY Claire, FPH, coordination dossier religions et paix, La Haye, 1999 ;
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MABILLE François, CRP. Directeur adjoint, Le rôle des ONG dans la construction de la Paix ;
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MAILA Joseph, CRP directeur, politologue ;
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MARICHEZ Jean, Centre d’analyse stratégique, Résistance civile non-violente ;
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MAROLLEAU Élise, coordination de la Décennie pour la non-violence, appui à des actions de paix en France ;
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MERINO Ignacio, prêtre colombien, Le rôle social de l’Église catholique en Colombie ;
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CHIROUZE Gloria, ex-ambassadeur du Guatemala, Processus de pacification du Guatemala, 1996 ;
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MUSILA Cyril, CRP, chercheur, Conflits en Afrique, région des grands lacs ;
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NEGEDE Gobezie, Éthiopie, Culture de paix et démocratisation, Corne de l’Afrique ;
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OTT Hervé, militant ONG, Actions pour la paix par la non-violence ;
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PÉTRIS Richard, École de la Paix de Grenoble, Culture de paix ;
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SSESEO Florence, CRP. Chercheur, Conflits en Afrique, région des grands lacs ;
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SZATAN Mireille, association Enfants du Monde, Les enfants et la paix dans des situations de conflit ;
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TARPINIAN Armen, psychothérapeute ;
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TUININGA Marlène, journaliste, promotion des droits humains, Femmes et Paix ;
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UGARTE Vladimir, DPH, anthropologue. Le rôle du partage international d’expériences de paix ;
Le déroulement des dialogues
La première constatation a été l’extrême diversité des participants : diversité d’expériences, d’approches, de principes…
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En début de matinée, grâce à l’animation de Richard Pétris, directeur de l’École de la Paix de Grenoble, France, les participants ont partagé leurs différentes expériences pour la paix en plusieurs endroits de la planète. Quelques exemples :
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M. Gobezie Negede, d’Éthiopie, a évoqué de la nécessité de vaincre le scepticisme d’une société dominée par la culture de la violence. Pour construire la paix, disait-il, il faut que les gens croient à la possibilité de vivre en paix.
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Mme Gloria de Chirouze, ex-ambassadeur du Guatemala, soulignait le fait que la construction de la paix est un travail à long terme. La paix ne s’improvise pas, nous disait-elle, la paix ne concerne pas uniquement l’absence de guerre, elle touche toutes les composantes de la société ainsi que de la personne.
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M. Jean Freyss, universitaire français travaillant sur la paix en Afghanistan, nous parlait de l’extrême difficulté de la société afghane à conduire pacifiquement la mutation vers la modernité, dans un contexte géopolitique extrêmement complexe.
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M. Vladimir Ugarte, anthropologue chilien responsable des « Dialogues pour le Progrès des Hommes » (DPH), nous expliquait qu’en Colombie la construction de la paix exige qu’un projet de société soit partagé. Pas de paix sans projet collectif. C’est lorsque les personnes se projettent ensemble dans le futur, qu’elles envisagent leur avenir et qu’elles se donnent un sens, qu’elles ont le plus de chances d’établir entre elles des relations pacifiques.
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De nombreuses expériences ont été partagées sur la Palestine, le Mexique, le Kosovo, la Nouvelle Calédonie, le Chili, le Rwanda, la France, etc.
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Après avoir abordé la construction de la paix en termes géographiques, en fin de matinée les participants ont parlé de différentes thématiques. Quelques exemples :
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Mme Marie-Line Ramackers, responsable du département « Paix » du Comité catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), évoquait la nécessité de soutenir la société civile dans ses projets de paix. L’action humanitaire, disait-elle, est aussi un moyen de construire la paix.
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M. Arnaud Blin, directeur du centre de recherche Beaumarchais, à Washington, nous parlait des relations entre démocratie et paix : le régime démocratique favorise la paix à l’intérieur du pays ainsi qu’entre les autres États ayant le même régime démocratique.
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Mme Mireille Szatan, dirigeante de l’association Enfants du Monde, nous expliquait comment dans toute situation de conflit les premières victimes sont les enfants, désemparés dans la plupart des cas, voire manipulés pour la guerre.
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Mme Marlène Tuininga, journaliste indépendante, nous expliquait que le respect des droits de l’homme et de la femme constituent l’un des piliers de tout art de la paix. Il faut valoriser le travail des femmes pour la paix.
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M. Stéphane HESSEL, ancien ambassadeur de France, nous expliquait comment les ressources naturelles, nécessaires et limitées, peuvent constituer un facteur de paix ainsi qu’un facteur de guerre, notamment en ce qui concerne la distribution et l’utilisation de l’eau.
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De nombreuses expériences ont été partagées sur l’éducation, le développement, le dialogue interreligieux, la mémoire, la non-violence, etc.
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En début d’après-midi, sous l’animation de François Mabille, directeur adjoint du Centre de recherche sur la Paix de Paris, les participants ont parlé des acteurs de paix :
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M. Pierre Lafrance, ancien ambassadeur de France, nous parlait de l’importance de l’ONU et du rôle très actif et efficace que les Nations unies ont joué et peuvent toujours jouer pour construire la paix dans le monde.
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M. Jean Cot, général de l’armée française, mettait en lumière le fait que des militaires peuvent être aussi des acteurs de paix bons et efficaces.
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Lorsque la journée arrivait à son terme, après de bons dialogues et d’intéressantes discussions, deux personnes ont conclu le séminaire :
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M. Pierre Calame, directeur de la FPH, qui nous a montré toute l’importance des acteurs pour la construction de la paix. Il nous disait que les mêmes modalités de construction de la paix ne peuvent pas toujours s’appliquer partout car les situations sont différentes : si nous voulons aider les acteurs de paix il faut savoir les respecter et respecter les différentes situations dans leurs particularités et leur distinctions. C’est dans cette perspective que l’on peut s’apprendre des choses mutuellement. En effet, l’une des méthodes d’un art de la paix consiste en mettre tranquillement en commun des expériences diverses d’acteurs différents. Il s’agit d’apprendre à agir ensemble. Car la paix est, en effet, une série de pratiques d’acteurs qui, petit à petit, construisent une relation : c’est pour cette raison que la paix est un art.
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M. Joseph Maila, directeur du Centre de recherche sur la Paix de Paris, nous a ouvert quelques pistes de réflexion. Il a mis l’accent sur « le facteur temps » pour nous aider à mettre en perspective nos choix précédents. Il nous disait qu’un conflit n’est jamais le même dans le temps. Avec le temps les lieux changent, les enjeux changent, les acteurs changent. Nous pouvons, par exemple, repérer les acteurs, cependant il nous faut être très attentifs car nous ne connaissons ni l’évolution future d’un conflit ni l’avenir des positionnements des acteurs : ces derniers peuvent changer à tout moment. C’est l’une des caractéristiques des conflits dits modernes.
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En nous séparant nous disposions déjà de quelques pistes intéressantes pour continuer le travail : dès les débuts d’irenees.net le jeu de l’élaboration collective a pu prouver son efficacité.