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Modus Operandi
...Les 3 indicateurs de l’indice Passy-Dunant.
Dans le cadre de la réflexion autour de la notion de paix, on voit très rapidement se dessiner trois grands axes de recherche qui vont nous permettre de déterminer les indicateurs à retenir pour l’indice Passy-Dunant [5].
En premier lieu, il y a tout ce qui a trait à la notion de conflit ou de guerre. C’est ce que nous appellerons le concept de Paix négative. Avec ce concept de Paix négative, l’on aborde les questions de sécurité nationale. Cette sécurité nationale est le résultat de l’exercice par les États de deux fonctions régaliennes – défense et diplomatie – qui visent à assurer, de tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances, l’intégrité de son territoire, la protection de sa population et la préservation de ses intérêts nationaux contre tous types de menaces et d’agressions extérieures. Ces fonctions participent également au respect des alliances, des traités et des accords internationaux.
Le deuxième axe se concentrera sur le concept de Paix positive. La notion de sécurité publique qui est intimement liée au concept de Paix positive, traite des menaces complexes et multiples qui pèsent sur les populations, au sein même d’un État. Elle prend en compte tous les facteurs qui influent directement sur la sécurité des citoyens dans les domaines individuel, politique, économique, social, environnemental, sanitaire et alimentaire.
Le troisième axe de recherche nous orientera vers le concept de Culture de paix et en particulier vers les domaines essentiels, tels qu’ils ont été définis par la Résolution A/RES/53/243 [6] adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 6 octobre de 1999. Cette résolution, destinée à inspirer les gouvernements, les organisations internationales et la société civile, dans leurs actions pour la promotion et l’élargissement d’une culture de paix définit cette notion comme « l’ensemble des valeurs, des attitudes, des traditions, des comportements et des modes de vie fondés sur le respect des plus grands principes moraux et encouragés par un environnement national et international favorisant la paix ».
Le rapport annuel produit par le Projet pour le Millénaire [7] dresse un état du futur du monde au travers de l’étude des 15 défis mondiaux qui fournissent la trame d’évaluation des perspectives mondiales et locales pour l’humanité toute entière. Parmi ces défis figure celui de « la Paix et des conflits ». Pour répondre à la question de savoir « comment le partage des valeurs et les nouvelles stratégies de sécurité peuvent contribuer à la réduction du nombre de conflits ethniques, à la diminution des actions terroristes et à la limitation de l’usage des armes de destruction massive ? », les experts et prospectivistes des 35 pays participant au Projet pour le Millénaire ont dressé la liste des indicateurs [8] qui, selon eux, sont le mieux à même d’apporter une réponse à la question posée.
Cette liste d’indicateurs est précieuse pour notre travail. Bien qu’elle ne concerne qu’un seul type de conflits – les conflits ethniques – un certain nombre de ces indicateurs peuvent être repris tels quels pour illustrer l’aspect Défense de la Paix négative.
Comme cette notion de Paix négative est non seulement une question de défense mais aussi de diplomatie, il semble nécessaire de déterminer un indicateur qui traduit le mieux possible le volet Diplomatie.
Au final, les indicateurs retenus pour illustrer la partie Paix négative de notre Indice Passy-Dunant sont les suivants :
Paix négative | |
Défense |
|
Diplomatie |
|
La notion de Paix positive correspond à celle qui est adoptée aujourd’hui par un nombre croissant d’organismes et d’organisations. Elle constitue une vision élargie de tout ce qui peut contribuer à la sécurité d’un individu et dépasse de loin le cadre traditionnel de la protection garantie par un Etat contre toute agression envers un individu, une communauté ou des biens. Cette nouvelle approche de cette notion englobe les domaines individuel, économique, social, environnemental, sanitaire et alimentaire.
Paix positive | |
Domaine individuel |
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Domaine économique |
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Domaine social |
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Domaine environnemental |
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Domaine sanitaire |
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Domaine alimentaire |
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La Résolution A/RES/53/243, déclaration solennelle de l’Assemblée générale des Nations Unies, passe en revue l’ensemble des valeurs, des attitudes, des traditions, des comportements et des modes de vie fondés sur le respect des plus grands principes moraux et encouragés par un environnement national et international favorisant la paix. Nous utiliserons chacune des notions développées pour déterminer les éléments qui vont nous permettre de calculer l’indicateur Culture de paix.
Culture de paix | |
Domaine Education |
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Domaine Politique |
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Domaine égalité entre les genres |
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Domaine Droits de l’homme |
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Domaine Environnemental |
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Domaine Information |
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Domaine État de droit |
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Réflexions sur les indicateurs
D’une manière générale, les indicateurs permettent la représentation concrète d’une réalité complexe. Ils répondent à trois grandes fonctions :
– Scientifique ;
– Politique ;
– Sociétale.
En agrégeant des données parfois multiples et disparates, les indicateurs quantifient l’information. Ils se doivent de posséder un certain nombre de critères de qualité, parmi lesquels :
– Pertinence politique et utilité ;
– Robustesse ;
– Fiabilité et précision (ils doivent refléter effectivement les variations de ce qu’ils sont censés synthétiser) ;
– Qualité et disponibilité des données (ils doivent être incontestables et aisément accessibles) ;
– Comparabilité (dans le temps) ;
– Lisibilité et transparence.
Les indicateurs sont des outils d’évaluation et d’aide à la décision grâce auxquels on va pouvoir mesurer toutes sortes de choses (situation, activité, ou tendance) de façon relativement objective, à un instant donné et/ou dans un espace particulier. Ils résument une information complexe et offrent la possibilité à différents acteurs (scientifiques, gestionnaires, hommes politiques et citoyens) de dialoguer entre eux. Les indicateurs, qu’ils soient qualitatifs ou quantitatifs, décrivent généralement un état ne pouvant être appréhendé directement.
Les indicateurs, ou les batteries d’indicateurs, ont une triple fonction :
– Informer ;
– Alerter ;
– Faciliter le pilotage et l’action.
Les indicateurs informent.
S’ils permettent l’information des responsables, les indicateurs doivent également, surtout en démocratie, être utilisés pour informer le citoyen et, plus globalement l’opinion publique. Il convient cependant de noter que cette demande d’information par le biais de systèmes d’indicateurs s’accompagne, assez paradoxalement, d’une certaine réserve, voire d’un scepticisme avéré, qui renforcent l’impérieuse nécessité d’une démarche rigoureuse, tant au niveau de l’élaboration qu’au niveau de l’utilisation des indicateurs.
Les indicateurs alertent.
Tout système d’indicateurs doit être considéré, au-delà de l’information qu’il fournit explicitement, comme un instrument qui a pour fonction d’alerter. Il donne des indications à partir desquelles les responsables concernés, les scientifiques ou les citoyens pourront efficacement approfondir les observations en tentant de répondre aux questions qui en découlent.
Les indicateurs permettent l’action et le pilotage.
L’exigence de qualité qui préside à l’élaboration d’un système d’indicateurs ne doit pas faire oublier que celui-ci est prioritairement conçu pour permettre l’action. C’est là que réside sa dimension politique. Toute société démocratique moderne exige deux grandes fonctions : l’évaluation, qu’une bonne batterie d’indicateurs permet de conduire, et le débat public sur les résultats obtenus. Le regard que les différents acteurs portent sur la paix dans le monde, qu’ils soient diplomates, économistes, politiciens ou représentants de la société civile, traduit bien une grande exigence vis-à-vis de cette paix.
Au-delà de l’alimentation du débat public, les systèmes d’indicateurs ont pour fonction plus fondamentale encore de permettre le pilotage. La paix dans le monde ne se décrète pas à coup de circulaires ou de directives venues d’en haut. Son établissement dépend de l’initiative de responsables. Avoir des responsabilités, à quelque niveau que ce soit, en matière de paix, c’est à la fois initier et favoriser cette paix, encadrer les mesures prises et en évaluer les résultats. Il convient donc que les acteurs de cette paix aient à leur disposition les outils qui leur permettront d’agir.
[1] L’origine du nom de baptême de cet indice, tient dans le fait qu’en lui donnant les noms de Frédéric Passy et d’Henri Dunant, nous avons tenu à rendre hommage aux deux co-récipiendaires du premier prix Nobel de la Paix, en 1901.
En décidant de partager ce prix entre Frédéric Passy, un pacifiste traditionnel et le représentant le plus connu du mouvement pour la paix à l’époque – il avait fondé à Paris en 1867 la première Ligue internationale de la Paix –, et Henri Dunant, l’humaniste inventeur de la Croix-Rouge et membre, avec Frédéric Passy, de l’Alliance pour l’ordre et la civilisation, le Comité Nobel anticipait déjà l’évolution que la notion de paix allait connaître au cours des dernières décennies.
Cette évolution, que la réflexion autour des notions de paix négative et de paix positive a mise en évidence, était en germe dans les dernières volontés d’Alfred Nobel. Il souhaitait, en effet, voir attribuer ce prix, non seulement, à celui qui a œuvré « pour la suppression ou la diminution des armées ainsi que pour la formation et la diffusion de congrès de la paix », mais également à celui qui a agi « pour la fraternité des peuples ».
[3] Dans le cadre des Objectifs du Millénaire, l’Université des Nations Unies, l’Institut Smithsonian, le Futures Group International et le Conseil américain pour l’Université des Nations Unies ont lancé, en 1996, le « Projet pour le Millénaire ». Parmi les travaux entrepris, un rapport, « l’État du futur », est rendu public tous les ans.
[5] L’origine du nom de baptême de cet indice, tient dans le fait qu’en lui donnant les noms de Frédéric Passy et d’Henri Dunant, nous avons tenu à rendre hommage aux deux co-récipiendaires du premier prix Nobel de la Paix, en 1901.
En décidant de partager ce prix entre Frédéric Passy, un pacifiste traditionnel et le représentant le plus connu du mouvement pour la paix à l’époque – il avait fondé à Paris en 1867 la première Ligue internationale de la Paix –, et Henri Dunant, l’humaniste inventeur de la Croix-Rouge et membre, avec Frédéric Passy, de l’Alliance pour l’ordre et la civilisation, le Comité Nobel anticipait déjà l’évolution que la notion de paix allait connaître au cours des dernières décennies.
Cette évolution, que la réflexion autour des notions de paix négative et de paix positive a mise en évidence, était en germe dans les dernières volontés d’Alfred Nobel. Il souhaitait, en effet, voir attribuer ce prix, non seulement, à celui qui a œuvré « pour la suppression ou la diminution des armées ainsi que pour la formation et la diffusion de congrès de la paix », mais également à celui qui a agi « pour la fraternité des peuples ».
[7] Dans le cadre des Objectifs du Millénaire, l’Université des Nations Unies, l’Institut Smithsonian, le Futures Group International et le Conseil américain pour l’Université des Nations Unies ont lancé, en 1996, le « Projet pour le Millénaire ». Parmi les travaux entrepris, un rapport, « l’État du futur », est rendu public tous les ans.