Jean-Marie COLLIN, Michel DRAIN, Bernard NORLAIN, Paul QUILES, Paris, mars 2014
Essais nucléaires et programmes de simulation nucléaire
Les États-Unis (1945), l’URSS (1949) puis la Russie, le Royaume-Uni (1953), la France (1960), la Chine (1964), l’Inde (1974), le Pakistan (1998), la Corée du Nord (2006) et très certainement Israël en coopération avec l’Afrique du Sud ont réalisé des essais nucléaires atmosphériques et souterrains sur la période 1945 -2013. Soit un total de 2050 essais nucléaires polluant des régions entières.
L’élaboration d’une arme nucléaire nécessite l’application de connaissances scientifiques et techniques complexes. Cette arme est, contrairement à certaines idées reçues, bien plus complexe qu’une simple association de matières fissiles (uranium 235 et plutonium 239) et de matières explosives conventionnelles. De plus le réglage de la puissance de la bombe s’avère lui aussi très délicat. Une fois la bombe développée par application de modèles théoriques, il est nécessaire de valider sa conception par des tests. Un seul tir ne suffit pas pour garantir le bon fonctionnement de l’arme. De multiples essais sont nécessaires pour valider des séries de calculs, s’assurer de la sécurité́ de la bombe (essais de sécurité́), perfectionner les modèles scientifiques et poursuivre la recherche jusqu’à l’ultime essai, celui de la qualification. Enfin, les essais nucléaires sont une forme de communication adressée aux adversaires potentiels, car la réalisation d’une série de tirs est aussi une démonstration de capacité militaire.
Les essais nucléaires ont fait l’objet de régimes d’interdiction de plus en plus contraignants, essentiellement établis par deux traités :
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le Traité dit de Moscou (5 août 1963) sur les essais atmosphériques
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puis le Traité d’interdiction complète des essais ou TICE (24 septembre 1996).
La France, le Royaume-Uni et la Russie ont souscrit au TICE mais les États-Unis et la Chine ne l’ont pas ratifié, de même que d’autres pays nucléaires (Israël) ou disposant d’une infrastructure nucléaire significative (Iran, Égypte). Ce traité n’est donc pas encore entré juridiquement en vigueur mais, dans les faits, seule la Corée du Nord a, dans la période récente, procédé à des essais nucléaires.
L’arrêt de fait des essais a conduit les puissances nucléaires à se lancer dans la mise en place de programmes de simulation des explosions nucléaires. Ces programmes ont pour objectif de permettre aux puissances nucléaires de conserver la capacité technique de produire des armes nucléaires et de s’assurer de leur sécurité et de leur bon fonctionnement.
Le traité franco-britannique (Lancaster House)
Le 2 novembre 2010, le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre David Cameron signent les Traités de Londres ou Accords de Lancaster House. L’objectif général est de renforcer la coopération militaire entre les deux pays, autant sur le plan industriel, technique que lors d’opérations militaires.
Ces accords comportent deux traités :
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Un traité de « coopération en matière de défense et de sécurité », qui concerne directement les transferts de technologies et la coopération militaire industrielle.
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Un traité « relatif à des installations radiographiques et hydrodynamiques communes », que l’on nomme le programme de coopération Teutatès-Epure.
C’est la première fois que la France signe un traité avec un pays allié qui concerne directement sa force de dissuasion nucléaire. L’ambition est d’installer sur le territoire français, à Valduc (Côte d’Or), une installation commune où sera « modélisée la performance des têtes nucléaires et des équipements associés, afin d’en assurer la viabilité, la sécurité et la sûreté à long terme ». Cette installation porte le nom d’EPURE et vient remplacer l’installation AIRIX, du programme de Simulation des essais nucléaires français. Son coût serait situé entre 500 et 700 millions d’euros et pris en charge par moitié par la France et le Royaume-Uni. L’installation doit entrer en service vers 2015.
Il existe donc désormais un lien scientifique, militaire et politique fort entre ces deux pays dans le cadre de leur force de dissuasion nucléaire. Par ailleurs, sur le territoire britannique, un centre de développement technologique commun a été mis en place sur le site de l’Atomic Weapons Establishment, à Aldermaston, pour compléter les recherches.
Le 3e Sommet Franco-Britannique depuis le traité de Lancaster House de 2010 s’est tenu le 31 janvier 2014. La coopération nucléaire entre les deux pays se renforce, puisque le Laser mégajoule va être ouvert aux scientifiques britanniques, dans le but de poursuivre de nouvelles recherches conjointes sur les armes nucléaires.
Notes
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Image publiée sur le blog Alternatives Economique de Jean-Marie Collin pour illustrer son article « Programmes EPR et Simulations nucléaires » alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2012/12/10/programmes-epr-et-simulation-nucleaires%E2%80%A6/
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