Alia Al Jiboury, Paris, noviembre 2006
Guerre Préventive /Guerre préemptive
Le 1er Juin 2002, le président américain G.W Bush a prononcé un discours devant l’école militaire de West Point. A cette occasion, il a annoncé la mise en application d’une nouvelle stratégie américaine de sécurité. C’est la fin de la politique de la Guerre Froide qui consistait à endiguer et dissuader les ennemis des Etats-Unis ; Washington décide que les attaques terroristes du 11 Septembre 2001 ont définitivement fait tourner la page. Une nouvelle menace d’une nature différente est apparue et il faut donc selon le gouvernement américain opter pour une réponse appropriée. La guerre contre le terrorisme est déclarée et pour arriver à ses fins, G.W Bush introduit le concept de guerre préemptive.
« La notion de préemption est classiquement distinguée de celle de guerre préventive, par l’imminence et la certitude de l’attaque adverse. L’administration Bush l’utilise de manière beaucoup plus générale pour des menaces indirectes ou ambiguës qui relèveraient normalement de la guerre préventive ». (1)
Il faut savoir que la langue anglaise est plus précise sur ce point que la langue française, mais que les termes de « préventif » et « préemptif » sont importants à différencier. En anglais le terme « preempt » signifie « devancer » tandis que le terme « prevent » signifie « prévenir ».
Le terme de « guerre préemptive » implique, de la part d’un adversaire, une menace réelle et pouvant être constatée, elle est reconnue par le droit international comme un recours légal de « légitime défense selon certaines conditions ». En effet, la Charte des Nations unies stipule dans l’article 51 : « Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations unies est l’objet d’une agression armée jusqu’à ce que le Conseil de Sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la Paix et la Sécurité Internationale. ». C’est donc uniquement dans le cas d’une agression armée qu’une guerre préemptive est légale et cela ne légitime pas pour le droit international le recours à la force en cas de menace contre les intérêts.
Cependant malgré cette restriction, certains néo-conservateurs ont poussé cette définition or des cadres initiaux. Sous couvert de la défense de la « souveraineté nationale », une guerre préemptive serait légale dans un nouveau contexte où les ennemis sont d’un type trans-national. La « guerre préemptive » servirait à répondre à l’équation : réseaux terroriste-Etats Voyous - armes de destruction massive. Dans ce type de Guerre, celui qui frappe le premier sait de manière sûre qu’il va être agressé, donc il cherche à prendre l’avantage stratégique, il détermine seulement quel camp sera le premier à recevoir une frappe. Cette stratégie n’est pas nouvelle et avait été déjà utilisée durant la guerre de 1967 déclenchée par Israël en préemption.
A l’inverse la guerre préventive peut être lancée sans preuve d’une quelconque attaque à venir seulement dans le but de maintenir un adversaire, qui aurait l’intention à un moment donné de nuire aux intérêts de l’Etat attaquant. C’est donc évidemment une guerre illégale pour le droit international. De manière concrète la guerre d’Irak en 2003, a été une guerre préventive car elle a été menée dans le but de provoquer un effet de domino conformément au projet américain du Grand Moyen-Orient.
Note :
(1) Vaïsse, Hassner, Washington et le monde : dilemmes d’une superpuissance, Editions Autrement, Paris, 2003, p. 112.