Florence Croidieu, Paris, 2002
La Banque mondiale au Timor oriental (2000-2003): soutien à un projet de réhabilitation du secteur médical.
Le but de ce projet est de répondre aux besoins immédiats de la population du Timor oriental en matière de santé, et de développer des politiques de santé et un système médical approprié au pays.
Mots clefs : L'infrastructure au service de la paix | Promotion de la santé | Aide financière internationale pour la paix | Gouvernement provisoire du Timor oriental | Banque Mondiale | Communauté Internationale | Reconstruire une société | Reconstruire la paix par le développement | Timor Oriental
Au Timor oriental, le secteur de la santé a beaucoup souffert de la guerre. Une étude menée en janvier 2000 montre qu’à la fin du conflit, seuls 23 % des équipements médicaux n’avaient pas été endommagés et 20 à 30 médecins, seulement, sur les 160 travaillant dans le pays avant les hostilités, étaient toujours au Timor. En mars 2000, la Banque mondiale a décidé de mettre en œuvre le projet P070294 de développement et réhabilitation du secteur santé.
I. Description de projet
Le but général de ce projet est de répondre aux besoins immédiats de la population du Timor oriental en matière de santé, et de développer des politiques de santé et un système médical approprié au pays. Deux objectifs doivent permettre d’atteindre ce but :
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Restaurer l’accès aux services de santé de bases. Cela implique de mettre en place une stratégie de transition destinée à répondre rapidement aux besoins les plus urgents et de soutenir une entente entre les autorités en charge de la santé et les fournisseurs de services au niveau local afin de fournir un ensemble de services au plus grand nombre de personnes. Ce plan de transition est aussi en charge des réparations temporaires, de nouvelles infrastructures et du rééquipement. Il doit rétablir une infrastructure administrative aux niveaux national et local et assurer des formations techniques. Bien plus, ce plan est chargé de répondre aux besoins des hôpitaux, en partie grâce à l’établissement d’un système pharmaceutique.
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Poser les fondations pour le développement de politiques de santé et d’un système médical. Cette composante du projet vise plus le moyen ou long terme. Grâce à la construction de capacités et à l’organisation d’études et de consultations, elle permet de définir et d’établir des politiques de santé adaptées au pays.
Ce projet a été programmé sur une période de trois ans. Il bénéficie d’un financement de 12,7 millions de US dollars, pris en charge en totalité par la Banque mondiale (IAD et BIRD). Sa mise en place est organisée en phases afin d’évaluer la bonne réalisation des activités et leur concordance avec les objectifs initiaux.
II. Leçons
La Banque mondiale a tiré de ses interventions dans d’autres situations post-conflit - en particulier au Cambodge, Mozambique, en Bosnie, Cisjordanie, Centre Afrique et dans les territoires palestiniens - un certain nombre de leçons concernant l’intervention dans le secteur de la santé. Il faut:
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Maximiser la participation de la communauté internationale dans la formulation et le développement d’une politique de santé.
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Développer un cadre conceptuel clair pour guider le développement du système de santé pendant la période de transition.
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Etablir des mécanismes destinés à impliquer un large nombre de dépositaires dans une démarche participative et transparente d’identification des besoins et priorités.
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Faire une évaluation minutieuse des capacités des acteurs (gouvernement, agences de l’ONU, ONG, secteur privé…).
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S’assurer que les interventions réalisées ont des résultats positifs et que les ressources sont utilisées de façon équitable et utile.
Malgré le besoin urgent d’un système de santé adéquate au Timor oriental, la restructuration doit être calibrée en fonction des capacités du pays à cette période. D’autre part, les autorités intérimaires en charge de la santé et le Gouvernement provisoire du Timor oriental doivent se mettre d’accord sur un certain nombre d’indicateurs qui puissent guider l’orientation des programmes et la mise en œuvre du projet. Enfin, les propositions de développement d’un système de santé doivent prendre en compte le cadre gouvernemental d’action à long terme, afin que le système soit viable au-delà de la période de transition.
Commentaire
Ce projet étant en cours de mise en œuvre, cette fiche n’inclut pas d’évaluation, mais une description du programme financé par la Banque mondiale et un ensemble de leçons tirées par cette dernière de ses différentes interventions dans le secteur santé d’autres pays sortant d’un conflit. Il n’est pas possible d’évaluer aujourd’hui la réussite du projet, mais le Timor oriental fait partie des pays en crise où les interventions de la Banque ont été, jusqu’à présent, réussies.
Cette fiche est un exemple destiné à montrer que la Banque mondiale ne finance pas que des projets de reconstruction des infrastructures dans les situations post-conflit.En effet, un certain nombre de ses projets menés dans des pays sortant d’un conflit ont pour objectif une réhabilitation sectorielle. Au Timor, en particulier, la Banque a débuté, quelques mois après ce projet de réhabilitation du secteur médical, un projet de réhabilitation du secteur agricole (voir fiche). Ainsi, en travaillant en collaboration avec la société civile et les pouvoirs locaux, la Banque mondiale réussie à évaluer et répondre aux besoins les plus urgents des sociétés marquées par un conflit et participe ainsi à la construction de la paix.
Notes
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East Timor health sector rehabilitation and development project, Public Information Document 8817. Un rapport détaillé concernant ce projet est disponible sur Internet:www-wds.worldbank.org