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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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avril 2007

L’implantation d’un centre d’aide juridique au sein d’un quartier défavorisé

L’un des axes d’intervention principaux de l’association Femmes Chrétiennes pour le Développement et la Démocratie (FCDD) concerne l’accès à la justice et au droit pour tous.

Mots clefs : Initiatives pour le respect des personnes et contre les discriminations raciales | Respect des droits des femmes | Respect des droits humains | Résolution non violente des conflits | Association locale de femmes | Instance locale de médiation | Parajuristes | Apprendre une culture de paix | Eduquer à la prévention des conflits | Pratiquer le dialogue social pour maintenir la paix | République Démocratique du Congo | Afrique Centrale | Kinshasa

Face à l’augmentation des cas de violations des droits de l’Homme, commises alors en toute impunité dans les quartiers populaires de Kinshasa, l’association décide en 2003 d’installer un « centre d’aide juridique » au cœur d’un quartier particulièrement touché par ces violations, la commune de Ngaba. Une initiative qui permet souvent d’apaiser les conflits existants dans le quartier en proposant des services de conseil juridique et de médiation.

L’acceptation par les populations, préalable indispensable à la neutralisation des tensions qu’un tel projet pourrait faire naître

Dans le quartier populaire de Ngaba, situé à la périphérie de la ville de Kinshasa, le Centre d’Aide Juridique (CAJ), également appelé « clinique juridique », fait désormais partie des lieux-ressources connus et fréquentés par les habitants confrontés à des problèmes liés à la justice et au respect de leurs droits. Partageant leurs activités entre sensibilisation des plus démunis sur leurs droits et conseils juridiques fournis aux victimes de violations en tous genres, les animateurs bénévoles du CAJ sont des figures du quartier que tout le monde salue à leur passage. Les salutations sont en général suivies d’un petit point d’information qui leur permet de tenir les habitants au courant, de façon informelle, de la tenue de telle ou telle activité au CAJ dans les prochains jours.

Si la clinique juridique et son personnel sont aussi bien perçus par la population, c’est notamment en raison de l’important travail de sensibilisation qui a été réalisé en amont. Avant de s’installer à Ngaba, le FCDD a en effet organisé une série de rencontres, destinées à impliquer activement la population dans la mise en œuvre du projet et à garantir la bonne réception de ce dernier par l’ensemble des acteurs sociaux du quartier. Un travail d’évaluation participative des problèmes récurrents rencontrés par la population en matière de justice et de droits humains a ainsi été mené, par le biais de séminaires-ateliers réunissant les différentes communautés concernées.

S’il vise en premier lieu à garantir la qualité et la pertinence des interventions du FCDD au regard des besoins de la population, ce travail préparatoire est également destiné à favoriser l’appropriation par les bénéficiaires du projet d’installation de la clinique juridique, et, conséquemment, à bénéficier de leur concours lors de ses différentes étapes d’exécution. En choisissant également de convier les autorités locales à ces ateliers d’évaluation, le FCDD manifeste son souhait d’établir un dialogue permanent pour un partenariat responsable entre ces dernières et les habitants. La confiance est ainsi favorisée, facilitant la détermination des problèmes rencontrés de manière récurrente et donc des domaines juridiques sur lesquels il apparaît nécessaire de se concentrer ainsi que la connaissance des usages et des coutumes de la population. C’est en ce sens que la qualité des premières prises de contact est primordiale.

Choisir un lieu stratégique pour implanter le centre d’aide juridique

Le lieu pour d’implantation de la clinique juridique n’a pas été choisi au hasard. Le Centre d’Aide Juridique bénéficie de la bienveillance de la Commission Justice et Paix de la paroisse la plus proche, qui met à la disposition du FCDD le local qui abrite ses activités. Le partage des lieux avec une ONG caritative et une Église permet de protéger les victimes de représailles éventuelles. En effet, personne ne peut savoir, lorsqu’elles se rendent à la clinique juridique, si elles viennent recevoir des soins médicaux, un service caritatif ou une assistance juridique. L’emplacement est donc particulièrement pertinent, dans une communauté où les victimes de violences ont peur des représailles si elles signalent une violation de droits.

Des services juridiques gérés par les habitants du quartier

Les intervenants des Centres d’Aide Juridique sont des habitants du quartier. Ils connaissent ainsi parfaitement les réalités vécues par les victimes et peuvent plus facilement faire le lien entre les problèmes vécus et le droit. En outre, ces intervenants ont reçu une formation qui les a dotés d’un certain nombre de connaissances et de savoir-faire indispensables en matière d’action juridique et/ou judiciaire. Proches des habitants du quartiers qui viennent solliciter leur aide, la relation de proximité et de confiance qui s’établit entre les victimes et les animateurs des cliniques juridiques constitue un vecteur majeur d’appropriation des outils de l’action juridique et judiciaire par les victimes. En écoutant parler le personnel du CAJ des différentes affaires qu’il a eu à traiter, on ne peut manquer de remarquer sa bienveillance et sa compassion à l’égard des victimes. Le fait que ces personnes ne reçoivent pas de rémunération pour le travail qu’elles réalisent au sein du Centre d’Aide Juridique démontre également leur engagement aux côtés des populations bénéficiaires.

Obéissant au même objectif d’autonomisation progressive des personnes face à la résolution de leurs problèmes, les animateurs cherchent en permanence à éviter que les personnes qui viennent les voir ne deviennent trop dépendantes des services proposés. Il s’agit donc de leur expliquer les procédures à venir et les moyens à leur disposition pour qu’elles puissent faire les choix qui s’imposent. Cela conduit parfois le personnel de la clinique à limiter son rôle à de la médiation, en orientant les personnes à la recherche d’une assistance vers des structures adaptées, qu’il s’agisse d’hôpitaux ou de centres de soin comme des structures classiques du pouvoir judiciaire.

Femmes Chrétiennes pour la Démocratie et le Développement

  • CCIC, Kinshasa-Gombe, BP 20644, Kin XV (RDC)

  • Tél : +243 (0) 81 00 56 772

  • Courriel : fcddrdc@hotmail.com

  • Contact : Mme Anne-Marie Mukwayanzo Mpundu

Commentaire

Les Centre d’Aide Juridique sont des lieux essentiels de régulation des conflits dans les quartiers. A travers les actions d’information au droit, les consultations légales et les services de médiation, ils permettent aux habitants de participer à la résolution de leurs problèmes pour trouver la solution qui leur convient le mieux.

Le Centre d’Aide Juridique de Ngabaa reçu, lors de ses premières années d’activités, le soutien actif du Centre d’Information et de Solidarité avec l’Afrique (COSI), une ONG française spécialisée sur la RDC, avant de bénéficier d’un appui institutionnel de la part du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP-Kinshasa).

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    L’idée de créer le Comité d’Action pour le Développement Intégral (CADI) est née en 1978 du constat que les populations étaient régulièrement victimes de violations de leurs droits : arrestations arbitraires, amendes illégales, rançonnements, etc. À grande échelle, ce que les Congolais ont pour habitude de désigner par le terme « tracasseries » constitue un important facteur de blocage dans le chemin vers le développement auquel aspirent les populations du Sud-Kivu.

    Paris, avril 2007