Delphine Leroux-Astier, Richard Pétris, Grenoble, France, febrero 2006
La Convergence pour une éducation au service d’une culture de paix en Colombie
Un forum permanent pour faire de l’éducation un instrument du changement de la société colombienne et une contibution au processus de paix
La Colombie est marquée par la violence, causée par une guerre qui mine la société depuis plus de cinquante ans. Mais ce pays, en dépit de cette violence - ou à cause d’elle ? - , est aussi le lieu de multiples expériences de construction de la paix et d’éducation à la paix. Les expériences nombreuses et innovantes, dans le cadre de l’éducation formelle comme de l’éducation non formelle, ont beaucoup à nous apporter.
L’Ecole de la paix a voulu attirer l’attention sur ces expériences et sur la nécessité d’œuvrer au niveau de l’éducation pour construire l’avenir, notamment en faisant figurer l’éducation dans l’agenda de la coopération internationale, aux côtés de la défense des droits de l’Homme et de l’attention aux populations déplacées.
Cette action de l’Ecole de la paix en faveur d’un programme national d’éducation à la paix en Colombie est le résultat logique d’un engagement de plus de dix ans aux côtés du CINEP et pour contribuer à la construction de la paix en Colombie.
La connaissance de la situation colombienne ainsi que les nombreuses relations nouées au fil des années ont conduit l’association à vouloir saisir l’opportunité d’un appel à projet de l’Union Européenne, en 2002, pour aider les Colombiens à concevoir une action d’ampleur nationale en matière d’éducation, et d’éducation à la paix en particulier. Sous l’intitulé « L’Education peut-elle changer la société colombienne ? » un forum permanent a été mis en place, qui réunit tous les acteurs concernés par ce défi de l’éducation et réussit, par exemple, à faire dialoguer une représentante de l’Education nationale colombienne avec un des responsables de la fédération des enseignants de Colombie (FECODE), puissante organisation syndicale farouchement opposée à toute « compromission » avec le pouvoir considéré comme le suppôt de la Banque Mondiale et du néo-libéralisme. L’objectif de cette Convergence doit être de définir une stratégie globale dans le domaine de l’éducation et d’y parvenir notamment au moyen de projets concrets, par exemple : le programme de « compétences citoyennes » du ministère colombien de l’éducation. Ce programme résulte d’une réflexion autour de la notion de citoyenneté et de la reconnaissance de l’autre pour la mise en pratique de la citoyenneté. Le Ministère a travaillé à l’identification d’expériences réussies puis a élaboré des standards depuis la primaire jusqu’à la terminale pour évaluer ces compétences. Trois éléments importants sont évalués :
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Vie commune et paix, éducation sur la citoyenneté : connaissance de l’histoire nationale et des structures de la vie politique
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Participation et responsabilité démocratique, exercice de la citoyenneté : participation dans des expériences démocratiques, capacité à se mettre à la place de l’autre, compétences émotionnelles
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Pluralité, identité et valorisation des différences, éducation pour la citoyenneté : capacité à écouter un point de vue différent du sien
C’est dans le cadre de ce programme qu’a été adaptée la malle pédagogique créée par l’Ecole de la paix, « J’y vais j’y vais pas » intitulée en Colombie « Me le mido o no me le mido » .
L’Ecole de la paix met également l’accent sur la co-responsabilité internationale qui est le complément logique et pertinent dans le contexte actuel de mondialisation qui n’ira qu’en se renforçant. Les défis auxquels doit faire face la Colombie pour dépasser sa violence ne peuvent être relevés par elle seule et nos intérêts sont liés. En matière d’éducation, les progrès d’une éducation au développement durable et à la solidarité internationale dans notre pays peuvent contribuer à faire connaître la Colombie autrement et à nouer des échanges.
Aujourd’hui, la « Convergence pour une éducation au service d’une culture de paix » est animée par le CINEP et regroupe, aux côtés de l’Ecole de la paix et de la Fondation Charles-Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme, différents acteurs :
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Le Ministère de l’Education Nationale, en particulier à travers son programme « Competencias ciudadanas »
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La Secretaria de Educacion del Valle del Cauca, pour conduire des expériences dans son département,
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La Universidad Externado de Colombia, avec son expertise méthodologique,
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El Instituto Caldense para el Liderazgo, avec son programme de formation et d’appui des enseignants en tant qu’agents du développement social, dans le département de Caldas,
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La Fundacion Luker, qui encourage le soutien donné par le milieu des entreprises à des projets d’éducation contribuant à la paix dans le pays,
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La Corporacion Colombia Digital, avec son expérience d’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour promouvoir des valeurs sociales et le développement de la citoyenneté et de la démocratie
Les activités s’ordonnent selon trois axes :
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le repérage des expériences d’éducation à la paix réussies et leur valorisation/multiplication, notamment dans différentes régions du pays (Bogota, Valle, Caldas, Magdalena Medio, Uraba) ,
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l’innovation et la co-création de nouveaux outils et méthodes, en misant sur l’échange d’expériences, notamment avec des initiatives extérieures à la Colombie
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la sensibilisation et la mobilisation de la communauté internationale pour appuyer ces efforts (dans un premier temps : échanges avec l’Europe, participation au Congrès de l’Association internationale des villes éducatrices à Lyon en septembre 2006)