Paris, janvier 2005
Les religions dans la construction de la paix. Dossier coordonné par Claire Launay, Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme.
Consacré à la responsabilité des religions à l’égard de la construction de paix, ce dossier est le fruit d’un séminaire international réunissant en 1999 une trentaine de personnes engagées, en lien avec leur religion, dans la construction de la paix. Il dégage des intuitions étonnantes sur les utilisations possibles de la religion pour la paix et pour la guerre au XXIe siècle.
Réf. : Dossier à fenêtre publié par les Editions Charles Léopold Mayer, Paris 2000.
Langues : français
Type de document :
L’une des caractéristiques de ce dossier réside dans le fait qu’il est le fruit d’une rencontre de croyants de différentes confessions venus des cinq continents et des grandes familles religieuses entre eux ainsi qu’avec un groupe de chercheurs spécialisés dans les liens entre religions et paix.
Les expériences et les approches des uns et des autres, donnant naissance à des divergences, voire à des oppositions, sont bien exprimées dans ce dossier. Il montre bien comment les religions sont facteurs de construction de sociétés et comment celles-ci sont à leur tour des constructions sociales.
La religion fonctionne comme une institution de médiation pour la paix au cœur de plusieurs conflits : dans la fin de l’apartheid en Afrique, dans les conférences nationales d’autres pays africains, dans la fin de la guerre civile en Amérique centrale… En même temps, la religion fonctionne également comme facteur de guerre dans plusieurs parties du monde : entre catholiques, orthodoxes et musulmans en Europe de l’Est et dans les Balkans, entre catholiques et protestants en Irlande, entre juifs et musulmans en Israël, entre hindouistes et musulmans en Inde et au Pakistan, entre musulmans et chrétiens…
La religion véhicule les passions les plus guerrières et les actions les plus pacificatrices.
Ce dossier, réunissant des fiches de cas et de courts textes de mise en perspective, montre bien comment chaque religion recèle un potentiel de violence et un potentiel de paix. Il montre également comment les religions sont aujourd’hui une source d’ambiguïté.
Le dossier est divisé en quatre grands ensembles, contenant chacun un contenu aussi riche qu’intéressant. Quelques exemples :
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Religions et culture :
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La guerre sainte ;
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L’islamisme algérien ;
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Spiritualité de la paix ;
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En Inde, un mouvement de masse transforme les villages par la spiritualité ;
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« Seigneur, où étais-tu pendant le génocide ? » essai d’analyse de l’usage des appartenances dans le conflit rwandais, etc.
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Religions et éducation :
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Stratégies d’éducation à la paix ;
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Stratégies de paix : l’art du compromis inter et intra-religieux ;
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Pédagogie et enseignement du dialogue inter-religieux ;
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Les religions du monde au Sommet de la Terre de 1992 ;
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La nouvelle organisation de l’Islam et la diffusion de son message sur l’Internet ;
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Cybersociologie des acteurs islamistes algériens ;
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Le prosélytisme politico-religieux sur le Web sous couvert humanitaire, etc.
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Religions et société :
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Le rôle de l’Église au Cambodge ;
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Guatemala, la croix et l’épée s’affrontent ;
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Défis et risques d’une Église médiatrice, etc.
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Religions et politique :
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L’Église au Rwanda : coupable ou témoin gênant ? ;
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La portée de la papauté au Nicaragua : de Paul VI à Jean-Paul II ;
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Les élites religieuses sur la scène politique roumaine ;
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La légitimation du sentiment nationaliste par l’Église orthodoxe serbe à travers le conflit du Kosovo, etc.
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Ce dossier rappelle pertinemment la complexité des situations dans lesquelles les acteurs religieux sont engagés, qui explique la diversité des facettes de tout acteur religieux : c’est donc par l’insertion des acteurs religieux dans leur société locale, régionale et internationale que ce dossier déchiffre le sens donné à la paix proposée, ainsi qu’à la légitimation du recours à la violence. Les religions peuvent constituer des réservoirs de sens et de symboles au sein desquelles chacun vient puiser en fonction de ses intérêts propres.
Commentaire
Trois commentaires :
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Premièrement, la construction de paix est toujours une option profonde et authentique de la part de toutes les religions. Les croyants et les responsables religieux s’engagent pour la paix. En même temps, ils condamnent clairement ceux qui se réclament d’une religion tout en faisant usage de la violence.
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Deuxièmement, malgré les revendications de toutes les grandes religions sur leur « identité fondamentalement pacifique », ce dossier montre que la religion peut servir aujourd’hui d’élément fédérateur de groupes radicaux ainsi que de facteur de mobilisation vers la guerre. Oui, la notion de « guerre sainte » peut être utilisée pour donner à l’utilisation de la violence une justification religieuse, plus encore, la violence peut être sacralisée lorsqu’elle est présentée comme venant de la volonté divine. Si c’est un fait historique, cela représente également un danger guettant le monde actuel : il existe des groupes radicaux construisant du sacré violent.
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Troisièmement, les nouvelles technologies sont sur le point de brouiller totalement les anciennes modalités de communication et d’organisation des groupes extrémistes. Ces derniers utilisent Internet et les messages électroniques, pour diffuser leur message de violence, pour mobiliser des groupes, pour recruter des adeptes ou pour organiser des actions violentes… Le tout au nom de Dieu.
Fruit d’une rencontre tenue en 1999, élaboré en 2000, ce dossier dégage des intuitions étonnantes sur les utilisations possibles de la religion pour la paix et pour la guerre au XXIe siècle.