Message au Colloque, de François LONCLE*
L’intervention civile de paix, qui a été expérimentée dans des régions aussi différentes que l’Amérique latine ou l’ex-Yougoslavie, n’est pas une utopie mais une réalité effective.
Ref.: Intervention civile de paix, actes du colloque. Assemblée Nationale, Paris, 26 et 27 octobre 2001.
Tout d’abord, je tiens à vous dire combien je regrette de ne pas être aujourd’hui parmi vous, et de ne pas pouvoir assister à cet important colloque organisé conjointement par le Comité pour l’Intervention Civile de Paix (ICP) et par l’Institut de recherche pour la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC). J’adresse d’ailleurs mes chaleureuses félicitations aux organisateurs pour avoir pris l’initiative de cette réunion soutenue en particulier par le Ministère des affaires étrangères, ce dont je me réjouis.
Le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Raymond Forni, m’a en effet demandé de conduire une mission parlementaire aux Etats-Unis, du 24 au 28 octobre, afin de manifester concrètement notre solidarité avec le peuple américain, et avoir des entretiens avec des responsables américains sur les conséquences des attentats du 11 septembre et des frappes sur l’Afghanistan. On ne s’éloigne pas du thème du colloque qui vous réunit.
Ce Colloque s’inscrit dans le cadre général de la décennie internationale que l’ONU, à la suite de l’Appel lancé par des Prix Nobel de la Paix, a décidé de consacrer à " la promotion de la culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde ». Il s’agit de favoriser l’émergence ou la consolidation de nouvelles formes de règlement des crises et des conflits. Autant dire que c’est un sujet capital dont chaque jour nous confirme l’urgence. C’est un domaine encore relativement neuf mais prometteur, dans la mesure où le recours à la force - qui peut s’avérer utile et nécessaire, voire indispensable - n’est pas systématiquement la bonne solution ou en tout cas la seule. On a constaté une dizaine d’années que le concept d’intervention avait largement évolué, notamment sous l’influence des actions entreprises par des organisations non-gouvernementales, mis aussi par des Etats, comme la France.
L’intervention s’est faite de plus en plus humanitaire. C’est ainsi qu’a pris naissance la notion d’intervention civile de paix, qui a été expérimentée dans des régions aussi différentes que l’Amérique latine ou l’ex-Yougoslavie. Ce n’est pas une utopie mais une réalité effective. Je tiens notamment à mentionner le travail remarquable réalisé par les Brigades de Paix Internationales. Permettez-moi de citer ici le nom de Cathy Bouley qui, de mai 2000 à juin 2001, a effectué une mission en Colombie auprès de deux communautés paysannes et de deux associations locales de défense des droits de la personne humaine. Mais il existe aussi d’autres associations qui œuvrent dans la même voie. L’intervention civile de paix s’est peu à peu imposée comme une alternative crédible et efficace - si ce n’est exclusive, tout au moins complémentaire - à la résolution des conflits internationaux. Elle constitue désormais une contribution à la création des conditions d’un processus de paix.
Ce colloque, qui m’apparaît comme une nécessité et une chance, dressera, au cours de ces deux journées, un bilan de la recherche française en la matière; il dessinera de nouvelles pistes et des perspectives de développement. Il s’attachera également à présenter les enjeux, les modalités, mais aussi les difficultés de l’intervention civile de paix.
Je ne doute pas que vos travaux et vos débats seront intenses et fructueux. Je souhaite qu’ils obtiennent un large retentissement, et que les conclusions auxquelles sera parvenu ce colloque alimentent les réflexions et les actions des responsables politiques.