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Matthieu Damian, Grenoble, France, 2005

Faut-il supprimer l’ONU ?

Keywords: | | | | | | | | | | | | Japan | Ex Yugoslavia | China | Libya | Zimbabwe | Russia | Germany | Great Britain | Somalia | Taiwan | France

Ref.: DELDIQUE Pierre-Edouard, "Faut-il supprimer l’ONU ? ", Hachette Littérature, Paris, 2003

Languages: French

Document type:  Book

Chapitre 1 :

Au cours de son premier chapitre, l’auteur étudie le Conseil de Sécurité. Il rappelle de façon utile que celui-ci n’admet pas de contrôle de légalité de ses actes. On appréciera ses quelques lignes sur l’utilisation du droit de veto par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité : 252 fois depuis 1945 dont 244 jusqu’au 11 novembre 1989. On relèvera par contre qu’il aurait pu faire valoir ce que disait Zbigniew Bzrezinski (« Le Grand échiquier » , Bayart, 1997) à propos de la différence de l’utilisation du droit de veto et au delà de la notion de puissance entre la France et la Grande-Bretagne. Il fait valoir avec raison que l’Allemagne et le Japon sont toujours considérés comme des Etats ennemis dans la Charte des Nations unies (art. 53) alors que ces deux Etats sont régulièrement annoncés comme postulant au poste de membre permanent. On relèvera également l’idée de transformer la place de la France et ou de la Grande-Bretagne en un siège de l’Union européenne.

Chapitre 2 :

Le second chapitre revient sur la crise irakienne. On y lira avec profit l’attitude de l’UNSCOM en Irak entre 1991 et 1998. On se rappellera également la visite de Kofi Annan au début 1998 en Irak avec étonnement. Ce triomphe onusien fut éphémère. Cependant, il permit au Secrétaire-général de nommer une nouvelle mission cette fois non plus noyautée par des agents de la CIA mais par des membres issues de l’organisation des Nations unies. Enfin, il revient sur le programme « pétrole contre nourriture » qui est toujours en vigueur bien que de façon provisoire actuellement.

Chapitre 3 :

Avec le Chapitre 3, l’auteur fournit une analyse sur les Casques bleus. Il rappelle alors la mutation des opérations de maintien de la paix classiques entre deux Etats pour évoquer celles accompagnées de mise en œuvre de processus électoral, de désarmement etc. depuis 1989. Il évoque ensuite la « descente aux enfers » de ce type de mission suite au désastre de l’opération menée en Somalie qui va entraîner la directive n°25 prise par le président Clinton en plein génocide rwandais. Cette mesure interdit l’envoi de soldats américains au sein de l’ONU lorsque la mission ne concerne pas le maintien de la paix. Puis, il y aura Srebrenica en 1995 et le massacre de milliers de Musulmans sous les yeux des Casques bleus qui n’ont pas bougé… Il note alors que l’article 45 de la Charte qui consiste à dire que les gouvernements « maintiendront des contingents nationaux de forces aériennes immédiatement utilisables en vue de l’exécution combinée d’une action coercitive internationale » n’a jamais été appliqué. De même pour le Comité d’Etat-major (art.47) qui est chargé de « conseiller et d’assister le Conseil de sécurité pour tout ce qui concerne les moyens d’ordre militaire nécessaire au Conseil pour maintenir la paix et la sécurité internationales, l’emploi et le commandement des forces mises à disposition » . Il est vrai que se doter d’une armée pendant les années de guerre froide aurait été plus qu’ambitieux pour l’ONU.

Chapitre 4 :

Le chapitre 4 constitue un hommage à l’Organisation avec un titre qui va dans ce sens « Qui se soucie du Guatemala ?  » . Cependant, très vite cet exercice tourne au vitriol puisque l’auteur stugmatise les coûts de missions et d’experts dont les rendements sont discutables. Puis, il critique les Tribunaux pénaux internationaux concernant l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. Il remarque par exemple qu’est considéré comme indigent dans le cas du premier cité, celui qui n’a pas les moyens de payer au minimum 360.000 dollars par an pour sa défense.

Chapitre 5 :

Le chapitre 5 analyse le rôle du Secrétaire général. Après une galerie de portraits des différentes personnes qui se sont succédées à ce poste, il revient sur le veto mis par les Etats-Unis au renouvellement du trop politique Boutros Boutros-Ghali et son remplacement par Kofi Annan.

Chapitre 6 :

Le sixième chapitre permet à l’auteur d’aborder le thème des réformes. Il y évoque la privatisation rampante d’un certain nombre de secteurs afin de renflouer des finances qui ne sont pas satisfaisantes. Il souligne le sommet du Millénaire et ses objectifs généreux de réduction de la pauvreté tout en montrant justement que le bilan, trois ans après, n’est pas fameux.

Chapitre 7 :

Avec le chapitre 7, l’auteur évoque l’Assemblée générale. De la création de l’ONU en 1945 à nos jours, le poids des pays du Tiers monde s’est fortement accentué. L’Assemblée générale, lieu où chaque pays a une voix, a profité de cet état de fait pour faire prévaloir des thèmes beaucoup moins discutés au sein du Conseil de Sécurité. L’analyste rappelle également que la Chine a remplacé le gouvernement taïwanais à l’ONU depuis 1971. Depuis, la République de Formose est le seul territoire d’importance à ne pas se voir accorder de qualité de membre au sein de cette organisation.

Chapitre 8 :

Le huitième chapitre est l’occasion de revenir sur les comptes de l’ONU. Il rappelle que les Etats-Unis sont très mauvais payeurs (ils ont cependant la plus importante quote-part avec 22% depuis la révision de 2001). Puis, il souligne que le Japon est le deuxième contributeur avec 19,6%, l’Allemagne est en troisième position avec 9,8%, talonnée par la France (6,5%) et la Grande-Bretagne (5,5%). La Chine et la Russie, membres permanents, sont respectivement 13e et 15e.

Chapitre 9 :

L’avant-dernier chapitre est consacré aux droits de l’homme. Il revient sur l’élection de la Libye à la présidence de la Commission chargée de ce domaine. Il énonce également le rappel constant par cette commission des actes perpétrés par Israël alors qu’elle ne dénonce pas le comportement d’autres pays (par exemple le Zimbabwe). Il souligne la résolution 1422 votée à la mi 2002 qui exempte les Etats-Unis pendant un an de toute poursuite devant la CPI. Cette mesure sera prolongée de la même durée en 2003.

Chapitre 10 :

Le dernier chapitre revient sur différentes organisations rattachées aux Nations unies. Il note le caractère considérable du travail accompli par l’UNICEF tout en signalant une baisse de ses recettes caritatives au cours des dernières années. Il rappelle que les agences onusiennes ne peuvent intervenir dans un pays que si celui-ci est d’accord (sinon, c’est du ressort des ONG grâce à la notion du droit d’ingérence forgé dans les années 1970). Il critique assez vigoureusement l’UNESCO et la nomination comme ambassadeur auprès de l’Angola, il y a peu, du marchand d’armes Pierre Falcone confirmera ces dires.

Conclusion :

Il évoque dans sa conclusion la nécessité pour l’ONU de plus contrôler le FMI et la Banque mondiale et de mieux se préparer à des missions de guerre.

Commentary

Pierre-Edouard Deldique, journaliste à Radio France internationale n’en est pas à son premier ouvrage consacré aux Nations unies. Ce dernier sent l’opportunisme avec son titre racoleur. Nous ne le recommanderons pas. Si l’auteur fait de nombreuses fois appel aux textes de cette organisation, s’il fait reposer sa réflexion sur une expérience de terrain, son argumentation pêche par sa faible densité. Au niveau de la forme, pourquoi déclarer dans l’introduction qu’il revient dans une première partie sur le maintien de la paix - qui relève principalement du chapitre VI de la Charte alors que le chapitre VII sera largement abordé- puis sur la bureaucratie onusienne ? Il fait figurer quelques pages sur les réformes dans son premier chapitre avant de consacrer à ce sujet un chapitre plus loin… Nous pouvons attendre d’un ouvrage sur les Nations unies qu’il fasse mieux ressortir les différences entre la période courant entre 1945 et 1989 et celle allant de la Chute du Mur de Berlin à nos jours. Pourquoi également ne pas revenir de façon plus claire sur les deux façons reconnues par les Nations unies de recourir à la guerre (par une décision du Conseil de Sécurité ou par légitime défense) ? Pourquoi ne pas avoir étudié plus avant la notion d’ « agression » définie par l’Assemblée générale et jamais par le Conseil de Sécurité ? Pourquoi encore, puisque l’auteur veut étudier les réformes possibles de l’ONU, ne pas nommer les deux articles qui en fournissent la possibilité dans la Charte et de là, limiter les développements à ce propos ? Quant à sa littérature secondaire, elle est insignifiante : combien de livres ou d’essais cités en dehors des articles de journaux ? Lorsqu’il étudie l’attitude américaine pourquoi ne se penche-t-il jamais sur l’influence négative des think tanks néoconservateurs ? Parce qu’il ne sait pas parler anglais (aucune référence dans cette langue, mis à part le « Guardian » et le « New York Times » ) ? On relèvera un certain nombre d’erreurs comme lorsqu’il est indiqué en page 49 qu’avec les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis étaient attaqués pour la première fois sur leur territoire. Soit il faut préciser Pearl Harbour soit il faut remonter à la guerre de 1812 avec la Grande-Bretagne. Au niveau des résolutions, il faut être précis, la 1372 concerne le Soudan et non le terrorisme qui est celle d’après. On recommandera à l’auteur la lecture de l’assassinat de Lumumba par Ludo de Witte (voir notre note de lecture) pour qu’il reconsidère l’action de Dag Hammarskjöld au Congo (p155-6).