Georges Dwailibi, Paris, avril 2005
Choc des civilisations. Auteur : Samuel Huntington
Ce livre a été écrit par M. Samuel Huntington après avoir publié un article sous le même titre dans la revue Foreign Affairs ayant suscité un vif débat dans les milieux intellectuels. Le thème central de ce livre est la présence des civilisations en tant qu’acteurs et repères principaux pour les peuples du monde qui vont s’affronter dans le but de s’assurer une hégémonie sur la scène mondiale.
Réf. : Choc des civilisations, Samuel Huntington, ed. Odile Jacob, 1997.
Langues : français
Type de document :
Ce livre est divisé en cinq parties.
Dans la première partie, l’auteur précise sa propre notion de "civilisation" pour distinguer ensuite les différentes et importantes civilisations existant dans ce monde. Il s’interroge pour savoir s’il existe une civilisation universelle en faisant allusion à l’occident. Selon lui, la modernisation se distingue de l’occidentalisation et ne produit nullement une civilisation universelle, pas plus qu’elle ne donne lieu à l’occidentalisation des sociétés non occidentales.
La deuxième partie est consacrée aux changements profonds des rapports de forces entre les différentes civilisations. L’influence relative de l’occident décline ; la puissance économique, militaire et politique des civilisations asiatiques s’accroît, affirme Huntington. L’islam explose sur le plan démographique, ce qui déstabilise les pays musulmans et leurs voisins.
La troisième partie présente l’organisation de l’ordre mondial actuel. Pendant la guerre froide, un pays pouvait être non aligné. Mais il pouvait aussi passer d’un camp à un autre. En fonction de leurs intérêts stratégiques et de leurs calculs sur l’équilibre de la puissance, les dirigeants d’un pays avaient le choix. Mais Huntington soutient que dans le monde nouveau qui est le nôtre, c’est l’identité culturelle qui détermine les associations et les antagonismes entre pays. Un pays pouvait à l’époque de la guerre froide être non aligné, mais aujourd’hui il ne peut être sans identité. La question "dans quel camp êtes-vous ?" a été remplacée par une interrogation bien plus profonde : "qui êtes-vous ?"
La quatrième partie du livre s’intitule « les conflits entre civilisations ». Les prétentions de l’occident à l’universalité le conduisent de plus en plus à entrer en conflit avec d’autres civilisations, qui sont, selon l’auteur, l’islam et la chine, et au niveau local, des guerres frontalières surtout entre musulmans et non musulmans suscitent des alliances nouvelles et entraînent l’escalade de la violence. Huntington préconise une future alliance des pays de l’occident contre ce nouveau danger. Pour lui la Chine et l’islam ont remplacé le danger communiste, et c’est là où réside le nouvel ennemi de la civilisation occidentale et plus particulièrement des États-Unis.
La cinquième partie est une réponse aux propos abordés dans la quatrième partie, à savoir que la survie de l’occident dépend de la réaffirmation par les américains de leur identité occidentale ; les occidentaux doivent admettre que leur civilisation est unique mais pas universelle et s’unir pour lui redonner vigueur face aux défis posés par les sociétés non occidentales.
Commentaire
C’est un livre passionnant, l’idée d’Huntington est de sonner l’alarme afin de montrer aux dirigeants américains que la disparition de l’union soviétique ne constitue pas la fin du monde comme l’avait prédit Fukuyama. Contrairement aux propos de ce dernier, l’auteur considère que des ennemis sont toujours présents.
Mais Huntington oublie que les civilisations ne sont pas des acteurs sur la scène politique internationale, les États détiennent toujours ce monopole, et chaque État parle en son nom et non au nom d’une civilisation précise.
De plus, les clivages et les rivalités existant entre des pays qui appartiennent à une même civilisation sont importants et ostentatoires, comme par exemple dans le monde musulman qui est loin d’avoir une même vision et une même politique ou entre le Japon et la Chine. Taiwan, le Viêt-nam et les deux Corées sont également là pour nous rappeler la complexité du monde.