José Pablo Batista, Guatemala, diciembre 2004
Guatemala : le défi de construire la paix au début du XXIe siècle
Les accords de paix au delà d’un document instaurant un cessez-le-feu, représentent un ensemble de propositions visant à reconstruire un Guatemala plus juste, plus démocratique et plus pacifique.
Keywords: Diálogo social para construir la paz | Ayudar a las víctimas de guerra | Lucha ciudadana por la justicia social | Concertación política para la paz | Ciudadanos guatemaltecos por la paz | Gobierno guatemalteco | Buscar la paz. Actuar para la paz en una situación de guerra. | Reconstruir la paz. Después de la guerra, el desafío de la paz. | Guatemala
En décembre 1996, le Guatemala signait des accords de paix mettant fin à un conflit armé vieux de trente-six ans. Cependant, la signature des accords de paix ne portait pas en elle la construction de la paix : elle concernait de façon ciblée le cessez-le-feu - tout comme la victoire militaire de l’armée sur la guérilla en 1983 n’impliquait pas non plus la paix.
S’il est relativement simple de gagner la guerre, il est beaucoup plus complexe de gagner la paix.
Une autre étape était nécessaire pour la réussite de la paix : celle de la mise en pratique des accords signés.
La construction de la paix au Guatemala peut être approchée en trois étapes :
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Premièrement, la victoire militaire de l’armée sur la guérilla en 1983, transformant le conflit armé en une lutte pourrie entre vieux militaires et petits groupes de guérilleros sans soutien populaire, s’affrontant les uns et les autres dans un contexte de fin de guerre froide ;
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Deuxièmement, la signature des accords de paix en 1996 qui a permis d’instaurer effectivement le cessez-le-feu ;
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Troisièmement, l’application des accords de paix permettant de reconstruire les rapports sociaux et de réformer le pays.
Si les deux premières étapes ont été réussies, la paix reste encore un défi à surmonter car les accords de paix n’ont jamais été mis en place. Au gouvernement du « Partido de Avanzada Nacional » (PAN), parti des élites économiques nationales qui a signé les accords de paix, a succédé le gouvernement du parti « Frente Republicano Guatemalteco » (FRG), parti du général Rios Mont, l’un des premiers responsables de la stratégie de la terreur subie par les Guatémaltèques au début des années 1980.
Les accords de paix, qui au delà d’un document instaurant un cessez-le-feu, représentaient un ensemble de propositions visant à reconstruire un Guatemala plus juste, plus démocratique et plus pacifique, ont constitué la carte de présentation du gouvernement qui les a signé pour expliquer à la communauté internationale : « nous sommes un pays pacifique, vous pouvez y investir et faire des affaires avec nous ». Ces accords ont été enterrés par le gouvernement successif de M. Alfonso Portillo et du général Rios Mont qui les ont tout simplement jeté à la poubelle avec le plus grand mépris.
Cependant, il est aujourd’hui possible de constater un intérêt réel et une vraie volonté venant de la société civile pour déterrer ces accords et inventer progressivement des modalités pour les mettre en pratique. Le grand défi du Guatemala du XXIe siècle est de faire de ces accords les objectifs stratégiques d’un nouveau projet de nation et d’inventer les moyens nécessaires pour les mettre en œuvre de façon commune, effective et efficace.