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, RDC, noviembre 2013

Après la cuisante défaite du M23 : la reconquête de l’est s’avère un morceau dur pour les Fardc

Passée l’euphorie justifiée et la joie ressentie, suite à la déroute des rebelles du M23, les enjeux de la déstabilisation de la RDC appellent à une sérieuse réflexion conduisant à prendre la dimension d’une situation à venir encore plus complexe.

Keywords: Trabajar la comprensión de conflictos | La responsabilidad de las autoridades políticas con respecto a la paz | Resistencia a las milicias | Gestión de tensiones inter-étnicas | Región de los Grandes Lagos | República Democrática del Congo | Kivu

Les forces armées de la RDC – FARDC – viennent d’engranger l’une des plus belles victoires de leur histoire avec la déroute des rebelles du M23. La grandeur de cette victoire se trouve dans l’affront qui change de camps, du peuple congolais vers le tandem Kagame – Museveni.

Passée l’euphorie justifiée et la joie ressentie, les enjeux de la déstabilisation de la RDC appellent à une sérieuse réflexion conduisant à prendre la dimension du danger qui nous guète. Car, si le Kivu est le ventre mou de la sous-région, il ne l’est pas uniquement à cause des tensions interethniques mais également et surtout par le rôle que jouent les entrepreneurs de la violence et de l’insécurité qui y développent un lucratif business. Ce business se voit par le contraste d’une région peuplée de déplacés et de réfugiés mais qui connaît un essor économique incroyable avec des constructions qui poussent comme des champignons.

Les Fardc ont gagné une bataille, certes très significative, mais ce qui les attend est encore plus complexe. Sous peine de vexer certains analystes, on ne se tromperait pas si on argue que, par rapport à la guerre contre le M23, ce qui se présente devant nous paraît encore plus difficile à affronter. D’abord, il convient de noter que les Fardc ont détruit la partie visible du M23. Reste celle invisible. Le Congo est trop grand, partant trop fragile pour dormir sur ses lauriers.

Fardc contre M23 : une guerre facile !

Pourquoi dit-on que les Fardc ont livré une guerre « facile » contre le M23 ? On peut aller plus loin.

Ceux qui couvrent la guerre de l’Est savent qu’à chaque fois que les Fardc étaient sur le point de mettre en péril les insurgés de Kagame, elles ont toujours reçu des contre ordres leur intimant soit de reculer, soit de lâcher prise. On connaît les aventures de Mutebusi Jules contre les Fardc à Bukavu, on connaît celles de Laurent Nkunda à deux doigts d’être pris sur l’axe Nyanzale, l’on connaît celles du vaillant colonel Kasikila dans le Rutshuru et celles récentes des Fardc avant la prise de Goma.

En réalité, les Fardc n’ont jamais été faibles, plutôt, elles ont toujours fait l’objet de trahison sur la base des amitiés de certains responsables avec le régime Kagame.

Dans la guerre contre le M23, il y avait deux armées qui livraient des batailles rangées. Bref, entre les Fardc et le M23 (RDF/UPDF), il s’est agi d’une guerre classique, blindés contre blindés où s’affrontaient des forces militaires conventionnelles.

En clair, le principal enjeu restait la puissance respective de feu des deux ennemis. Les découvertes d’armes à Tshanzu l’ont démontré. L’action militaire ayant joué le rôle principal, la parole aux armes, le temps est venu de parler politique et diplomatie.

Comment affronter les milices ethniques sans trop de casse ?

Toute guerre est en théorie, menée dans un but politique, disent les experts en l’Art militaire. Et la politique, en tant qu’instrument de la guerre, a tendance à s’effacer et à refaire surface, en tant qu’instrument, lorsque les combats cessent. C’est ce qui est vrai dans la guerre conventionnelle. Il se fait que, dans les jours à venir, les Fardc devront affronter des milices ethniques autochtones (congolaises). Elles sont tellement nombreuses (12 groupes armés dans le territoire de Beni, 22 dans celui de Lubero, etc.) que certaines occupent des espaces mille fois plus petits que le Vatican.

La difficulté pour les Fardc se situe à plusieurs niveaux dont les cinq ci-dessous.

  • Primo, au niveau de la définition de l’ennemi. Sont-ils des ennemis ou des adversaires ? L’on sait que, dans la plupart de cas, les Patriotes Maï-Maï ne sont que des opportunistes tirant profit de l’absence de l’État et tirant parti du chaos.

  • Secundo, la plupart des milices Maï – Maï appartiennent à certains opérateurs politiques et/ou économiques selon le principe, derrière chaque leader (au Kivu) se cache une milice. Combattre ces milices armées ne devrait-il pas commencer par leurs leaders ?

  • Tertio, dans la plupart de milices ethniques, y compris les FDLR et les ADF/Alu, Paul Kagame et Museveni opèrent la main dans la main. Paul Kagame et Yoweri Museveni ont depuis « satellisé » certains Congolais. Ceci revient, comme au commencement, il y avait l’AFDL, à la case départ.

  • Quarto, les Fardc devront affronter l’ennemi – insurgé qui ne livrera aucune bataille rangée et qui, comble de l’ironie, trouve sa protection au sein de la population plutôt que sous l’épaisseur des blindés. Les Fardc feront face à des insurgés souvent sans arme sinon des amulettes et des cailloux, sans uniforme militaire (en guenille) assimilable à de paisibles cultivateurs. Et, comble de tout, l’ennemi choisit de se battre sur un terrain non militaire. D’où la question : à quoi bon des divisions blindées ? Bref, face à des milices ethniques qui font de la promotion du désordre leur objectif logique, les Fardc doivent s’attendre et se préparer à une guerre non-conventionnelle, non classique. Et dans ce genre de guerre, un élément très capital à considérer, la population demeure et constitue l’enjeu majeur. Soit elle acceptera de coopérer avec les Fardc, soit elle conservera (comme toujours) une attitude passive qui s’apparenterait à un soutien tacite aux milices ethniques. Et cette population a un grand défenseur : la société civile (de fois aussi) ethnique.

  • Quinto, la plupart de groupes armés étrangers (ADF/Nalu, FDLR) ont passé plus de dix ans au Congo. Certains d’entre eux ont même contracté de mariage et ont des enfants avec des Congolaises. Cela pose problème.

Dans une région comme celle de Lubero – Beni où l’on procède au recrutement par kidnapping, des guérillas « terroristes » obtiennent l’adhésion de la population locale et sa collaboration active par le business florissant qui s’enracine dans des trafics clandestins et la contrebande qui n’ont d’égale que l’opacité des circuits de gains. Il est difficile pour les Fardc d’avoir l’adhésion de la population.

Reste pour les Fardc de noter que dans une guerre contre révolutionnaire, une guérilla, l’action politique joue le rôle principal tout au long de la guerre.

Un député de chez-nous a longuement insisté à mot voilé lors d’un débat sans que le co-débateur ne saisisse la portée de ses propos. Les Fardc ne doivent pas se faire prendre par des sollicitations abusives. Une guerre, c’est avant tout une planification. Il faut, pour les opérations à venir, une approche des conflits avant tout politique sans forcément s’aligner sur le niveau de violence des milices ethniques. Sinon, les défenseurs de leurs causes crieront au génocide.

En un mot, toute planification des opérations militaires à venir doit prendre en compte le facteur population civile. Sinon, la victoire n’ira pas aux bataillons. Qui dit mieux !