Cluj, Roumanie, 2007
La formation comme outil de transformation des conflits dans les Balkans
Retour d’expérience sur l’utilisation des formations dans le contexte de conflit complexe comme celui qui a eu lieu dans les Balkans.
Dans les années quatre-vingt-dix, la formation était largement utilisée dans les Balkans pour diffuser de nouvelles perspectives sur la transformation des conflits et des thèmes comme la médiation et la non-violence.
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Pendant la guerre, au début des années quatre-vingt-dix, la coalition des ONG croates Anti-War Campaign (ARK) a commencé à organiser des formations pour diffuser l’idée de la transformation non-violente des conflits. Plus d’une décennie plus tard, le Centre pour la non-violence à Osjek est devenu l’un des principaux centres de formation de la région.
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À la fin des années quatre-vingt-dix, l’ONG Canadian Institute for Conflict Resolution proposait une série de formations à la gestion des conflits et à la médiation en Bosnie-Herzégovine. Suite à cela, dans la région de Mostar, un groupe de médiation aidant à régler les problèmes concernant le retour des réfugiés dans la Republika Srpska (République serbe de Bosnie), à l’est, a vu le jour.
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Le Centre pour l’action non-violente de Sarajevo est une des organisations de formation les plus anciennes des pays issus de la disparition de la Yougoslavie. Son fondateur, Nenad Vukosavljevic, a développé des programmes de formation qui ont été utilisés dans la région par des personnes, issues de nombreux secteurs, ayant suivi des cours de formation à Kurve Wustrow en Allemagne.
La plupart des efforts d’évaluation sont dirigés par les donateurs. Ces derniers tiennent généralement beaucoup à comprendre comment leur argent a été dépensé. Naturellement, mais aussi malheureusement, ils exercent une pression importante afin de détecter les réussites et effets immédiats. Généralement, cela a comme conséquence un manque d’attention (et de ressources financières) pour les études sur les effets qualitatifs à long terme des formations. Par conséquent, il est conseillé, pour les programmes ayant des composantes de formation, d’affecter, dans les budgets, des fonds spécifiques à différentes étapes de l’évaluation afin d’estimer de manière plus authentique les effets de la formation sur le conflit. L’autre solution consiste à mettre en place des partenariats durables entre les organismes assurant les formations, les organisations mettant en œuvre les formations et les institutions universitaires. Une telle collaboration pourrait garantir la disponibilité de davantage de ressources pour une évaluation approfondie.
À moyen terme, il faudrait développer une culture de l’évaluation. On pourrait, entre autres, demander aux universités proposant des cursus de paix et de transformation des conflits de se doter des compétences nécessaires à la conduite d’évaluations à long terme et de former leurs étudiants à des méthodologies d’évaluation.
La formation des intervenants de paix à la transformation des conflits est un domaine vaste et en perpétuelle évolution. Les programmes et méthodes sont aussi nombreux et variés que les conflits sont complexes. Il est délicat de tirer des conclusions définitives sur le processus de formation mais il est important néanmoins de rassembler les leçons apprises afin de renforcer la connaissance de ce domaine et de permettre l’adoption de pratiques plus efficaces et plus simples à mettre en place dans le cadre de la préparation des adultes à l’intervention non-violente dans les conflits.
Notes
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Tiré de l’ouvrage : « Formation à la paix, Formation des adultes au travail de paix et à l’intervention civile de paix lors de conflits » ; Auteurs :Robert Rivers, Giovanni Scotto, Jan Mihalik et Frode Restad. Ouvrage réalisé dans le cadre du projet ARCA. Le projet ARCA (Associations and Resources for Conflict Management Skills) a été mis en place afin de contribuer directement à l’amélioration de la qualité, contenu et méthodologies des formations à la paix et à la transformation de conflits. Le projet, financé par la Commission Européenne, Socrates/Grundtvig1, comptait avec la participation 13 organisations originaires de 11 pays européens, dont le MAN (Mouvement pour une Aternative Non-violente), France.