Guillaume Gamblin, Paris, 2004
Les organisations non-violentes et la recherche : fondements éthiques et développements stratégiques de la non-violence
Quels thèmes de recherche explorent les Organisatins Non-violentes en France ?
Keywords: Theory of non-violence | Philosophy for peace | Social sciences and peace | | |
La non-violence : force et éthique nouvelle qui se cherche et se découvre au XX° siècle, à travers les expériences, erreurs, tâtonnements, et aussi les réussites imprévisibles que laissent les hommes à son histoire. La réflexion éthique nourrit l’action, et l’expérience enrichit la recherche stratégique en montrant ici encore plus qu’ailleurs que « la réalité est la meilleure preuve de la possibilité » (Eric Weil, La logique de la philosophie). La recherche constitue donc l’un des pôles et des moteurs de l’activité des organisations non-violentes.
Un effort particulier est porté dans un premier temps sur l’élaboration de stratégies non-violentes, inspirées en particulier de l’expérience de Gandhi puis de quelques autres. Un travail de connaissance et de compréhension ce ces expériences est accompli, pour saisir les mécanismes de la désobéissance civile et de quelques autres formes d’action non-violentes encore inédites. Un travail de recherche notamment historique et sociologique est accompli jusqu’à récemment par des chercheurs tels que Jacques Sémelin. Ces recherches stratégiques se traduisent fréquemment par la réalisation d’ouvrages de synthèse ou de manuels d’action, donnant lieu à leur tour à des expériences innovantes, par un effet de démultiplication lié à cette diffusion : faire connaître, synthétiser, théoriser les expériences de résistances non-violentes, pour les traduire en actions nouvelles.
Parallèlement à ces premières expériences inspirantes, un cheminement est suivi en réaction aux guerres qui viennent traumatiser l’Europe, et aux capacités inédites de destruction dont dispose l’humanité. L’objection de conscience et la lutte contre le nucléaire en sont les principales conséquences concrètes, tandis qu’au niveau de la recherche une réflexion est menée sur les alternatives possibles à la guerre puis à la « défense » nucléaire. Ce sont, durant les années 1970 et 1980 surtout, les recherches sur la défense populaire non-violente, ou encore sur la dissuasion civile (avec le Cun, le MAN, l’IRNC, le MIR,…).
Ces recherches stratégiques appliquées se poursuivent à partir des années 1990, suite à la chute du mur de Berlin, autour des possibilités d’intervention non-violente dans des situations et des zones de conflit armé dans le monde. C’est ce qu’on appelle l’intervention civile de paix (ICP). Celle-ci constitue l’axe principal de développement de ces recherches actuellement (avec le Comité ICP, l’IRNC, le MAN, EpB, les IFMA N, …), à côté des résistances civiles, toujours d’actualité.
Dès le début, l’ensemble de ces recherches appliquées est relié à des questionnements et à une réflexion d’ordre éthiques et philosophiques : en s’appuyant entre autres sur le socialisme internationaliste et l’expérience des grèves ouvrières, la lecture et la méditation des Evangiles, la lecture de quelques grands penseurs. Le MIR entre autres, puise dans certaines de ces sources plus « occidentales » pour fonder son refus des guerres et ses convictions non-violentes dès le début du XX° siècle. Depuis quelques années le thème d’une culture de non-violence fait son émergence et devient l’un des axes centraux de la recherche sur la non-violence : un travail sur les sources philosophiques de la non-violence, avec notamment Jean-Marie Muller ; sur ses racines spirituelles et religieuses ( avec l’Arche ou le MIR ) ; mais également des recherches appliquées sur l’éducation, le pouvoir, les relations sociales, la résolution des conflits au quotidien,…, se font jour. Des instituts de formation comme les Ifman ou le Cun, des mouvements comme le MIR et le MAN, ou encore le centre de ressources NVA, développent des recherches sur ces thèmes.
Une recherche touchant les thèmes de l’écologie et des énergies dans une optique non-violente est en outre développée par le Cun, et mise en pratique par l’Arche.
La diffusion des recherches passe par le trimestriel Alternatives Non-Violentes, ou encore par les Cahiers de la Réconciliation (du MIR), et de nombreuses publications.