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, November 2006

Les défis futurs de la politique américaine au Moyen-Orient

Quels obstacles la politique américaine va-t-elle rencontrer ?

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Les défis futurs de la politique américaine au Moyen-orient

Le projet du « Grand Moyen-Orient » a bouleversé la donne dans la région depuis 2004. En effet l’administration Bush fils a expérimenté une autre approche du Moyen-orient considéré depuis 2001 comme un foyer de violence et de terrorisme dangereux pour l’équilibre international.

Les modifications et les actions de cette nouvelle politique américaine ont été abordées en détail à travers mes différentes fiches, mais la situation étant très hétérogène et explosive pour certains pays, la question est de savoir quels sont dans le futur les obstacles que la politique américaine devra surmonter ?

Nous organiserons la pensée suivant quatre axes :

  • Le premier concernera les pays étant considérés par les Américains comme de bons élèves : avec l’exemple de la Jordanie et Bahreïn.

  • Le deuxième concernera les pays alliés mais problématiques : l’Egypte et l’Arabie Saoudite.

  • Le troisième traitera des pays en ligne de mire : la Syrie et l’Iran.

  • Le quatrième sera consacré aux deux pays au cœur du problème : l’Irak et la Palestine.

I. Quel futur pour les bons élèves de la politique américaine au Moyen-Orient ?

La Jordanie n’a connu aucune rupture de sa politique pro-occidentale dans la région. La succession d’Abdallah II (de mère américaine) en 1999, a ancré le pays dans la continuité de la paix avec Israël. De plus, la Jordanie a su depuis longtemps s’engager dans un processus d’ouverture politique d’apparence (voir fiche sur la Jordanie). C’est donc un pays qui a répondu apparemment aux deux préoccupations de la politique américaine dans la région qui sont : Israël et la démocratisation du Monde arabe.

Cependant, ce pays qui a longtemps été érigé en modèle, a vu son rôle de partenaire stratégique dans la région décroître d’une manière inquiétante au fur et à mesure de l’évolution du conflit israélo-arabe depuis 2000. Ce Royaume Hachémite qui est constitué à 70 % de population d’origine palestinienne s’est vu écarté des négociations concernant le retrait de la bande de Gaza au profit de l’Egypte plus directement concernée. La Jordanie depuis 2003 est doublement victime de la politique américaine au Moyen-Orient, elle souffre directement de la situation en Irak avec qui elle avait noué des liens économiques étroits, mais aussi de la situation qui se détériore en CisJordanie et à Gaza. Abdallah II est de plus critiqué vivement par le gouvernement Bush fils pour ne mener en fait qu’une ouverture économique et ne réaliser que des réformes administratives, tout en monopolisant le pouvoir. De plus les dernières critiques du roi jordanien sur la non résolution de la situation en Palestine et la stratégie en Irak, positionnent ce dernier à contre-courant des intérêts américains.

Cette mise à l’écart de la Jordanie par l’allié américain dont elle dépend financièrement pourrait renforcer les causes de crise interne. En effet, le pro-occidentalisme de la monarchie dénote très largement avec l’opinion publique qui, tant que ses intérêts sont préservés, peut être contenue par le régime, mais qui, si la situation économique du pays venait à se détériorer, pourrait accroître des contestations et déstabiliser le régime. Cette dynamique est déjà tangible du point de vue de l’opinion publique qui a tendance à se radicaliser.

Du côté de Bahreïn, la situation de ce petit émirat considéré par les Américains comme un laboratoire de la démocratie, est explosive. En effet, deux mouvements s’opposent dans le pays à la tête même du gouvernement :

  • celui d’une ouverture politique ;

  • celui d’un conservatisme autoritaire.

Le roi Hamad se voit attribuer la tâche d’arbitrer ces deux courants incarnés respectivement par son fils, le prince héritier et son oncle, premier ministre. Malgré l’organisation d’un réferundum en 2002 pour consulter la population sur l’enclenchement de réformes dans le pays, les choses avancent très lentement (1). Le réel pouvoir de la Chambre élue est limité et la population chiite du pays qui avait déjà boycotté les élections se plaint à nouveau d’être écartée de la scène politique.

Le problème pour les Américains qui veulent avant tout des pays qui leur soient favorables est de savoir s’ils doivent :

  • soutenir une ouverture politique où les chiites prendraient plus de pouvoir ;

  • ou maintenir la situation actuelle, car ces mêmes chiites avaient exprimé leur vision fermement, en manifestant leur opposition à la guerre en Irak.

II. Vers une reconsidération des alliés stratégiques ?

L’Arabie Saoudite et l’Egypte sont les deux alliés stratégiques principaux de la région. L’Arabie Saoudite pour son pacte avec les Etats-Unis autour du pétrole et l’Egypte pour son rôle d’ancien leader du Monde arabe et de médiateur du conflit israélo-arabe.

Concernant l’Arabie Saoudite, les conséquences du 11 Septembre ont été énormes. La politique américaine considère toujours ce pays comme un allié privilégié, mais la relation n’est plus aussi sereine qu’avant. Le Royaume saoudien que de nombreux théoriciens américains ont désigné comme dangereux pour les Etats-Unis et fabriquant de terroristes, a du, à de nombreuses reprises, prouver sa bonne foi au gouvernement américain. Il est évident que les enjeux économiques sont tels que les Etats-Unis ne peuvent se passer de ce pays et vice-versa.

Cependant, la monarchie a largement été critiquée et la pression pour une ouverture du régime s’est accrue. Mais les Etats-Unis semblent s’être engagés dans une attitude schizophrène, d’un côté conscients que le lien avec les milieux d’affaires et ce pays sont puissants et de l’autre adoptant une attitude critique à l’égard du régime. Pour répondre à ses critiques le prince Abdallah a commencé à réformer le pays sur plusieurs points - économique, social et politique - allant jusqu’à organiser des élections municipales. Le gouvernement américain tente aussi de faire changer les programmes scolaires saoudiens et le système économique, ce à quoi se plie le régime. Mais jusqu’où pourront aller ces réformes qui un jour ou l’autre rencontreront des limites au contact du pacte national saoudien entre la monarchie et le Wahhabisme ?

De plus la monarchie, de plus en plus critiquée par l’opinion publique pour son pro-américanisme, risque d’être mise en danger dans le futur par sa position d’équilibriste. La principale difficulté est de parvenir à rester un allié des Etats-Unis sans pour autant froisser les valeurs nationales. Durant la guerre en Irak en 2003, l’opinion publique s’est clairement positionnée contre les Américains et la monarchie saoudienne a été obligée de refuser d’être une base arrière pour les opérations dans la région. Mais les critiques sont de plus en plus violentes et l’opposition en majorité religieuse se radicalise. Les nombreux attentats dans le pays revendiqués par des mouvements proches d’Al Qaeda en 2004 avaient pour but de déstabiliser la monarchie. Même si durant l’été 2006, à l’occasion de la guerre du Liban, la monarchie saoudienne et les religieux saoudiens se sont mis d’accord pour condamner le Hezbollah, cela n’a été qu’en réaction à une peur partagée : celle de voir naître un jour dans la région un croissant chiite qui menacerait le Royaume dans la région pétrolière du Hassa où se situe la communauté chiite saoudienne. Le régime saoudien reste en tout cas menacé par sa position.

Or, pour la politique américaine c’est un défi car elle a conscience du péril que serait pour ses intérêts, le renversement des Saoud, susceptible dans la conjoncture actuelle, d’entraîner la prise du pouvoir par des conservateurs islamiques hostiles à la présence américaine dans le pays.

Le cas égyptien n’est pas très différent car c’est aussi à un numéro d’équilibriste auquel le gouvernement égyptien s’attèle, dépendant majoritairement de l’aide américaine. Dans la lutte contre le terrorisme, le pays s’est avéré être un élément central, au lendemain du 11 Septembre 2001. Les Etats-Unis ont pris conscience de l’importance d’un allié comme l’Egypte dans la lutte contre le terrorisme. En effet, les réseaux de renseignements et les informations que détenait ce pays ont été déterminants pour les Américains, qui ont profité de la connaissance égyptienne de ce milieu, mis ainsi à leur disposition. Grâce aux réseaux égyptiens et à leurs renseignements, des arrestations ont été possibles dans tout le Moyen-Orient. Mais cette relation privilégiée de l’Egypte avec les Américains rend le gouvernement en porte à faux avec la population. En effet, aujourd’hui le gouvernement est proche des Etats-Unis et d’Israël, alors que la population égyptienne s’irrite de plus en plus massivement. De plus, les pays arabes critiquent activement la politique égyptienne.

Cependant devant le projet de démocratisation du Moyen-Orient, l’Egypte a été exposée à des critiques plus pressantes à son égard que l’Arabie Saoudite, et Hosni Moubarak ne l’a pas entendu de cette manière. Le régime reste très réticent à une ouverture politique craignant de perdre le pouvoir. Aujourd’hui, l’Egypte est un pays où l’opinion publique s’est très largement radicalisée et les Frères Musulmans ont énormément de popularité. En 2005, ils ont raflé de nombreux sièges à l’occasion de la première élection libre dans le pays. Ce résultat présage une intensification des pressions populaires sur le gouvernement et un anti-américanisme croissant dans les années à venir.

III. La Syrie et l’Iran peuvent-elles rester des parias ?

La Syrie et l’Iran sont les deux régimes dans la ligne de mire de la politique américaine qui tente de les isoler, depuis 2001, sur la scène internationale, voir même de les menacer.

Depuis 2002, la Syrie est désignée comme appartenant à l’axe du Mal. Le régime en place est directement soupçonné d’être un soutien au terrorisme et de vouloir se doter d’armes de destruction massive. Dans la logique néo-conservatrice la Syrie est devenue un danger pour Israël et la stabilité de la région. Ce pays fait l’expérience d’une politique d’isolement de plus en plus importante.

Elle a d’abord été accusée depuis 2003 de ne pas contrôler ses frontières et de laisser entrer des terroristes sur le territoire irakien, puis à partir de 2004 son occupation au Liban jusqu’ici approuvée directement par les Etats-Unis, est devenue problématique. La Syrie, proche du régime iranien, a toujours soutenu l’action du Hezbollah dans le sud Liban ainsi que la branche du Hamas dans les territoires palestiniens. Après les pressions internationales pour la pousser à se retirer du Liban, la Syrie a cédé et s’est retirée du pays en 2005.

Cependant, le gouvernement de Damas n’a jamais cessé d’intervenir dans la politique libanaise, soutenu par des partisans au premier rangs desquels se trouve le Président de la République libanaise. De plus, après la guerre du Liban de l’été 2006, le Hezbollah a vu sa popularité augmenter ainsi que son poids, au sein d’une population où les chiites prennent de plus en plus de place. Le consensus sur la formation d’un gouvernement libanais s’est trouvé complexifié par les contestations du Hezbollah, soutenu par le régime syrien de Bachar El Assad. Après les nombreux assassinats contre des anti-syriens, commis avant le retrait du Liban, une période de calme semblait s’être installée ne signifiant pas pour autant que la Syrie digérait ce retrait forcé. L’assassinat de Pierre Gemayel, ministre de l’industrie et fervent anti-syrien, en novembre 2006 - au moment où l’ONU venait d’accepter la création d’un Tribunal International pour juger les criminels de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri - semble montrer clairement que la Syrie reste largement présente au Liban. Cependant cet assassinat pose de nombreuses interrogations à savoir si la Syrie avait réellement intérêt à réaliser cet assassinat alors que les Etats-Unis se tournaient vers elle et s’il ne s’agirait pas d’avantage de mouvements (syriens ou non) qui auraient pour objectif de déstabiliser le gouvernement de Damas.

Pourtant, cet évènement risque de complexifier la position des Américains vis-à-vis de la Syrie. Leurs dernières déclarations ayant laissé entendre qu’il serait envisageable de reconsidérer l’isolement de la Syrie pour l’intégrer au règlement de la question irakienne. La Syrie a d’ailleurs renoué des liens dernièrement avec son ancien ennemi irakien, affirmant ainsi sa volonté d’être un partenaire dans ce dossier.

La question est de savoir s’il faut condamner la Syrie pour son soutien au Hezbollah et au Hamas et ses actes de provocations ou s’il faut privilégier son rôle dans une situation devenue chaotique en Irak ? C’est en réalité l’un des défis que devra relever la politique américaine dans la région et les démocrates américains auront leur mot à dire.

Le cas de l’Iran est évidemment lié à celui de la Syrie l’allié de toujours. Mais l’Iran représente un danger encore bien plus grand pour les Etats-Unis. En effet, ce pays rêve depuis toujours de devenir une puissance régionale. Or les Etats-Unis ne veulent en aucun cas d’une force régionale au Moyen-orient qui pourrait entraver leur politique. L’arme atomique et son soutien au Hezbollah sont devenus les deux outils de pression pour arriver à atteindre son but. Le désarmement du Hezbollah aurait pour l’Iran des répercussions négatives car ce pays tire profit de l’instrumentalisation du conflit libanais. La République islamique devient incontournable dans toute résolution de conflit entre Israël et le Hezbollah.

De plus, l’Iran rêve de l’établissement d’un croissant chiite s’étendant jusqu’au Liban et qui serait sous contrôle iranien. Le conflit irakien est lui aussi victime de l’interventionnisme iranien.

Ce pays est devenu incontournable pour la résolution de la situation au Moyen-Orient et les Etats-Unis en prennent de plus en plus conscience. La politique américaine a donc, à l’instar de l’Arabie Saoudite, une attitude schizophrène : elle condamne activement la création d’un programme nucléaire iranien, la menaçant même d’une intervention militaire et en même temps elle appelle ce pays à aider à la résolution du conflit en Irak.

IV. Quel avenir pour l’Irak et la Palestine ?

Ces deux pays sont à l’Heure actuelle au cœur des préoccupations des populations du Moyen-Orient. La non résolution de ces deux cas ne fait qu’accroître la radicalisation de l’opinion publique arabe.

Depuis son arrivée, l’administration Bush a fait preuve d’un réel désintérêt quant à la résolution du conflit israélo-arabe. En effet, depuis l’arrivée au pouvoir des républicains, le processus de Paix dans lequel s’était si étroitement investi le Président Clinton dans le but de faire émerger un Etat palestinien, semble anéanti. En réalité depuis l’éclatement de « la deuxième Intifada en 2000 », la politique américaine s’est limitée à agir via des relations bilatérales avec Israël, puis après l’isolement et la mort de Y. Arafat, avec les autorités palestiniennes et l’Egypte pour la question de Gaza.

La question est pourtant au centre de toutes les revendications du Monde arabe et sert de ralliement aux Islamistes. Tant que la solution définitive et universellement connue - la fin de l’occupation israélienne et la création d’un territoire national palestinien - n’aura pas été appliquée, la situation dans ces territoires mais aussi dans la région ne cessera de se détériorer et d’alimenter la haine et les frustrations des populations arabes (2).

La situation semble pourtant vouée à se détériorer car la construction du mur, décidée par Israël, continue d’avancer et englobe des parcelles du territoire palestinien défini par l’ONU. De plus, les dernières élections législatives ont vu la victoire écrasante du Hamas, internationalement condamné, malgré des élections transparentes, pour son refus catégorique de reconnaître l’existence de l’Etat d’Israël. A l’heure actuelle, le processus de paix ne peut reprendre tant que l’Autorité palestinienne n’aura pas réussi à trouver un accord pour former un gouvernement d’union nationale.

Les Etats-Unis et surtout l’administration sont violemment condamnés dans le Monde arabe pour leur non réaction face aux différentes incursions que mène les Israéliens sur la Bande de Gaza et cela malgré leur retrait. Ces actions se font en réaction à des tirs de roquête à partir de ces territoires, mais les ripostes ne sont sans communes mesures et entraînent la mort de civils d’un côté comme de l’autre.

« Les Conflits israélo-arabe et israélo-palestinien servent encore de facteurs d’apaisement pour certains pays de la région, puisque les régimes arabes sont nombreux à trouver par ce biais un moyen de canaliser l’attention de leurs opinions publiques et pousser ces dernières à admettre un « état d’exception » qui continue à bloquer toute évolution de leur part vers la démocratie. Quant à Israël, il trouve de même par la prégnance de son discours sur les belligérances israélo-arabe un moyen de repousser un fait qui risque cependant d’éclater un jour de manière patente : celui d’un conflit civil. (...) Les gouvernements arabes et israéliens sont unanimes sur un point : les Etats-Unis sont encore le seul acteur-clé capable de conduire à la résolution du conflit israélo-arabe, à défaut de résoudre le conflit israélo-palestinien. »(3)

La situation en Irak reste le défi le plus pressant que la politique américaine se doit de relever. Ce conflit, aujourd’hui, fait suite à l’attaque américaine et à la chute du régime irakien. A l’heure actuelle, contrairement à tout ce que l’on entend, l’Irak est victime non pas d’un déchaînement de haine communautaire, mais d’une lutte pour le pouvoir qui, faute de l’existence d’une société civile politique avec des partis (impossible sous Saddam Hussein), s’exprime par une lutte communautaire. Le régime Bassiste de Bagdad avait instauré un réseau de pouvoir basé sur le clientélisme auprès des proches de Saddam, puis de sa ville et de sa région. L’Irak était de fait gouverné par des sunnites uniquement, mais cette réalité était une vérité qui ne se disait pas. Or les Américains en arrivant en Irak ont cru bon de renverser, sans aucune distinction entre les partisans de Saddam et ceux qui n’étaient que des clients, le système étatique irakien. Sans aucun plan tangible, ils ont reconstitué un gouvernement provisoire qui dès le départ s’est formé sur un principe communautaire entraînant le pays vers une logique de lutte pour le pouvoir.

Aujourd’hui malgré des élections et la formation d’un gouvernement irakien, la restauration de l’autorité et sa légitimité restent pipés tant que les Américains seront présents dans le pays. Mais le retrait d’Irak enfoncerait encore plus le pays dans une descente aux enfers, où ce qu’on appelle aujourd’hui une « guerre civile » entre différents acteurs difficilement identifiables. Il y a de nombreux acteurs ayant intérêt à ce que la situation empire.

Du côté de la résistance irakienne on retrouve avant tout les anciens partisans de Saddam et ceux qui ont profité de son régime autoritaire (les tribus du Nord qu’il avait réarmées avant sa chute, les régions à majorité sunnite du Nord de l’Irak qui ont été privé d’ascenseur social par cette fin, las anciens militaires qui faisaient vivre 10 % de la population irakienne...). Ces populations avant d’être sunnites étaient surtout des bénéficiaires directes de la situation, par la suite ils se sont servis de leur identité sunnite ayant peur d’un accaparement du pouvoir par la population chiite majoritaire.

Mais ce sont surtout des phénomènes extérieurs qui sont responsables de la situation en Irak. Comme il a été dit précédemment il s’agit de la présence américaine, mais aussi et surtout des soutiens que mènent certains Etats de la région, aussi bien du côté chiite que sunnite, aux milices des différents groupes, rendant impossible la détention du monopole de la violence par l’Etat. Un autre phénomène qui envenime la situation, est celui du terrorisme international. Ce phénomène provient d’organisations islamistes mafieuses qui tentent par des attentats barbares sur des cibles précises de déclencher à tous prix des affrontements communautaires.

Les Etats-Unis semblent en attaquant l’Irak avoir ouvert la boîte de Pandore. L’Irak est au cœur des préoccupations arabes mais aussi et surtout américaines, et les dernières élections législatives américaines ont largement condamné la politique de Bush en Irak. Le nouveau groupe d’étude mis en place après les élections prévoit de faire participer l’Iran et la Syrie à la résolution du conflit, mais cela ne fait qu’attiser les peurs des régimes arabes de voir l’Iran chiite devenir la puissance régionale. Les attentats se suivent et tuent chaque jour des centaines de personnes sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’Irak est devenu le centre mondial des actes terroristes et d’activités, inexistantes sous Saddam Hussein, comme le trafic de drogue, attirant le pays dans un processus de plus en plus difficile à déchiffrer.

Le défi central des Américains au Moyen-Orient aujourd’hui est de trouver une solution, mais en existe-t-il vraiment une ?

Notes :

(1) « Afrique du Nord / Moyen-Orient : les incertitudes du Grand Moyen-Orient 2005-2006 », Les études de la documentation française, Rémi Leveau, F. Charillon.

(2) Voir article du Figaro, de Jean François Legrain, du 23 novembre 2006.

(3) Extrait de la Page 250, « La politique américaine au Moyen-orient », de Barah Mikaïl, éditions Dalloz.