Des institutions politiques, sociales, religieuses devant leurs responsabilités dans la construction de la paix.

Dans quel sens abordons-nous ici « les institutions » ?

On peut dégager quatre usages du terme « institution » dans le français moderne, acceptations que le substantif latin « institutio » dont il dérive possédait déjà. Ils tournent autour de l’idée de stabilité et de perpétuité.

• Idée d’établir, de fonder, de créer :

Une institution est un établissement de l’esprit créé pour durer. C’est le sens le plus répandu du terme. Une institution est une structure référente constituant les bases d’une organisation politique et sociale. Le terme recouvre une réalité difficilement figurable physiquement.

On peut citer en exemple la règle « l’église comme bâtiment religieux, l’Église comme institution religieuse ».

Éducation, discipline, correction dans le sens « directeur d’institution ».

Une institution peut aussi intégrer le sens d’établissement d’enseignement, d’éducation ou de correction. Aujourd’hui encore, « mettre un enfant en institution » signifie le placer en foyer. Un « directeur d’institution » sera alors inévitablement un dirigeant d’organisme médico-éducatif.

• Idée de transmission :

Le terme « institution » suggère une structure pérenne qui survivra à ses créateurs. On retrouve donc le sens de « transmission ».

Une expression française signifiant « désigner un héritier » se dit « instituer un héritier ». Le terme recouvre donc dans ce cas là une idée de transmission.

• Idée de fait accompli et de pérennité :

Enfin, le terme « institution » peut suggérer une idée d’immobilisme, de statisme. C’est dans ce sens que les investitures du clergé sont qualifiées « d’institution canonique », et que plus couramment, on peste sur (l’impossible) « réforme des institutions ».

Cette constance est alors autant un gage de pérennité que de fiabilité, mais elle peut aussi être perçue comme un frein à l’innovation et au perfectionnement de la structure.

• Idée de changement :

Les documents ici présentés concernent des institutions politiques, religieuses ou sociales. Ils montrent un double mouvement : comment ces institutions mettent en œuvre cette triple dynamique "établir, transmettre, accomplir" et comment celles-ci sont également facteurs de changement. En effet, malgré leur tendance à la reproduction symbolique, les institutions ne sont pas nécessairement figées et immuables. Celles-ci, étant des constructions sociales, bougent, se déplacent, s’adaptent aux changements de leur environnement et sont même capables de produire, à leur tour, des changements. C’est l’une des caractéristiques de ce dossier : les documents ici présentés abordent la construction de la paix par le biais du rôle des institutions, autant comme des facteurs de continuité que comme des facteurs de changement.