Jean-Marie COLLIN, Michel DRAIN, Bernard NORLAIN, Paul QUILES, France, juin 2015
Les risques du nucléaire militaire
Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki sont loin. Nous pourrions croire que les conséquences de ces deux journées n’existent plus. Bien au contraire.
Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki sont loin. 70 années nous séparent de ces journées des 6 et 9 août 1945, où près de 160 000 personnes furent instantanément tuées, vaporisées par les effets (souffle, thermique, retombées radioactives) des armes atomiques Little boy et Fat man. Nous pourrions croire que les conséquences de ces deux journées n’existent plus. Bien au contraire. Les Hibaskusha, ces Japonais qui vécurent ces drames, mais en ressortirent vivants, puis pour certains leurs enfants, voire petits-enfants en subissent toujours les effets sanitaires. Les modifications génétiques et les maladies directement liées à la radioactivité ont traversé les générations.
De multiples accidents se sont produits au cours de ces soixante dix années : des bombardiers explosant en plein ciel, perdant leur bombes nucléaires (Palomarès, Thulé), des sous-marins rentrant en collision (2009) alors même qu’ils étaient chargés de près de deux cents ogives nucléaires, des erreurs sur la localisation d’armes (2007). Des centaines d’autres faits sont désormais connus et démontrent bien l’impossibilité, malgré les mesures de sécurité toujours plus grandes, du danger et des risques potentiels que font courir les États possédant des armes nucléaires.
Toutes les puissances nucléaires ont ainsi dû faire face à des catastrophes qui ont entraîné des pollutions radioactives importantes ou qui ont échappé de justesse à une explosion nucléaire militaire accidentelle. À chaque fois, c’est le facteur chance et non technique qui a permis d’éviter que nous rentrions dans une ère dite « d’hiver nucléaire » comme l’ont démontré les scientifiques américano-russes au début des années 1980. Face à leurs résultats scientifiques, les présidents Reggan et Gorbatchev entreprirent de diminuer grandement leurs arsenaux nucléaires, en réalisant les Traités START.
En 2015, l’arsenal nucléaire mondial est de 16 300 ogives nucléaires. La capacité de destruction de chacune de ces ogives s’étale de quelques kilotonnes à plusieurs centaines de kilotonnes (la TNA française à une puissance de 300 kT). Une explosion nucléaire militaire volontaire (guerre, même limitée), accidentelle, ou par erreur viendrait irrémédiablement changer la société humaine dans laquelle nous vivons.
Les effets de la bombe atomique
Les armes nucléaires sont classées dans la catégorie des armes de destruction massive, au même titre que les armes biologiques et chimiques. La puissance dégagée par une arme nucléaire se calcule en kilotonnes (kt). La puissance de la bombe A « Little Boy » larguée sur Hiroshima fut estimée à 15 kt, soit une puissance explosive de 15 000 t de TNT (trinitrotoluène). À ce jour, les plus grosses bombes conventionnelles n’atteignent même pas 0,01 kt ; la Massive Ordnance Air Blast américaine ayant une puissance de 0,009 kt (soit 9 t).
Lorsqu’une bombe nucléaire explose, elle provoque immédiatement un grand flash de lumière aveuglante, puis, dans les millisecondes qui suivent, trois effets successifs.
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Un effet thermique. Il correspond à l’apparition d’une boule de feu pouvant atteindre un diamètre de plusieurs centaines de mètres selon la puissance de l’arme. Instantanément, toutes les infrastructures et personnes présentes sous le point zéro et dans le diamètre de cette boule de feu s’enflammeraient. Une simulation réalisée dans le cadre de la Seconde conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires (Mexique, février 2014) a montré qu’une explosion d’une bombe de 50 mégatonne sur la ville de Mexico, engendrerait des brûlures jusqu’au troisième dégrée pour les personnes vivant à une distance de 55 Km du point d’impact et au second degrés à une distance de 66 Km.
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Un effet de souffle. C’est le principal élément destructeur de la bombe. L’explosion donne naissance à une onde de choc qui se déplace plus vite que la vitesse du son. C’est ce souffle qui provoquerait la majeure partie des destructions dans une ville en vaporisant littéralement immeubles et maisons. Seules des installations souterraines seraient capables de résister à une explosion nucléaire.
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Des retombées radioactives. Plus l’explosion d’une arme nucléaire est proche du sol, plus la pollution radioactive éventuelle est importante. Ces poussières radioactives, issues des différents matériaux touchés par la boule de feu, seraient alors projetées dans l’atmosphère. Les plus lourdes retomberaient sur la zone cible au bout de plusieurs heures ; les plus fines pourraient mettre des jours, voire des semaines, avant de retomber au gré des vents. De récents documents Secret Défense, rendus publics par le ministère de la défense français, viennent ainsi montrer qu’à la suite de la réalisation du premier essai nucléaire Gerboise bleu (13 février 1960) dans le désert algérien (Reggane), des retombées radioactives se sont produites sur le sud de l’Espagne et sur la Sicile. Des territoires qui se trouvent à plusieurs milliers de kilomètres du point d’explosion de cette bombe de 60 kilotonnes.
L’hiver nucléaire
La menace d’un hiver nucléaire plane toujours sur le monde, en dépit des alertes de plus en plus nombreuses lancées par la société civile depuis le début des années 1980. La prise en compte de ce risque redevient une priorité pour une majorité d’États de la communauté internationale, comme l’a montré leur forte mobilisation dans le cadre des trois conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires (Oslo en mars 2013, Nayarit au Mexique, en février 2014, Vienne en décembre 2014).
Au cour de la Guerre Froide de nombreux scientifiques se sont interrogés sur ce que deviendrait le monde après une attaque nucléaire. Mathématiciens, physiciens et climatologues soviétiques et américains se sont alors mis à intégrer différents modèles comportant des hypothèses sur le nombre d’ogives nucléaires employées, leurs cibles (villes, centre pétroliers, dépôts de munitions, centrales nucléaires), la période de la guerre (été, hiver), etc. Les premières réponses sont publiées dans la revue écologiste suédoise Ambio, en 1982 (« The Atmosphere after a Nuclear War : Twilight at Noon », de Paul Crutzen et John Birks). Les multiples calculs et théories sont catégoriques : ils montrent l’absurdité de l’utilisation des armes nucléaires, dont les conséquences climatiques seraient effroyables.
Les scientifiques nomment ce scénario l’hiver nucléaire. À la différence des explosifs conventionnels dont l’impact n’est qu’immédiat, une explosion nucléaire entraîne certes des destructions instantanées, mais poursuit son action dévastatrice dans le temps sur l’ensemble des organismes vivants. L’atmosphère au-dessus de la zone où les explosions se seraient produites se trouverait enveloppée dans un nuage de poussières radioactives pendant plusieurs dizaines de jours. Une poussière qui proviendrait des nombreux incendies provoqués par la boule de feu nucléaire. Très rapidement, cela se traduirait par un assombrissement de tout ou partie de la planète, entraînant une baisse des températures et une dégradation de la vie animale, végétale et humaine…
Les premiers calculs ne prenaient en compte que le cadre d’une guerre nucléaire majeure. Or, désormais, l’on sait, grâce aux améliorations des moyens de calculs et de recherche sur le changement climatique, que même en cas de conflit nucléaire limité (type Inde-Pakistan) voire même de l’explosion d’une très faible quantité d’armes nucléaires, c’est l’ensemble de la planète qui serait affecté.
Le rapport « Famine nucléaire : Deux milliards de personnes à risque ? », publié par l’organisation des Physiciens internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire - IPPNW, (auteur Docteur Ira Helfand) décrit ainsi qu’un conflit nucléaire, même limité à quelques échanges d’armes, provoquerait un début d’hiver nucléaire engendrant la destruction des récoltes et une grave crise alimentaire mondiale.
Le scénario est ainsi basé sur un affrontement entre l’Inde et le Pakistan : en cas d’échanges nucléaires, les particules envoyées dans l’atmosphère provoqueraient une chute de la production de riz de 21% en quatre ans et de 10% supplémentaires les six années suivantes. La production chinoise de blé plongerait, elle aussi de moitié la première année et resterait une décennie plus tard toujours à 30% inférieure à son niveau initial. La baisse des quantités de denrées alimentaires disponibles serait accentuée par l’augmentation des prix, qui rendrait ces produits inaccessibles à des centaines de millions de personnes : « Un milliard de morts dans le monde en développement est manifestement une catastrophe sans équivalent dans l’histoire humaine. Mais si on ajoute la possibilité que 1,3 milliard de personnes supplémentaires en Chine soient exposées, nous en arrivons à un point qui signifie clairement la fin de la civilisation ».
Lien du rapport « Famine nucléaire : Deux milliards de personnes à risque ? » : peaceandhealthblog.com/2013/12/10/nuclear-famine-two/
Les Hibakushas et les Vétérans des essais nucléaires
Contrairement à une pensée dominante, des milliers d’hommes et de femmes qui ont subi les effets de l’arme nucléaire ou qui sont des descendants de ceux qui les ont subies continuent à éprouver des souffrances physiques et psychologiques.
Les Hibakushas sont ces Japonais qui ont été présents au moment de l’explosion des bombes nucléaires sur les villes d’Hiroshima ou de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945. Littéralement ce terme signifie « les exposés ». Ils ont eu la chance d’y survivre. Alors bébés ou jeunes adolescents, ces hommes et ces femmes ont réussi à s’extirper des ruines de leurs villes. Mais ces Japonais ont eu très vite à faire face aux multiples maladies qui allaient les atteindre en raison de leurs expositions fortes aux retombées radioactives. L’ensemble des Hibakushas ont ainsi développé de multiples cancers : de l’estomac, de l’intestin, de la tyroïde, et même des changements pour certains de leur chromosomes… En plus de ces maladies, ils ont été sciemment écartés et discriminés par le reste de la population, qui craignait le risque de contagion. Non seulement les bombes atomiques américaines ont tué sur le coup près de 160 000 personnes, mais leurs effets se sont fait sentir à travers les générations. C’est ainsi que des enfants de troisième génération se voient atteints de maladies directement liées à ces deux journées d’août 1945.
Des milliers d’autres hommes et femmes, qui ne sont pas des survivants des bombardements atomiques, sont aussi confrontés en ce 21ième siècle aux conséquences sanitaires et environnementales des armes atomiques. En effet, les puissances nucléaires ont toutes réalisé des essais souterrains et atmosphériques (plus de 2000 depuis 1945) qui ont directement affecté des populations locales, les militaires et les civils qui travaillaient sur les programmes nucléaires militaires, mais qui ne disposaient pas de protections suffisantes.
Ces vétérans des essais nucléaires se trouvent ainsi autant chez les Néo-zélandais qui ont participé aux essais britanniques sur les sites australiens, que dans la population du Kazakhstan qui vit sur le site de Semipalatinsk, dont des lieux sont très fortement pollués ; ou encore les populations polynésiennes (atoll de Hao), les Touaregs et militaires français. Ces vétérans commencent à faire entendre leur voix à travers le monde et bénéficient selon la législation en vigueur dans leur pays de loi d’indemnisation plus ou moins importante et de droit plus ou moins aisé à acquérir. En France une loi (Loi dite « Morin ») permet à ces vétérans (le chiffre de 150 000 personnes qui ont participé aux campagnes d‘essais entre 1960 et 1996 est souvent évoqué) de faire reconnaître leur maladie, si il est établi qu’elle a été contractée en relation avec leur période de travail sur les sites nucléaires militaires. Les critères pour bénéficier de cette loi sont assez restrictifs et très peu de vétérans français ont pu être pleinement indemnisés.
Thulé, Groenland, janvier 1968
Le 21 janvier 1968, un bombardier américain s’écrase à proximité (10 kilomètres) de la base aérienne américaine de Thulé, située au Groenland, à la suite d’un incendie à bord. Ce B-52 transportait quatre bombes nucléaires d’une puissance unitaire de 1,1 mégatonne. Les explosifs conventionnels contenus dans les armes nucléaires explosèrent, mais il n’y a pas eu de réaction en chaîne, uniquement une dispersion des matières nucléaires (plutonium, tritium, uranium) sur plusieurs kilomètres carrées.
Des opérations de recherche des armes et des matières fissiles éparpillées furent immédiatement entreprises par les autorités américaines et danoises. Ainsi au moins 72 000 m3 de glace, de neige et d’eau contaminées, mêlées aux débris du crash, furent retirées pour rejoindre un site de stockage aux États-Unis, lors d’une opération qui a duré quatre mois. Les conditions de recherche furent très compliquées en raison d’un climat très froid, d’une obscurité quasi permanente et de tempêtes de neige. Plus d’un millier de personnes ont participé aux actions de décontamination et un certain nombre de travailleurs furent exposés aux déchets radioactifs engendrant de nombreux malades.
Des controverses existent sur la perte d’une des quatre bombes. Certains documents officiels faisant état de la « redécouverte » uniquement de trois des quatre bombes nucléaires ; l’une d’elle se trouverait toujours au fond de la mer de Thulé.
À la suite de cet accident, le secrétaire d’État à la Défense Mc Namara prit la décision de ne plus laisser les bombardiers voler avec des armes nucléaires à leur bord… Mais il faut croire que trente années plus tard (30 août 2007), six missiles de croisière nucléaires furent montés « par erreur» sur un bombardier B-52. Celui-ci survola le territoire des États-Unis pendant plusieurs heures sans que le pilote ne soit au courant de la réalité de sa cargaison. Après enquête, le Départements de la Défense indiqua que les normes et les procédures de manutention des armes nucléaires n’avaient pas été suivies par de nombreux personnels de l’armée de l’air…
Palomarès, Espagne 1966
Le 17 Janvier 1966, au cours d’une manœuvre de ravitaillement en vol, un bombardier américain B-52 rentre en collision avec son avion ravitailleur, un KC-135. Les deux avions explosent, projetant les 4 bombes nucléaires de type MK28 portées par le B52 en alerte nucléaire sur le petit village espagnol de Palomarès et sur ses environs.
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Deux bombes vont s’écraser au sol dispersant, suite à l’explosion de leurs explosifs conventionnels, plusieurs kilos de matières nucléaires comme du plutonium ou de l’américium.
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La troisième bombe va tomber dans le lit d’une rivière asséchée, ce qui amortit le choc et laisse la bombe dans son état quasi-intact.
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La quatrième bombe est localisée dans les profondeurs de la méditerranée. Une vaste opération de recherches va alors être mise en place. Une armada sous le nom de « Task force 65 » va rassembler plus de 3000 marins et 33 bâtiments de guerre (navires et sous-marins) pour la retrouver. Elle sera finalement localisée au bout de 81 jours, le 7 avril 1966, et remontée à la surface dans un état « parfait ».
Quelques semaines après cette catastrophe, le ministre espagnol de l’époque Manuel Fraga affirme que « tout va bien ». L’ambassadeur américain et lui-même déclarent que la population et les touristes ne courent aucun risque sur les plages espagnoles en se baignant dans les eaux “non-polluées”. En réalité il ne s’agit que de sauver l’industrie touristique espagnole alors en développement.
La conséquence directe de cet accident est que l’Espagne, non-membre de l’OTAN (elle ne le deviendra qu’en 1982), demandera l’interdiction du survol de son territoire par des appareils de cette alliance militaire. Sur le plan environnemental et sanitaire les effets vont être durables et nécessiter de vastes opérations de déblaiement. Plusieurs centaines d’hommes vont s’atteler à enlever près de 1 400 tonnes de terre, qui seront envoyées aux États-Unis et entreposées sur le site nucléaire américain de Savannah River. En 2007 le CIEMAT (organisme espagnol chargé de la surveillance des zones contaminées) réalisa diverses enquêtes destinées à détecter des niveaux anormaux de radioactivité, qui permirent de découvrir, près du site où une des deux bombes s’écrasa, 2000 mètres cubes de terre polluée, enfouie en 1966 par les soldats américains. Cette nouvelle opération de nettoyage coûta 2 millions $. Parallèlement, depuis 1966, le Department of Energy (DOE) a réalisé 4000 examens médicaux et radiologiques sur plus de 1000 personnes. Le bilan sanitaire semble bon puisque les habitants de cette zone ont une espérance de vie égale à celle des autres Espagnols.
Le Department of Energy américain a révélé récemment au grand public que la contrepartie financière versée à l’Espagne - une dette pour réparation aux dommages causés - avait pris fin en 2008. Le montant de ce régime compensatoire annuel qui a débuté en 1966/67 était de 314 000 euros. Il est possible que d’autres zones contaminées apparaissent à l’occasion de travaux de terrassement qui feraient ressortir des poussières de plutonium jusque là profondément enfouies…
Près de 25 millions de dollars seraient ainsi encore nécessaires pour terminer le retraitement de toutes ces zones, une somme que le DOE est toujours en train de négocier avec les autorités espagnoles.
Les dangers des sous-marins à propulsion nucléaire
L’opinion publique n’a aucune conscience du danger représenté par les réacteurs nucléaires embarqués sur des navires. Depuis 1954 les puissances nucléaires ont construit 502 navires de guerre à propulsion nucléaire et 767 réacteurs nucléaires ont été installés pour leur propulsion (chiffre 2002). En revanche seulement 444 réacteurs de centrales nucléaires civiles ont été créés à travers le monde sur cette même période. La France, elle, depuis le début de son programme (1970) a construit 17 navires à propulsion nucléaire (10 SNLE, 6 SNA, 1 porte-avions) nécessitant 18 réacteurs nucléaires.
Embarquer un réacteur nucléaire à bord d’un navire augmente fortement les risques d’accidents par rapport à un réacteur à terre. Les principaux risques sont :
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La perte du liquide de refroidissement est l’accident le plus fréquent à bord d’un sous-marin à propulsion nucléaire et malheureusement le plus catastrophique. Ce liquide est vital car il permet de refroidir le réacteur. En cas de fuite, des émanations mortelles de radiations peuvent se répandre à bord du navire et le réacteur peut entrer en fusion.
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Un réacteur nucléaire est différent d’une propulsion classique. On ne peut pas le mettre en route et l’arrêter de façon sûre sans précautions. À sa mise en route et lors de son arrêt, l’énergie produite doit impérativement être contrôlée. Dans le cas contraire le réacteur entrera en fusion provoquant alors une catastrophe nucléaire de type 7 sur l’échelle Inès. C’est le premier risque existant avec ce type de propulsion. De plus un arrêt intempestif du réacteur priverait le navire de sa capacité de manœuvre, il deviendrait alors incontrôlable.
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Les marins sont soumis aux risques d’une exposition aux radiations émises par le réacteur nucléaire
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La sécurité et la sûreté de la chaufferie nucléaire et des compartiments des missiles (nucléaires et conventionnels) sont intimement liées. L’explosion d’un missile (cas du sous-marin russe Koursk) provoquera un effet destructeur sur le compartiment du réacteur, en affectant directement ou indirectement l’intégrité du circuit du liquide de refroidissement primaire. Une explosion dans le compartiment du réacteur produirait une pression suffisante pour faire imploser l’étanchéité de ce compartiment et provoquer une explosion de la salle des missiles. La marine nationale indique l’existence de « trois barrières successives et étanches entre les matières radioactives et l’environnement : les gaines de combustible, le circuit primaire qui les englobe et l’enceinte de confinement qui englobe le tout ». Malheureusement, il semble que ces barrières successives et étanches seront de faibles obstacles à la puissance d’une torpille en cas de confrontation. Enfin, il est à noter, que si un porte-avions nucléaire comporte réellement trois enceintes de confinement autour de son réacteur (trois enceintes plus la coque du navire), ce n’est pas le cas dans un sous-marin, la coque constituant la troisième barrière !
La France dispose actuellement d’une flotte de 10 sous-marins (4 SNLE, 6 SNA) qui fonctionnent avec un réacteur nucléaire et un porte-avions qui est lui doté de deux réacteurs nucléaires. Le plus grave accident survenu en France fut le cas du SNA Emeraude. Le 30 mars 1994, alors en exercice, 10 marins meurent alors qu’ils inspectaient le compartiment des turbo-alternateurs où l’un des deux systèmes avait explosé.
Accident majeur entre un SNLE français et britannique, Février 2009
Le dernier accident majeur en Europe s’est produit le 3 ou 4 février 2009. Les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français, Le Triomphant, et britannique, le HMS Vanguard, sont entrés en collision dans les profondeurs de l’Atlantique. Chacun de ces bâtiments était équipé d’un réacteur nucléaire et était chargé dans le cadre de l’exercice de leur mission de dissuasion nucléaire, pour le :
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Triomphant disposait de 16 missiles M-45, emportant au maximum 96 ogives nucléaires TN-75. Chacune de ces ogives a une puissance de 150 kilotonnes.
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HMS Vanguard, selon la doctrine britannique établie en juillet 1998 dans la Strategic Defence Review, devait emporter un maximum de 48 ogives W-76 (100 kt), réparties sur un maximum de 16 missiles Trident D-II.
Le monde entier a échappé à une catastrophe nucléaire sans précédent qui aurait pu se traduire par une explosion nucléaire. Le Triomphant a pu rentrer par ses propres moyens après trois jours de navigation à sa base militaire de l’Ile Longue (en rade de Brest) malgré son sonar endommagé. Le SNLE Britannique lui, a dû finir sa mission en étant remorqué, preuve des dommages très importants.
Le ministère de la Défense français a sciemment menti lors du retour du Triomphant indiquant par une dépêche AFP que le Triomphant s’était cogné « le nez » avec un conteneur alors qu’il était en plongée en eau profonde. Il faudra attendre les révélations de journalistes britanniques 10 jours plus tard pour apprendre la vérité et pour qualifier ceci non plus d’incident mais bien d’accident.