Larissa WHEGO KENMEGNE, Cameroun, août 2014
Etude des rapports conflictuels entre communauté urbaine de Yaoundé et « sauveteurs » de marché de Mokolo : pour une sortie de crise durable.
Transformer les rapports et dynamiques conflictuelles qui sous-tendent quotidiennement la relation entre la communauté urbaine de Yaoundé et les « sauveteurs » du marché Mokolo.
Présentation générale
Le développement du secteur informel est aujourd’hui ancré dans la réalité camerounaise. Il soutient l’économie toute entière, après le secteur agricole, et c’est par lui que de nombreuses familles arrivent à vivre ou mieux, à survivre. Cependant, dans le cadre des activités commerciales ayant cours au sein de ce secteur, il faut relever un paradoxe qui se dessine un peu partout en Afrique noire, et, principalement au Cameroun. En effet, les pouvoirs publics camerounais, tout en reconnaissant l’importance des activités informelles, mènent une lutte acharnée contre les petits commerçants évoluant dans ce secteur. En ce sens, le secteur informel peut certes représenter un atout pour l’économie camerounaise mais, demeure tout de même un obstacle au recouvrement des impôts et taxes dont l’Etat a besoin pour mener à bien ses politiques publiques.
Ainsi, dans nos rues et sur nos marchés, il est fréquent de rencontrer des individus qui, participant à la vie économique du pays, sont toutefois traqués, du fait de l’illégalité des activités commerciales auxquelles ils s’adonnent. L’enjeu étant crucial, il est important de comprendre, d’analyser et enfin de trouver les conditions d’une véritable transformation des rapports et dynamiques conflictuelles qui sous-tendent quotidiennement la relations entre la communauté urbaine de Yaoundé et les « sauveteurs » du marché Mokolo.
La présente étude se veut qualitative. Aussi, la principale technique de collecte des données a été l’entretien semi-directif, un entretien mené sans standardisation des questions laissant ainsi libre cours à l’expression de l’enquêté sur tous les sujets. Le nombre total de personnes enquêtées s’élève à 15 : 13 sauveteurs (5 femmes, 5 hommes et 3 enfants âgés de 10 à 12 ans), 1 chef secteur du marché et 1 responsable de la commune d’arrondissement de Yaoundé 2. Les principales difficultés ont été liées à l’indisponibilité de certains responsables de la communauté urbaine de Yaoundé. Des recherches documentaires ont complété le travail afin d’avoir des données de seconde main. Dans ce cadre, un recours important à des ouvrages, des articles scientifiques a été fait ainsi qu’à tous les autres documents officiels se rapportant au thème de la présente étude.
1. Mise en contexte du conflit
L’actualité sociale de la capitale camerounaise, Yaoundé, a été marquée ces dernières années par les affrontements entre les vendeurs à la sauvette localement appelés « sauveteurs » et la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY). Ces oppositions ont pour principale arène spatiale le marché Mokolo, l’un des plus importants du pays. Situé au sein de la commune d’arrondissement de Yaoundé 2e (CAY 2) dans le quartier du même nom1, ce marché aurait été créé en 1949, à l’initiative d’un groupe de femmes de diverses tribus habitant les quartiers voisins2. Il s’agissait à cette époque d’un petit marché de vivres frais et secs qui, d’ores et déjà, abritait un poste de police afin d’assurer la sécurité des vendeurs. Les habitants de la zone louaient leurs vérandas à des vendeurs et des tailleurs. La première taxe à payer par chaque commerçant d’une valeur de 50 FCFA, avait été instaurée dès 1956.
L’extension du marché s’est faite dès les années 1980, sous l’action d’André Fouda, délégué du gouvernement de la CUY3 d’alors. Elle s’est caractérisée par l’expulsion des habitants du quartier afin d’agrandir le marché. Cette extension s’est accompagnée d’une modernisation des infrastructures avec la construction de hangars pour les commerçants. Toutefois, en dépit de ces dispositions et actions, la forte attraction du marché a attiré d’autres acteurs qui, à défaut d’espace ou de moyens d’acquisition des hangars construits pour le commerce, ont envahi les voies publiques ou se sont lancés dans la vente ambulante ou à la sauvette.
Cette occupation anarchique des voies publiques a entraîné au fil du temps une réaction de la CUY, avec le soutien des forces de sécurité. Cette réaction a quant à elle débouché sur des confrontations parfois violentes et brutales avec les sauveteurs. Celles-ci se sont amplifiées dès les années 2000 à la faveur de l’intensification parallèle de l’occupation de la voie publique au sein du marché. Cependant, il serait trop facile de circonscrire les facteurs à l’origine de tels conflits à un simple envahissement des voies publiques. D’autres problématiques, plus structurelles, entretiennent cette confrontation. Leur compréhension est indispensable à la recherche d’issues à ces oppositions permanentes. La présente note d’analyse examine les caractéristiques des acteurs concernés, les causes profondes à l’origine du conflit, les manifestations de la violence structurelle à l’œuvre et les leviers sur lesquels agir pour y trouver une issue. A cet effet, trois principaux outils d’analyse seront mobilisés. Il s’agit notamment de l’arbre à conflits, de la cartographie des acteurs et de l’outil PIN (Positions, Interests and Needs).
2. Cartographie des acteurs : entre hétérogénéité et complexité
Au-delà des principaux protagonistes que sont les « sauveteurs » et la communauté urbaine de Yaoundé, de nombreux acteurs interviennent dans la construction et l’expression du conflit. Il s’agit notamment de la police, des autres commerçants du marché de Mokolo, de la commune d’arrondissement de Yaoundé 2, des autorités administratives locales - notamment le préfet et le sous-préfet - et des arnaqueurs. Ces acteurs, outre les contradictions qu’ils charrient, constituent difficilement des ensembles homogènes. Il est intéressant de les décrire dans leur diversité. Ils peuvent être regroupés en deux principales catégories, les acteurs primaires et les acteurs secondaires.
Les acteurs primaires :
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Les « sauveteurs »
Le terme « sauveteurs » dérive de la notion de « vente à la sauvette » qui, dans le langage courant, désigne la vente à la volée et à la hâte de produits ou de biens commerciaux. La notion est rattachée à l’idée de clandestinité, d’absence d’autorisation. Trois éléments semblent importants à la caractérisation de cette pratique.
Le premier est d’ordre juridique c’est-à-dire que, la sauvette est associée à l’idée de la clandestinité, de l’illégalité au sens du non-respect des normes réglementaires en matière de pratiques de l’activité commerciale globalement, ou de l’occupation des espaces marchands spécifiquement. Le second élément est d’ordre opérationnel. La sauvette mobilise des techniques spécifiques qui font sa particularité. Ces techniques sont : la vente à la criée, la mobilité et le caractère expéditif de l’activité. Le troisième élément, d’ordre plus idéologique, inscrit cette pratique dans l’ordre d’une économie sociale et « populaire »4, (distincte du secteur marchand capitaliste et du secteur étatique) dans la mesure où elle permet le développement d‘activités qui fournissent un emploi à des individus que le système formel n’a pu encadrer. En effet, « échappant généralement à tout contrôle étatique et n’ayant aucun caractère officiel, les activités du secteur informel ne sont cependant ni clandestines ni criminelles même si elles se développent souvent en marge de la légalité. ».5 Dans ce contexte, la notion d’informalité associée à cette pratique ne renvoie pas à l’illégalité, mais, à l’incapacité d’inscrire cette forme d’activité dans les codes formels préétablis.
Le sauveteur devient donc l’individu qui exerce cette pratique commerciale « à la hâte », dans une forme de clandestinité mobilisant des techniques de vente tout aussi spécifiques dans leurs formes, mais aussi, dans leur précarité. En effet, localement, un sauveteur dans le marché Mokolo est un individu qui vend à la sauvette, en occupant notamment les voies publiques et présentant une bonne condition physique. Celle-ci étant indispensable en vue de lui permettre de faire face (par la fuite), aux agents chargés de les déguerpir de la voie publique. A ce titre, un chef secteur du marché nous a précisé que « pour être sauveteur il faut être jeune, c’est-à-dire avoir entre 15 et 40 ans. Mais de toutes façons, le plus important c’est de pouvoir encore courir quel que soit l’âge ».6 Par extension, tout commerçant du marché installé dans un espace non habilité à la pratique commerciale est assimilé à un sauveteur. Ces espaces outre la voie publique (trottoirs notamment) sont par exemple les parkings.
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La communauté urbaine de Yaoundé
La CUY est collectivité territoriale décentralisée créée par le décret n°87 -1365 du 24 septembre 1987. Ses limites correspondent à celles du département de Mfoundi et elle est composée de 7 communes d’arrondissement. Elle a à sa tête un Délégué du gouvernement nommé par le Président de la République. La CUY est en charge de l’aménagement du marché et de son administration (au plan fiscal notamment). Elle est responsable de la construction des infrastructures, entre les hangars et les boutiques, et de leur attribution. Son rôle s’étend également à la collecte de certaines taxes et quittances, allant au-delà de la seule location des espaces commerciaux. Elle s’occupe également du respect de la loi en matière d‘occupation de l’espace notamment, de la non occupation des voies publiques afin de limiter les embouteillages.
Ainsi, le marché mokolo est dirigé par la communauté urbaine de Yaoundé conjointement avec la commune d’arrondissement de Yaoundé 2. Cependant, « la communauté urbaine a plus de pouvoir ». En effet, pour ce qui est de l’organisation du marché, nous avons deux principales entités : les superviseurs et les chefs secteurs. Les superviseurs sont nommés par la communauté urbaine et ont pour mission, du moins en théorie, de prélever les taxes et autres quittances auprès des commerçants. Les chefs secteurs sont quant à eux élus et, ont pour mission d’octroyer les espaces destinés à la vente et de représenter les commerçants exerçants dans leur secteur7 quand le besoin se fait sentir. Ainsi, la communauté urbaine sensibilise les commerçants en général et les sauveteurs en particulier, sur la nécessité d’acquérir des espaces légaux pour l’exercice de toute activité commerciale à travers les chefs secteurs et les superviseurs.
Dans le cadre de leurs rapports aux sauveteurs, ce sont les agents de la CUY chargés du respect de l’occupation des espaces et de la collecte des taxes et autres quittances qui sont souvent au contact de ceux-ci. La distinction entre la CUY en tant qu’institution et les agents de la CUY est ici importante parce que ces derniers sont souvent à l’origine de pratiques qui contrastent avec les missions formelles de l’institution et contribuent à complexifier la nature de son intervention, ainsi que des facteurs à l’œuvre dans le développement du conflit étudié ici. Ces agents sont selon les cas, la police municipale, les régisseurs du marché ainsi que les percepteurs. Certains de ces agents sont localement appelés « Awara ». Ce terme a pour connotation une pratique de la violence dans le rapport aux commerçants, aux sauveteurs. Compte tenu de la diversité des acteurs que ce terme recouvre, nous parlerons d’« Awara » de type 1 lorsqu’il désigne ces agents de la CUY.
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La police
La police intervient dans le cadre de la préservation de la sécurité dans le marché. Il s’agit pour elle d’assurer la sécurité des personnes (commerçants) et des biens (marchandises). Les agents de la police sont très souvent associés à la CUY dans la mesure où, elle l’accompagne dans le cadre des actions de déguerpissement des sauveteurs qui occupent les espaces non appropriés à la pratique du commerce. Auprès des commerçants pourchassés, leur image est systématiquement associée à celle de la communauté urbaine si bien qu’il est difficile de saisir dans les discours de ceux-ci, l’évocation des missions initiales de la police. Il est uniquement mis en avant leur action dans le cadre des rafles et autres actions déguerpissements organisées par la CUY. Leur statut d’acteur primaire au conflit est ici lié à leur capacité de production de la violence directe. Les agents de la police aussi appelés « Awara » seront qualifiés d’ « Awara » de type 2.
Les acteurs secondaires :
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Les autres commerçants du marché Mokolo
La masse constituée des « autres commerçants » fait référence aux autres acteurs exerçant une activité commerciale dans le marché Mokolo, en se conformant aux dispositions réglementaires en la matière. Autrement dit, en occupant les espaces définis à cet effet et en s’acquittant des taxes et autres quittances relatives. Cette catégorie d’acteurs considèrent a priori les sauveteurs comme des concurrents déloyaux dans la mesure où ces derniers vendent très souvent les mêmes produits qu’eux à des prix très bas puisqu’ils ne sont pas confrontés aux contraintes formelles telles que le paiement des taxes notamment. Sur ce plan, certains d’entre eux sont favorables au déguerpissement des sauveteurs. Toutefois, cette posture n’est pas constante au sein des individus de cet ensemble. Certains d’entre eux ne supportent pas les violences et autres exactions commises à l’endroit des sauveteurs, les jugeant « extrêmes » et ne constituant pas des solutions durables au problème. Cette solidarité formelle ne se manifeste pas toujours, il convient de le préciser, par un parti pris direct lors des affrontements opposant sauveteurs et agents de la CUY.
« Parfois, quand nous sommes déconcentrés, nos frères, en voyant les awara déscendre, crient seulement Adzem ! Adzem !8 Donc, tout le monde alerte même les taximans9 et les pousseurs10 »11. Selon les propos d’un sauveteur que nous avons interrogé, il s’avère que certains autres commerçants marquent leur solidarité soit en donnant l’alerte soit lors des déguerpissements à proprement dit, en leur procurant un abri.
Il est tout de même important dans cette catégorie d‘acteurs de noter qu’ils incluent les chefs de secteur qui sont des acteurs stratégiques au niveau de l’organisation des marchés. Ils sont désignés parmi les commerçants en règle et sont chargés de maintenir en outre un dialogue avec la CUY.
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La commune d’arrondissement de Yaoundé 2
La CAY 2 a été créée en 1987 par le décret N° 87-1365 du 24 septembre 1987. Elle compte environ 18 quartiers et une population estimée en 2005 à 238 927 habitants dont 51 % d’hommes et 49 % de femmes. Elle abrite, comme précédemment précisé, le marché Mokolo. Toutefois, l’action de l’institution communale se limite, dans la gouvernance du marché, à la collecte de taxes spécifiques auprès des commerçants.
« La commune ne nous chasse pas comme la communauté urbaine. Eux, ils demandent seulement de reculer pour ne pas déranger les voitures qui veulent se garer. On a un trait qu’on ne doit pas dépasser. Mais, quand la communauté urbaine vient, même si on n’a pas dépassé le trait, ils portent la marchandise »12. A ce niveau là, la CAY 2 est clairement différenciée, par les sauveteurs, de la CUY13 dont l’action répressive ou du moins violente est un marqueur identitaire déterminant.
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Les autorités administratives (Préfet et sous-Préfet)
Les autorités administratives notamment le Préfet du Mfoundi et le sous-Préfet de l’arrondissent de Yaoundé 2 sont, au niveau local, les représentants du pouvoir étatique et sont, de ce fait, les garants de la paix sociale à cette échelle. Leur implication se fait à deux niveaux. Premièrement, dans les actions de respect de la réglementation relative à l’occupation des voies publiques. A ce niveau, leur intervention est donc en cohérence avec l’action répressive de la CUY qui poursuit des objectifs similaires. Deuxièmement, elle est présente dans les actions de concertation visant à rechercher des solutions aux escalades et affrontements. Dans ce registre, elle est plus dans la posture de l’Etat régulateur.
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Les arnaqueurs
Cette catégorie d’acteurs à la caractérisation difficile renvoie à des individus qui, sous réserve d’une protection des sauveteurs et d’une sécurisation de leurs marchandises leur demandent ou du moins, leur imposent le paiement de « taxes ». « C’est déjà un business : ils ne sont pas du métier. On ne les connaît même pas mais on est obligé de leur donner de l’argent sinon ils partent avec la marchandise. Tout le monde est awara maintenant. Mais, au moins on sait que leur jour c’est le samedi. Quand ils viennent ils crient « sécurisez vos porte monnaies » et chacun prépare déjà sa pièce de 100 FCFA »14.
Ces arnaqueurs agissent de deux façons. Soit ils se font passer pour des agents de la CUY ou de la CAY 2 ; soit ils se présentent directement comme « des protecteurs ». On est donc respectivement dans des situations de prélèvement « faussé » ou de prélèvement « forcé » selon les cas. Ces acteurs, comme nous le verrons, profitent de l’ambiance de précarité et d’insécurité constante dans laquelle vivent les sauveteurs pour agir. Cette ambiance étant liée aux descentes inopinées et violentes de la CUY. Ces acteurs correspondent aux « Awara » de type 3.
La nature des relations qui lient ces différents acteurs peuvent être de trois ordres : conflictuelle (d’opposition), collaborative et (parfois) indéterminée (donc aussi mixte). (Voir figure 1).
Un aperçu visuel de ce faisceau de relations révèle la nette prédominance des rapports de type conflictuel entre les acteurs primaires. Les sauveteurs sont très souvent opposés à la CUY et à la Police. A l’exception d’une collaboration avec la CAY 2, d’un rapport assez ambigü avec les autres commerçants et d’une coopération avec les arnaqueurs selon des modalités faussées ou forcées. Comme cela a été précédemment évoqué, les sauveteurs semblent s’inscrire dans des rapports d’oppositions vis-à-vis des autres acteurs. Ces derniers entretiennent entre eux des rapports globalement coopératifs à l’exception des arnaqueurs auxquels sont opposées les institutions identifiées ici entre la CUY, la CAY 2 et la police.
3. Causes profondes et incompatibilités du conflit.
Le conflit qui oppose au marché Mokolo, sauveteurs et CUY bien que se structurant autour de l’occupation par les premiers d’emplacements jugés inappropriés par les seconds, puise dans des causes plus profondes. Celles-ci sont socio-économiques, politiques ou encore organisationnelles.
Au plan socio-économique. Le contexte social dans lequel évolue le Cameroun est à notre avis particulièrement désastreux. De peur de plonger dans un pessimisme néfaste à toute construction de l’espoir et de l’espérance, il faudrait tout de même reconnaître les dynamiques positives par lesquelles, une sortie de crise sociale peut être engagée.
De prime abord, la réalité sociale camerounaise est marquée par un ensemble de maux qui, à eux seuls constituent de potentiels freins à toute possibilité de développement réel et durable. En effet, « on ne dénoncera jamais assez l’immobilisme d’un nombre considérable de fonctionnaires, l’absentéisme endémique, la corruption institutionnalisée du haut en bas de l’appareil de l’Etat et dont la police et la gendarmerie ne donnent une image grotesque et agaçante. »15 Malheureusement, toutes ces malversations sont encouragées par l’impunité flagrante et systémique qui se base sur des logiques « de protection tribales, politiques ou clientélistes »16
De ce point de vue, la société Camerounaise à notre avis, malgré les efforts qui sont faits, est essentiellement caractérisée par la violence tant directe que symbolique qui structure les rapports sociaux en général. La pauvreté ambiante peut être l’une des causes de ce mal être social. En effet, le chômage, la corruption, l’impunité, l’insécurité sont autant de choses pouvant justifier le développement du secteur informel dans le cadre d’un Etat qui a montré ses limites et parfois même, son inefficacité. Ainsi, « Bien que l’Etat continue à fournir une variété de services, l’accès des citoyens les plus pauvres ne s’est pas amélioré. Les attentes vis-à-vis de l’Etat ont diminué. »17
De plus, la vente à la sauvette se nourrit principalement de « l’excédent structurel de main-d’œuvre résultant de divers phénomènes tels que l’urbanisation, l’exode rural, le chômage urbain, la faible densité industrielle… »18. Il est indéniable que les politiques d’ajustement structurel (PAS) imposées par les institutions de Bretton Woods dans les années 1980 ayant eu pour conséquences la fermeture de nombreuses entreprises publiques, parapubliques et privées ainsi que la diminution des effectifs de la Fonction publique y sont pour beaucoup dans cet état des choses19.
Cependant, l’amplification du conflit qui nous intéresse ici repose sur l’augmentation constante du nombre de sauveteurs sur les marchés urbains, et particulièrement, celui de Mokolo, jugé par les populations comme présentant de nombreuses opportunités en matière de commerce. Opportunités liées à sa position géographique et partant, à sa fréquentation. Cette augmentation du nombre de sauveteurs, particulièrement des jeunes, trouve ses fondements dans l’incapacité de l’Etat à résoudre structurellement les problèmes d’emploi. Face à cet échec de l’action étatique, les populations se tournent vers la pratique d’activités commerciales s’insérant globalement dans le secteur dit informel.
Au plan politique. Le développement du secteur informel a fait l’objet de la définition de politiques spécifiques qui se sont néanmoins avérées inefficaces. Ceci du fait d’une approche particulièrement paradoxale dans la manière d’aborder le problème du secteur informel. En dépit de sa contribution réelle à l’économie, reconnue par l’Etat, le secteur informel dans lequel versent les sauveteurs fait l’objet de nombreuses attaques, via des opérations de déguerpissement comme c’est le cas au marché Mokolo. De telles initiatives prennent le pas sur la recherche de solutions plus efficaces au problème du développement informel de l’activité économique. Elles prennent corps dans une assimilation extrême du secteur informel à l’illégalité alors que celui-ci, dans bien des cas, correspond à des formes d’activités incohérentes par rapport codes économiques formels et réglementairement codifiés. L’Etat (à travers la CUY) devient donc un Etat « bourreau » qui s’acharne sur les sauveteurs, victimes circonstancielles.
Au plan organisationnel. Les causes sont de divers ordres. D’abord, c’est la gouvernance centralisée du marché, c’est-à-dire aux seules mains de la CUY, qui est mise en cause. Elle se caractérise par une absence de concertation, de co-décisions dans l’organisation du marché. En effet, « les superviseurs nommés par la communauté urbaine font maintenant tout et octroient même déjà les places alors que ce n’est pas leur rôle. Du coup les chefs secteurs qui eux sont élus par les commerçants se sentent lésés parce qu’on dirait que les superviseurs ont plus de pouvoir dans le marché. »20 Ainsi, les commerçants sont faiblement impliqués dans la gestion du marché. Plus subjectivement, c’est la personnalité du délégué du gouvernement à la CUY qui est mise en cause. Il est considéré comme « un roi qui ne négocie avec personne et impose ses décisions »21.
En outre, la légitimité de la CUY semble remise en cause par les commerçants et plus particulièrement par les sauveteurs qui lui opposent la légitimité « logique » de la tutelle de la CAY 2 sur le marché Mokolo en ces termes : « Le délégué ne négocie avec personne. Par contre, le maire a l’obligation de négocier en tant qu’élu du peuple. Dans ce sens, la mise en œuvre de la décentralisation au Cameroun pose un certain problème. »22
Ensuite, ce sont les coûts et la disponibilité des boutiques pour les sauveteurs qui sont mis en cause. L’offre de boutiques (disponibles), environ 500, semble inadaptée à la demande constituée par les sauveteurs et les autres commerçants (plus de 2 500). Dans une telle configuration, les coûts des dites boutiques deviennent élevés et peu accessibles à la majorité des sauveteurs. Cette notion d’inaccessibilité devrait néanmoins être relativisée car, se situant entre une inaccessibilité réelle et une inaccessibilité perçue ou clamée. En effet, certains chefs de secteur estiment que de nombreux sauveteurs font des bénéfices qui pourraient leur permettre d’acquérir des espaces. En outre, certains d’entre eux ont acquis des boutiques, les ont remis en location et investissent les trottoirs qui, pour eux, constituent des espaces facilitant une proximité avec le client et, permettant de ce fait la réalisation de meilleures affaires.
Enfin, plus objectivement, il se pose un déficit d’espace utile au recasement des sauveteurs au sein du marché Mokolo. Toutefois, « le délégué avait pensé recaser les sauveteurs au niveau de la zone descente mokolo élobi - marché charbon. Mais depuis là on attend. C’est vrai quand même que derrière mobile Messa on en a recasé certains qui maintenant payent 1500F de quittance mensuelle et 3000F d’impôt libératoire ». Une telle situation met en exergue les limites même de la capacité d’accueil du marché face à une forte sollicitation.
4. Analyse de la violence structurelle en présence
Avant toute chose, il convient pour nous de préciser ce que l’on désigne par « violence structurelle ». Pour ce faire, il faudrait au préalable définir ce à quoi renvoi un acte violent.
Un acte violent désigne {« tout acte intentionnel visant à assujettir autrui contre sa volonté en lui
infligeant une souffrance psychique (anxiété, angoisse, désespoir, peur, c’est‑à‑dire tout état d’âme que l’on redoute parce qu’il a pour effet de paralyser ou de détruire tout jugement ou toute décision autonome chez l’individu) ou physique (lésions et dommages corporels). »}23 Ainsi, la violence structurelle peut renvoyer à la « violence de la domination légale, c’est‑à‑dire la manière systématique dont l’autorité en place dans une structure ou une institution maintient son emprise sur une catégorie sociale (classe, groupe) en lui infligeant une souffrance psychique de sorte à entraver son émancipation. »24 Il est ici question d’opérer un véritable déplacement de regard, permettant d’inscrire les actes de violences manifestes et observables dans le cadre des relations entre la communauté urbaine de Yaoundé et les sauveteurs du marché mokolo, dans un processus de violence dont ils ne constituent que la partie cachée de l’iceberg.
Dans ce conflit, la structure est marquée par un « cycle d’échanges violents qui a pour cadre la continuité d’un rapport social dont la violence est tout entière contenue dans l’inégalité statutaire des acteurs en présence. »25 En effet, les sauveteurs sont statutairement inférieurs et faibles face à la puissance de déploiement de l’Etat local, du fait de l’illégalité qui sanctionne ce type d’activité commerciale et de leur déficit organisationnel. Cependant, l’épineuse question de la légitimité des normes juridiques se pose lorsque le contexte sociétal au sein duquel nous évoluons fait montre de violences structurelles à caractère endémique qui offrent le spectacle d’un ensemble de « représentations sociales et des pratiques illégales commises régulièrement par des citoyens ou des agents de l’état (en collusion) et n’impliquant pas de sanction pour les individus ou les forces de l’ordre. Ces violences créent un désordre caractéristique de la « violence systémique » qui pose la question de savoir comment coopérer ensemble au maintien d’un ordre social dont la légitimité ne fait plus l’unanimité. »26
Les manifestations explicites de violences sont identifiables à travers la saisine et/ou la destruction des marchandises des sauveteurs, les affrontements entre sauveteurs, policiers et agents de la CUY ou les arrestations de sauveteurs, cachent des formes de violence plus subtiles, plus structurelles. Elles se caractérisent par une marginalisation multiforme des sauveteurs, par des abus laissant cours à la corruption et, par leurs manifestations extrêmes.
La marginalisation d’acteurs économiques précis et plus globalement d’un secteur.
Les sauveteurs, perçus ici comme des acteurs du secteur informel sont mis en marge du système économique formel, du moins dans les discours officiels, du fait de la difficulté à les incorporer dans le schéma économique conventionnel. Ils sont de ce fait assimilés à des agents économiques clandestins qui ne participent pas à l’effort national en s’acquittant de droits fiscaux.
Dans les faits, les sauveteurs s’acquittent de certaines taxes auprès des agents communaux (donc dépendants de la CAY 2) et parfois des agents de la CUY27. A cela s’ajoutent les « taxes informelles » payées aux différents types d’« Awara » qui sévissent dans le marché, par le circuit de la corruption ou de l’arnaque. Cette marginalisation des sauveteurs peut justifier également l’absence ou la faiblesse d’initiatives visant à trouver des solutions à leur statut et à la facilitation de l’exercice de leur activité. Elle s’accompagne d’une forte discrimination, étant donné que les sauveteurs ne bénéficient pas des mêmes avantages (droits notamment) que les autres commerçants dans les efforts d’organisation du marché. Ils sont mis, en dépit de leur nombre, à la marge de l’animation de cet espace.
Des abus laissant cours à toute forme de corruption.
Les abus qui sont envisagés ici concernent principalement les agents de l’Etat local qui, sur le terrain vont parfois au-delà des prescriptions qui leur ont été formulées. A cet égard, un représentant de la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 2, rattaché au service du recouvrement, nous a clairement dit que chaque agent détaché sur le terrain par la commune d’arrondissement ou par la communauté urbaine recevait un ordre de mission spécifiant ses champs et domaines d’action. De ce fait, les exactions commises sur le terrain lui sont imputables dans la mesure où, c’est sa responsabilité personnelle qui est engagée et non celle de l’Etat local.
A ce titre, nous pouvons faire ressortir deux principaux éléments : d’une part, déresponsabiliser les institutions locales s’avère dangereux dans la mesure où, les écarts constatés sur le terrain ne constituent en rien des exceptions mais, au contraire des normes qui se généralisent dans l’impunité totale. D’autre part, il convient également de s’interroger sur les compétences réelles des agents mis sur le terrain et sur leur formation de base. En effet, comment comprendre qu’un sauveteur ayant demandé à voir l’ordre de mission de l’agent de la communauté urbaine ait dûfaire face non seulement au refus de celui-ci (manque de formation et de conscience professionnelle) mais aussi à des humiliations et autres violences tant psychologiques que physiques (exaction spécifique).
Face au degré de précarité de la condition de sauveteur, on imagine aisément la mise en oeuvre de pratiques corrompues dans les rapports entre les acteurs principaux identifiés. En effet, pour éviter la saisine définitive de leurs marchandises ainsi que les gardes à vues, les sauveteurs sont contraints de débourser des sommes allant de 500F à parfois 5000F auprès des catégories « Awara » de type 1 et 2. De plus, l’un d’eux nous a spécifié que le marché constitue pour tous les Awara « un champs de maïs dans lequel chacun vient se servir ». Il est commun d’assister à des scènes particulièrement étranges qui confortent cette affirmation. Des individus, sans aucun signes pouvant révéler leur identité mais reconnus par les sauveteurs comme « Awara » de type 1 (agissant pour leur compte et non au nom de la communauté urbaine) demandant à chaque sauveteur « l’argent de la cigarette28. »
Une violence structurelle aux manifestations extrêmes.
La violence structurelle adossée à la marginalisation des sauveteurs, se manifeste sous des formes parfois extrêmes. Les sauveteurs subissent un harcèlement constant des agents de la CUY, d’arnaqueurs locaux et même de la police. Elle se manifeste par la pression constante exercée sur ceux-ci qui mènent leurs activités dans une insécurité prégnante et tout aussi constante. Cette violence symbolique est un déterminant majeur qui commande également un certain nombre d’attitudes des sauveteurs.
Sur un autre plan, cette violence peut être poussée à l’extrême. En effet, les sauveteurs arrêtés (notamment les hommes) sont souvent gardés dans les mêmes cellules que des bandits de grand chemin, criminels d’un autre genre tandis que « les femmes, elles, sont gardées avec les marchandises saisies »29. Pour ce qui est du cas spécifique des mineurs, il faut préciser que « les enfants qui se baladent avec les marchandises sur la tête sont aussi menacés par les Awara. Moi, ma mère m’a dit que dès que je vois la police je cours parce qu’elle n’a pas 25 000 pour me faire sortir de la cellule »30. Dans le traitement qu’on leur réserve, les sauveteurs sont assimilés à des criminels. Dans un tel contexte, l’Etat bourreau semble exercer une pression constante sur les sauveteurs en poussant les sanctions à l’extrême.
5. Lecture des principaux enjeux dans le conflit et pistes d’action pour leur transformation.
L’arbre à conflit
L’arbre à conflit est un outil qui permet d’analyser les causes immédiates et celles dites profondes d’un conflit. Ces causes profondes constituent les leviers sur lesquels agir pour transformer les conflits. L’outil s’appuie donc sur un travail analytique. Il a été appliqué au conflit étudié ici. Il s’est agi d’opposer aux causes profondes déjà identifiées des options de réponses. Les résultats sont représentés dans le schéma ci-dessous.
Les options de réponses identifiées sont adaptées aux causes du conflit. Elles se caractérisent également par leur caractère tout aussi politique et organisationnel. Les réponses possibles concernent l’élaboration de politiques mieux ciblées afin de créer des emplois ou de susciter leur création, des actions plus concertées d’encadrement du secteur informel et de nouvelles formes, plus concertées, plus inclusives de gestion du marché. Une plus grande communication sur l’offre des boutiques dans le marché devrait, en outre, être faite afin de fournir une information fiable aux sauveteurs et autres commerçants. Il s’avère également nécessaire d’engager des réflexions, des concertations sur la recherche de nouveaux espaces de recasement des sauveteurs. Au final, ces réponses reposent sur au moins trois enjeux majeurs :
Une organisation des sauveteurs autour d’associations de défense de leurs droits qui soient crédibles et performantes dans leur capacité de dialogue.
Un changement des modes d’intervention de l’Etat dans une optique d’accroissement, de concertation et de dialogue constants.
Des modes de gouvernance à l’œuvre autour du marché Mokolo devraient être déjà revus et s’orienter vers une gouvernance plus inclusive.
Une expérience réussie visant une la sédentarisation des marchands ambulants au Sénégal s’est appuyée sur des enjeux similaires31. La résultante en est que, « à Dakar au niveau du site de Petersen, les marchands ambulants en collaboration avec la police municipale ont défini les zones où les commerçants ne doivent pas étaler leur marchandise. Les deux « polices » veillent strictement à l’application de la mesure. »32
PIN (Positions, Interests and Needs)
L’outil PIN est un modèle d’analyse reposant sur l’identification des positions, des intérêts et des besoins des acteurs. L’analyse de ces éléments caractéristiques de la posture des parties au conflit, permet de comprendre les dynamiques réelles d’une situation conflictuelle et d’en dégager les pistes possibles en vue d’une sortie de crise. L’application de l’outil à notre cas a porté essentiellement sur quatre acteurs : les sauveteurs, la CUY, les autres commerçants et la CAY 2. L’analyse de leurs positions, intérêts et besoins est résumée dans le tableau suivant.
Tableau : Positions, intérêts et besoins des principaux acteurs du conflit.
Acteurs | Position | Intérêts | Besoins |
Les sauveteurs | –Reconnaissance de leur statut de commerçant –Besoin d’exercer une activité commerciale reconnue | Vente écoulement de leurs produits | Espaces afin d’écouler leurs produits |
La CUY | Coordination et gestion du marché | Faire respecter les dispositions réglementaires d’occupation du marché | Tirer des ressources de l’exploitation du marché |
Les autres commerçants | –Opposition aux sauveteurs jugés comme n’ayant pas les mêmes charges –Solidarité passive vis à vis des sauveteurs | Vente normale de leurs produits sans subir la concurrence jugée déloyale des sauveteurs | Règles concurrentielles équitables |
La CAY 2 | Collecte des taxes communales dans le marché | –Mobilisation des ressources via les taxes communales perçues –Conquête et préservation du pouvoir par l’exécutif communal | Accroître leur emprise fiscale sur le marché |
Notes
1La CAY 2e est l’une des sept communes de la ville de Yaoundé. Elle est située au nord-ouest de la capitale camerounaise.
2Benjamin BIDJOH et Lisette TCHOMGUI, « Rapport monographique de douze marchés prioritaires du PNDRT antenne régionale d’Ebolowa », octobre 2006.
3Communauté Urbaine de Yaoundé.
4Olivier SAGA EBAD, « Économie populaire et marchande sur le marché des TIC au Sénégal : entre concurrence, complémentarité et collaboration », Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal.
5Ibidem.
6Propos recueillis lors d’un entretien avec un chef secteur du marché mokolo.
7Il existe sept secteurs au marché mokolo : habillement, sauveteurs, électroménager, produits vivriers, bouquinerie, petits métiers et gare routière.
8Expression en langue Batcham (Ouest Cameroun) qui signifie « Derrière ».
9Chauffeurs taxi.
10Personne conduisant pousse-pousse.
11Propos d’un sauveteur du marché mokolo.
12Propos d’un sauveteur du marché mokolo.
13Communauté Urbaine de Yaoundé.
14Propos d’une vendeuse à la sauvette du marché mokolo.
15Meinrad HEBGA, Afrique de la raison, Afrique de la foi , Karthala 1995, pp.78-94.
16Ibidem.
17International Crisi Group, « Cameroun : Etat fragile ? », Rapport Afrique N°160 – 25 mai 2010.
18Olivier SAGA EBAD, « Économie populaire et marchande sur le marché des TIC au Sénégal : entre concurrence, complémentarité et collaboration », Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal.
19Ibidem.
20Propos d’un chef secteur au marché Mokolo.
21Propos d’un chef de secteur du marché Mokolo.
22Ibidem.
23Jacky BOUJU et Mirjam DE BRUIJN, « Violences structurelles et violences systémiques. La violence ordinaire des rapports sociaux en Afrique », Bulletin de l’APAD [En ligne], 27-28 | 2008, mis en ligne le 20 juin 2008, Consulté le 19 juillet 2014. URL : apad.revues.org/3673.
24Ibidem.
25Ibidem.
26Ibidem.
27A titre d’exemple, un sauveteur interrogé nous a dit à ce sujet : « On paye des tickets aux agents de la commune. Même s’ils ne viennent pas tous les jours, nous donnons 200F. Même quand on présente le ticket payé aux Awara de la communauté ils nous chassent toujours. Même si je donne seulement 200 je contribue quand même à l’économie de mon pays ! »
28L’argent de la cigarette équivaut à 200 FCFA tandis que l’argent de la bière équivaut à 500 FCFA.
29Propos d’une vendeuse à la sauvette du marché mokolo.
30Propos recueillis auprès d’un vendeur à la sauvette du marché mokolo âgé de 10 ans.
31Voir Kamara O., Etude de cas sur les marchands ambulants, Streetnet, juillet 2012.
32Ibidem.