Xavier Guigue, Bruxelles, mars 2005
Israël, un Arabe crée un centre d’enseignement de la shoah
Comprendre l’histoire et l’horreur vécues par le peuple juif peut aider Israël à entendre les souffrances des palestiniens
Mots clefs : Education à la paix | Connaissance de l’histoire de l’autre | Analyser des conflits du point de vue culturel | Citoyens palestiniens pour la paix | Centre de Documentation | Israël
Khaled Mahamid est avocat, il habite Oum el Fahm, deuxième ville arabe en Israël par sa population et située en Galilée du sud. Il a décidé d’entreprendre le premier centre d’enseignement de la shoah dans le secteur arabe israélien pour aider à diffuser l’information sur la shoah vers les Arabes, et promouvoir ainsi une meilleure compréhension qui, espère-t-il, mènera à la paix et à l’égalité. Ce centre, nommé l’Institut arabe pour la recherche et l’éducation sur la shoah, est situé à Nazareth, dans une salle louée à la mairie, sur la rue principale.
Khaled Mahamid compte exposer 80 photos du musée Yad vaShem de l’histoire de la shoah, dans son centre, inauguré le même jour que le nouveau musée Yad vaShem. Il a écrit une brochure en arabe, qui contient un certain nombre de photos sur les horreurs de la shoah, et en a imprimé quelque 2.000 exemplaires. Il a également offert des bourses pour des élèves arabes désireux d’étudier le sujet, et a créé un site web.
Khaled Mahamid a 43 ans, il est marié et a un fils et une fille. Il a appris ce qu’il sait de la shoah alors qu’il était étudiant à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il pense qu’il est important que les Arabes aient ces informations. « La shoah est au coeur de la tragédie arabe et palestinienne, et quiconqueveut avoir une influence sur la politique en Israël ou auprès des dirigeants étrangers doit apprendre les faits, parce qu’ils sont la base de la politique internationale vis-à-vis d’Israël et de la région ». « Israël a été créé sur les cendres de la shoah. C’est ainsi que les Juifs, partout dans le monde, considèrent Israël, et si, en tant qu’Arabe, je ne comprends pas cela, je fais une erreur de calcul et d’opinion qui me mènera à de fausses conclusions ».
K.Mahamid estime que les Juifs, en Israël et ailleurs, à cause de leur histoire, se sentent toujours persécutés, et que cela dicte la politique d’Israël dans tous les domaines, à commencer par l’économie et la sécurité. « Comprendre cela, et le fait que la sécurité sur le plan personnel est peut-être le souci principal des Juifs, en Israël et à l’étranger, en conséquence directe de la shoah et des sentiments de persécution, est extrêmement important ».
D’après K.Mahamid, « si nous, les Arabes, pouvons dissiper ces inquiétudes et montrer de la compréhension à l’égard de ce qui s’est passé, cela pourra créer un climat propice à un véritable dialogue, où les Juifs israéliens, et en particulier les décisionnaires politiques, pourront ressentir une plus grande compréhension pour les souffrances des citoyens arabes et des Palestiniens. Cela, en retour, pourrait mener à une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien, mettre un terme à la politique discriminatoire envers les citoyens arabes en faisant accepter le fait qu’ils méritent l’égalité des droits ».
K.Mahamid pense également qu’une plus grande compréhension de la shoah et de ses leçons par les Arabes en général pourrait avoir un effet sur les dirigeants du monde qui, jusqu’aujourd’hui, évitent de faire pression pour qu’Israël se conforme aux normes démocratiques vis-à-vis de sa minorité arabe.
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