Cyril Musila, Paris, mai 2003
Dialogue
Les voies pour parvenir à la pacification de la société sont nombreuses, variées et diverses. Mais lorsque l’objectif est de reconstruire la confiance et l’estime mutuelles, la communication est la première voie de réconciliation. Pour que celle-ci soit susceptible d’améliorer les relations, elle a besoin d’un message et suppose la possibilité d’aboutir aux décisions concrètes.
Le dialogue à nouer devrait se garder de s’ériger en tribunal. L’explication fondamentale et la nécessité d’établir les vérités historiques devraient être laissées à l’institution judiciaire, pourvu que celle-ci soit à la hauteur.
Concrètement, le contenu de la réconciliation devant être la production d’une nouvelle société nationale, son plein régime suppose son institutionnalisation préalable.
La société n’est pas une ressource naturelle. Ce très précieux trésor qu’est la terre se veut avant tout une institution médiatrice ; elle implique une quête permanente de stabilité, de sécurité et de développement par concertations régulières et permanentes. Ceux des peuples qui l’ont compris prospèrent, réussissent et font l’histoire. La réconciliation doit servir d’opportunité destinée à produire, à fabriquer le bien le plus cher : la société.
Produire une société, c’est mettre une locomotive sur les rails, c’est avoir une culture de planification. La pacification de toute société en conflit passe par la résolution des problèmes de société qui entretiennent la violence structurelle : les inégalités sociales, la pauvreté, les discriminations diverses, les clivages idéologiques ou sociaux, etc.
La réconciliation se doit, par exemple, d’avoir à coeur de donner sens à l’aspiration générale à l’unité nationale dans des pays où le tribalisme et l’ethnisme ne gèrent plus personne ; de trouver les moyens d’inverser la tendance quasi inexorable de notre histoire nationale à l’affrontement, aux tragédies, aux rébellions armées et finalement, aux guerres externes ; d’inventer les moyens et le savoir de création des richesses ; de faire figurer désormais les problèmes économiques dans le débat politique, d’apprendre à fraterniser et à aimer vraiment la nation.