Jean-Marie COLLIN, Michel DRAIN, Bernard NORLAIN, Paul QUILES, France, avril 2015
Programme de simulation des essais nucléaires
Le programme de simulation des essais nucléaires français et américain
Le programme de « simulation des essais nucléaires » comporte principalement trois volets : les lasers de puissance, les calculateurs de grande puissance et les essais dits « sous-critiques ». Il s’agit d’expériences effectuées avec de petites quantités de matières nucléaires : plutonium, uranium, ne développant pas de réaction en chaîne.
La France et les États-Unis (avec une participation du Royaume-Uni) ont mis en place les trois volets de cette recherche, pour reproduire le fonctionnement d’une arme, étape par étape (pyrotechnique, nucléaire, puis thermonucléaire), à partir des données recueillies lors des essais en grandeur nature. Leur objectif est triple : assurer la fiabilité, la sécurité et pouvoir créer de nouvelles armes nucléaires.
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Pour les États-Unis, le National Ignition Facility (NIF) du Lawrence Livermore National Laboratory (Californie) est l’élément américain le plus important du programme Science-Based Stockpile Stewardship. Après 10 ans de retard (il devait être fonctionnel en 2001), les scientifiques ont réalisé la première expérience d’allumage (2013). Cette expérience est la raison d’être du NIF. Elle permettra de reproduire et d’étudier la phase de fusion nucléaire, c’est-à-dire le fonctionnement d’une arme thermonucléaire. Les expériences réalisées vont valider les différentes simulations numériques, assurant le bon fonctionnement des armes futures. Initialement, le coût du NIF devait être de 2,1 milliards de dollars, mais celui-ci s’élève désormais à̀ 3,3 milliards de dollars.
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Pour la France, ce programme a été présenté en 1993 sous le nom de « Préparation à la limitation des essais nucléaires ». Il prendra finalement le nom de programme de Simulation des essais nucléaires. Il se compose d’un supercalculateur TERA-100, d’une machine radiographique et du laser mégajoule (LMJ), situé au Barp, près de Bordeaux. Ce dernier système est une copie conforme du NIF et la pierre angulaire du programme de simulation, qui devrait permettre de reproduire et de décrypter le fonctionnement d’une arme thermonucléaire. Ces systèmes informatiques et ces lasers garantissent, selon le CEA « la fiabilité, la sûreté et les performances des têtes nucléaires sur le long terme ». Pour preuve, la France est la première puissance nucléaire au monde à avoir conçu, grâce à son programme de simulation, une ogive nucléaire, la tête nucléaire aéroportée (TNA) pour le missile de croisière ASMP-A, sans avoir pratiqué un seul essai nucléaire. Il faut remarquer que le coût du programme augmente de façon exponentielle, avec une hausse de 28 % depuis 2002, pour atteindre 6,4 milliards d’euros en 2007.
Quant à la Russie et à la Chine, nul ne doute qu’elles suivront le même chemin à court ou moyen terme, mais, pour l’instant, les informations disponibles sur leur programme respectif sont très rares.