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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche d’expérience Dossier :

, Burundi (Bujumbura), avril 2014

Apports de l’Accord d’Arusha pour la paix et la stabilité politique au Burundi

A l’approche des élections de 2015, l’impact positif de l’Accord d’Arusha signé en 2000 est toujours visible. Cette analyse s’attache à rappeler le contexte des conflits au Burundi et à la description de celui de 93. Sont ensuite présentés l’accord de paix signé en 2000 et ses apports positifs qui ont participé à la stabilité politique et la cohabitation pacifique des différentes ethnies.

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Introduction

« Le problème burundais est un paradoxe car il n’était pas réellement au début un grave problème. S’il est un pays en Afrique qui pourrait faire preuve d’une grande cohésion de par une culture commune et une histoire commune, c’est le Burundi. Cependant, en raison des manipulations coloniales et des différences idéologiques subséquentes des responsables burundais qui se sont succédés, le problème s’est davantage compliqué, touchant des millions de personnes qui ont injustement trouvé la mort et ceci a entraîné beaucoup de haine et d’amertume non seulement au niveau des groupes mais également au niveau des individus » (Président Yoweri Kaguta Museveni, Arusha, 1998).

Ce constat, que nous devons au leader actuellement le plus influent de la région des Grands Lacs, est assez révélateur des machinations machiavéliques dont souffre le peuple burundais depuis plusieurs décennies.

En effet, le Burundi a connu plusieurs crises interethniques dont les plus importantes sont celles de 1965, 1969, 1672, 1988,1991 et 1993. Ces années sont devenues des repères dans la fabrication des mémoires de la société burundaise. Le parcours rapide de l’histoire socio-politique du Burundi de 1962 à 1993 montre que les crises sont récurrentes dans cette société mais elles ne sont ni naturelles ni séculaires. Elles sont plutôt productrices des mémoires hutu et tutsi dans notre société.

La guerre civile de 1993

Trois mois après cette investiture, le 21 octobre 1993, un putsch militaire organisé par quelques éléments de l’armée nationale renverse les institutions et assassine S.E. Melchior NDADAYE, et quelques-uns de ses proches collaborateurs : : le président de l’Assemblée Nationale, Pontien Karibwami, le Vice-Président de l’Assemblée Nationale, Giles Bimazubute, le Ministre de l’Intérieur, Ndayikeza Juvénal, le Directeur de la Documentation Nationale, Richard Ndikumwami.

L’annonce de cette mort sur Radio Kigali fut le début de ce que les partis d’obédience tutsi ont appelé un génocide des Tutsi et du lynchage des Hutu qui y étaient opposés. Des régions entières connurent la purification ethnique. Des milices se créèrent : les GEDEBU (Génération démocratique du Burundi), les FDD (Forces pour la défense de la démocratie) pour le camp des Hutu et les Sans Défaite et Sans Echecs pour celui des Tutsi. Le Burundi s’enlisa dans cette situation où la peur et la suspicion de l’autre faisaient partie du menu quotidien de la population.

Quels apports de l’accord d’Arusha au Burundi ?

Après de longues et difficiles négociations, les protagonistes dans le conflit burundais ont abouti à la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Burundi le 28 août 2000 à Arusha, en Tanzanie, sous l’égide de Nelson Mandela. Dans cet Accord, on reconnaît que l’administration coloniale a joué un rôle déterminant dans le renforcement des frustrations chez les Bahutu, les Batutsi et les Batwa, et dans les divisions qui ont conduit à des tensions ethniques. (Art 2 du Chapitre Ier, Protocole I). Mais alors, les avis sont restés divergents quand il s’agissait d’interpréter les phénomènes de conflit burundais et les différents auteurs, d’où, on a prévu une commission d’enquête judiciaire internationale et de la commission nationale pour la vérité et la réconciliation afin de faire la lumière sur les phénomènes en question (Art.3 et 6, chap 1, Protocole I). Signalons en passant que le Protocole I de cet Accord de Paix parle exclusivement de la nature du conflit burundais, des problèmes de génocide et d’exclusion et de leurs solutions.

L’Accord d’Arusha entre en vigueur le 1er novembre 2001 et prévoit, en attentant des élections législatives et communales pour 2003 et présidentielles pour 2004, une période de transition de 3 ans avec pour les 18 premiers mois, le major Pierre BUYOYA à la présidence et Domitien NDAYIZEYE du Frodebu au poste de vice-président avant que les rôles ne soient échangés. L’alternance prévue fut respectée par Pierre Buyoya qui céda le pouvoir au bout de dix-huit mois.

Nouvelle donne de l’Accord

Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de Paix et de la Réconciliation au Burundi, de nouvelles règles du jeu se sont imposées d’office au Burundi. Actuellement, reconnaître son identité ethnique n’est pas une mauvaise chose. Le mal, c’est de s’en servir contre l’autre. Aujourd’hui, la peur de l’autre a disparu. Il n’y a plus d’exclusion car la cohabitation est devenue pacifique. Chacun est libre de s’installer là où il veut s’installer.

La Constitution du 18 mars 2005 s’est inspirée de l’Accord d’Arusha. L’Accord a aussi mis fin à la guerre civile et imposé les quotas ethniques par le partage de pouvoirs entre les différentes couches sociales du pays. C’est ainsi par exemple qu’au niveau de l’administration publique, il a été prévu 60% et 40% (Hutu-Tutsi) ; 50% -50% au niveau de force de sécurité ; 67%-33% de Hutu – Tutsi dans l’administration communale ; 50%-50% au sénat ; 3 Twa à l’Assemblée Nationale et au Sénat, au moins 30% de femmes dans les différentes institutions publiques et administratives.

En somme, cet équilibre est le gage de la stabilité politique au Burundi depuis l’Accord d’Arusha et ce jour, il y a eu déjà l’organisation des élections libres et démocratiques en 2005 et en 2010. Bientôt, ce sera celles de 2015.