Karine Gatelier, Grenoble, octobre 2005
La privatisation des services publics par les ONG - L’exemple du Kirghizstan
Le Kirghizstan se pose en Etat faible et se montre sans moyen pour assurer les services de base à ses citoyens. Ils ont donc été pris en charge par des ONG fortes de moyens financiers importants. Au niveau des villages, il existe donc un face-à-face entre les représentants de l’Etat et les ONG.
Représentation de l’Etat au niveau du village
Au niveau du village, le pouvoir est incarné par le président de l’exécutif villageois, assisté d’un ou deux secrétaires. Il s’occupe de l’état civil et de l’administration ; ce sont des enjeux sociaux mais pas économiques. Il est épaulé par le conseil villageois, une assemblée élue, composée d’anciens qui a une autorité réelle mais règle des affaires très modestes. Enfin il existe généralement aussi une association de jeunes (choro, du nom des compagnons de Manas, héros de l’épopée kirghize) qui s’occupent des questions de sécurité notamment lors de célébrations de mariages et de fêtes, ils veillent à ce que l’ordre public ne soit pas troublé (alcool, drogues).
Représentation des ONG
Face à eux, les chefs locaux d’ONG sont installés dans des bureaux confortables, climatisés, équipés de lignes téléphoniques. Les moyens dont ils disposent, ostensibles, nuisent à l’autorité de l’exécutif villageois.
Les ONG sont principalement suisses, et elles s’occupent du domaine économique, aidées par la Banque Mondiale, et américaines, tournées vers la société civile (démocratie, droits de l’homme, propriété privée...). Les Américains sont très peu nombreux sur le terrain, ils ont formé du personnel kirghize.
Les ONG présentes au Kirghizstan sont très nombreuses : 300 sont officiellement enregistrées seulement dans la région de Naryn.
Les services
Les institutions villageoises incarnent un Etat kirghize fantôme, impuissant, qui a abandonné aux ONG les services de base. Les représentants locaux n’ont aucun moyen pour les assurer. Ainsi sont pris en charge par les ONG :
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Les écoles : réparations et équipement ;
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L’eau et l’irrigation, l’entretien des canaux ;
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L’eau potable.
Enfin, la population n’a aucune attente vis-à-vis des prestations sociales telles que les retraites ou autres indemnités tellement elles sont basses. Elles ne contribueraient que très peu à soulager les difficultés quotidiennes. Ces prestations existent officiellement mais dans la pratique elles sont très rarement versées (1).
Commentaire
Pour prétendre construire une collectivité, cette tendance doit absolument être inversée et l’Etat doit reprendre l’initiative et la gestion des services publics.
Notes
(1)Entretien avec Svetlana Jacquesson, docteur en ethnologie, spécialiste du Kirghizstan.