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, Paris, December 2007

Entretien avec Mlle Yang yang, coordinatrice de GCAP-China à Pékin.

La GCAP - Alliance Mondiale Contre la Pauvreté en Chine - est la plus grande alliance d’acteurs de la société civile mondiale.

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En l’an 2000, 189 pays dont la Chine ont signé la déclaration du millénaire, fixant huit objectifs pour éradiquer la pauvreté :

  • Réduire l’extrême pauvreté et la faim.

  • Assurer l’éducation primaire pour tous.

  • Promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.

  • Réduire la mortalité infantile.

  • Améliorer la santé maternelle.

  • Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies.

  • Assurer un environnement durable.

  • Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

En réponse à l’objectif numéro huit, la plus grande alliance d’acteurs de la société civile mondiale a été créée en septembre 2004 à Johannesburg, l’Alliance Mondiale Contre la Pauvreté (GCAP, Global Call to Action against Poverty). GCAP regroupe des ONG, des réseaux internationaux, des mouvances sociales, des syndicats, des associations de femme et des organisations religieuses demandant aux gouvernements de joindre leurs efforts pour la responsabilité publique, une gouvernance équitable, le respect des droits humains, la justice commerciale, l’aide et l’annulation de la dette. L’égalité entre les femmes et les hommes est également affirmée comme principe essentiel pour la lutte contre la pauvreté.

Nous avons rencontré, en septembre 2007, la coordinatrice de GCAP-China à Pékin.

  • Pouvez-vous me présenter GCAP-China ?

GCAP-China a été fondée en avril 2005 par sept ONG internationales travaillant en Chine, avec pour but d’évaluer les avancées de la Chine dans la réalisation des objectifs du millénaire. En septembre 2005, nous avons organisé à Pékin la première conférence en Chine sur cette thématique, le Beijing Millenium Development Goal Forum.

  • Qui sont les membres de GCAP-China ?

Le membre le plus influent est l’ONG internationale ActionAid. Elle abrite d’ailleurs GCAP dans ses locaux. Le Comité d’organisation, constitué au départ des sept ONG fondatrices de GCAP-China, a ouvert ses portes à sept autres ONG qui avaient activement participé aux Beijing MDG Forum. Il est désormais composé des quatorze membres suivants, ONG internationales fondatrices et associations locales :

  • ActionAid China

  • VSO

  • Save the Children

  • Oxfam Hong Kong

  • Plan International

  • World Vision

  • L’armée du salut (branche de Hong kong et Macao)

  • Friends of Nature

  • Gender and Development in China

  • Mangrove Support group

  • Fuping Institution

  • Multi-cultural and Education Research Center of Beijing Normal University

  • Beijing Western Sunshine Rural development Foundation

  • China Philanthropy Times

Ces organisations décident des activités de GCAP-China, axées sur les quatre thématiques suivantes :

  • VIH/sida

  • Egalité des sexes

  • Protection de l’environnement

  • Education

A ces organisations s’ajoutent une centaine d’associations membres, la plupart étant ce que l’on appelle des grass-roots NGO, c’est à dire de petites associations locales. Elles ont été enregistrées comme membre de GCAP-China lors du forum de Pékin en 2005 et nous allons maintenant les ré-enregistrer et ouvrir notre réseau à environ 200 associations. Enfin, comme nous voulons être une plate-forme d’échange de la société civile, la participation des GONGO (ONG gouvernementales) à nos activités est actuellement en discussion.

  • Quelles sont les activités menées par GCAP-China ?

Comme je vous l’ai dit, notre objectif est d’évaluer la réalisation des objectifs du millénaire en Chine et de faire des propositions pour leur mise en place.

Les associations qui vont participer, par leurs actions, à l’instauration des ces objectifs, sont un de nos bénéficiaires, et nous leur proposons des formations pour les aider à se développer et s’affirmer dans le plaidoyer.

Nous organisons également des mobilisations à travers tout le pays, en nous appuyant non seulement sur notre réseau associatif mais aussi sur les écoles. Ainsi le 17 octobre 2006, nous avons mobilisé 100 000 personnes, autour du slogan «Tous ensemble debout contre la pauvreté». Pour souligner et renforcer ces mobilisations, nous faisons du lobby auprès des gouvernements locaux.

  • Vos activités de lobby sont-elles bien reçues par les autorités? Sont-elles efficaces ?

Le plaidoyer est un travail difficile. En 2006, des ONG environnementales se sont alliées autour du mot d’ordre suivant : «26 air conditionning» (climatisation 26), demandant aux entreprises et administrations pékinoises de ne pas baisser leurs climatiseurs sous les 26 degrés. Cette action a été un vrai succès, puisque cette demande des ONG a été traduite dans la loi par l’adoption d’une réglementation spécifique ! C’est un exemple très encourageant, mais malheureusement, ce n’est pas la règle !

La plupart des ONG chinoises sont trop faibles pour faire du plaidoyer et manquent d’informations et de données pour étayer leurs revendications. Et puis les autorités manquent de confiance. Les provinces du Guangxi et du Shaanxi ont ainsi interdit notre mobilisation «Tous ensemble debout contre la pauvreté».

  • Que signifie, pour GCAP-China, d’être membre d’un réseau international ? Qu’est-ce que cela vous apporte et que pensez-vous pouvoir apporter à ce réseau ?

Nous pensons qu’en étant membre d’une alliance internationale telle que GCAP, nous pouvons apporter notre expérience d’association dans un pays à l’état fort. Nous pouvons également être un relais pour atteindre la population sinophone, pour lui transmettre les informations diffusée par le réseau GCAP.

Enfin, nous pouvons apprendre beaucoup à travers ce réseau sur la lutte contre la pauvreté. Cette alliance est l’occasion d’un partage d’expérience très riche. Les ONG chinoises ont encore beaucoup à apprendre pour développer des activités de qualité, en terme de renforcement des capacités (capacity building), méthodes de travail, transparence financière, management, ressources humaines, fonctionnement participatif etc. Surtout pour les petites associations créées par des groupes vulnérables, telles que les associations paysannes ou de femmes se prostituant.

  • Vous parliez de la diversité de vos membres comme étant une faiblesse, quelles sont les difficultés rencontrées par GCAP-China ?

Effectivement, notre plus grande faiblesse tient à la nature même de GCAP : le nombre et la diversité de nos membres !

Comme je vous l’ai dit, nous avons comme membres des ONG internationales aussi bien que chinoises. Le problème avec les internationales, c’est que certaines ne sont pas assez flexibles. Elles ont une vision, une thématique et des valeurs qui peuvent être différente de celle des associations chinoises et manquent parfois de flexibilité dans les débats. Certaines ne désirent pas s’impliquer au delà du simple soutien technique.

Pour ce qui est des associations chinoises, elles sont plus concentrées sur les questions « de terrain » et manquent parfois d’une vision plus large des problèmes qu’elles essaient d’aborder. Elles n’ont pas l’expérience des ONG étrangères en terme de politique, ni leur puissance de plaidoyer. Cependant, le problème principale rencontré par les ONG chinoises au sein de GCAP-China est un problème récurrent des associations en Chine : leur propre développement. Les jeunes associations sont constituées de membre qui veulent juste modifier leur propre condition. Ils manquent d’une vision plus vaste de leurs problèmes et ne sont pas assez au fait des multiples déterminants à l’origine de leur situation.

  • Vous évoquez là la situation de GCAP-China, que pensez-vous, du manière plus générale, de la société civile chinoise?

Les associations sont essentielles en Chine. Le 17 octobre 2007, le gouvernement a tenu une grande conférence sur la lutte contre la pauvreté et nous a demandé de fournir un rapport sur les avancées dans la réalisation des objectifs du millénaire. La coopération entre le gouvernement et la société civile est primordiale dans un état fort : le gouvernement a besoin d’un autre regard sur les mêmes problèmes, d’un regard plus flexible, celui de cette société civile qui les inquiète autant quelle les attire.

Lors de la dernière Assemblée Nationale Populaire, des universitaires ont pu relayé auprès des parlementaires le point de vue des ONG. La question de leur enregistrement a été soulevé, malheureusement sans réponse. C’est une question primordiale pour les ONG, car même si elles peuvent avancer sans enregistrement, en s’attachant malgré tout la confiance du gouvernement comme c’est le cas pour GCAP-China, l’absence de statut légal pour beaucoup de petites associations est un frein au développement de leurs activités.