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, Paris, September 2014

Sociétés en guerre, de Rémy BAZENGUISSA-GANGA et Sami MAKKI

Ethnographie de ces mobilisations violentes que l’on nomme « guerre » ou « conflit armé ».

Keywords: | Development of methods and resources for peace | | Africa

Ref.: Rémy Bazenguissa-Ganga et Sami Makki (Dir), Sociétés en guerre. Ethnographies des mobilisations violentes, éd. La Maison des Sciences de l’homme, Coll. « Colloquium », 2013.

Languages: French

Document type:  Book

Depuis la fin de la guerre mondiale en 1945, soulignent Michel Wéry et Bernard Adam (2004) « au moins 30 millions de personnes sont mortes au cours de 300 conflits et une grande majorité d’entre elles (80 à 90 %) ont été tuées par des armes légères. Chaque année, 500 000 personnes meurent victimes d’armes légères dans le monde, soit un mort chaque minute. »1

Ce qui signifie que l’espèce humaine fait souvent l’expérience des conflits armés et des guerres. Le livre Sociétés en guerres est donc l’illustration parfaite que les guerres font partie de l’histoire de l’humanité depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Mais la guerre, disent les pacifistes, est une « histoire de fous et des sans-cœurs », au regard de la série d’injustices et de souffrances qu’accompagnent ces conflits dans les sociétés dites modernes. En Afrique, les guerres prennent souvent plusieurs formes parmi lesquelles les mobilisations violentes, les contestations électorales et les conflits contre les populations civiles qui souvent n’aspirent qu’à vivre en paix.

L’ouvrage dirigé par Rémy Bazenguissa-Ganga et Sami Makki, respectivement Directeur d’Etudes à l’EHESS et Maître de conférences en Science Politique à l’Université Panthéon-Assas, fait une ethnographie de ces mobilisations violentes que l’on nomme « guerre » ou « conflit armé ».

Cet ouvrage paru aux éditions de la Maison des Sciences de l’homme, rassemble plusieurs contributions des spécialistes en sciences sociales parmi lesquels, les sociologues, les anthropologues, les politistes. Ce livre est subdivisé en trois parties : les mobilisations violentes, vivre entre guerre et paix et les transformations globales.

1. Mobilisations violentes

Dans cette première partie, les chercheurs Jean-Pierre Chauveau, Rémy Bazenguissa-Ganga, Patrice Yengo, Etanislas Ngodi, partagent l’expérience des conflits armés en Afrique en s’inspirant de la guerre des années 2000 en Côte d’Ivoire, des années 1997-2000 au Congo-Brazzaville et de la rébellion de François Bozize en 2003 en RCA.

Ces mobilisations violentes ont des impacts politiques puisqu’il s’agissait pour certains leaders politiques africains soit de conserver le pouvoir, soit d’accéder au pouvoir. Ces mobilisations violentes prennent le peuple en otage en érigeant le tribalisme comme une « arme politique et une arme du politique »2.

2. Vivre entre guerre et paix

La paix, indique-t-on, est l’absence de guerre, mais comment peut-on vivre en guerre et en paix ?

Michael Noepals a partagé l’expérience de la Nouvelle Calédonie, tandis que Natalia Suarez Bonilla et Stellio Roland, ont évoqué le cas de la Colombie et de l’Afghanistan.

Vivre entre guerre et paix, c’est aussi une expérience que connaissent tous ceux qui sont dans l’humanitaire, en cas de conflit dans un pays.

Les populations civiles vivent avec cette angoisse d’avoir un sentiment entre la guerre et la paix. Pourtant la paix est l’antithèse de la guerre, d’où vient cette dialectique, cette opposition manichéenne entre les guerriers et les pacifistes.

3. Les transformations globales

Cette dernière partie porte sur les nouvelles normes, rassemble les contributions de Martin Lamotte, Sami Makki, sur le marché transatlantique et celle de Marc Bernardot et de Jérôme Valluy, sur la chasse aux migrants. Michel Agier a écrit sur la paix humanitaire ou la part post-coloniale et compassionnelle de la mondialisation.

Cet ouvrage de Rémy Bazenguissa-Ganga et Sami Makki, loin de s’inscrire dans un comparatisme des guerres du passé et d’aujourd’hui s’appuient au contraire sur la diversité que peut prendre une guerre notamment en Afrique où les guerres constituent aussi bien des mobilisations violentes que des guerres électorales qu’on ne connaît pas en Europe. Il faut souligner que cet ouvrage collectif rassemble les contributions des chercheurs dans le cadre du programme de recherche ANR « Transguerres ».

Lire Rémy Bazenguissa-Ganga et Sami Makki, (dir), Société en guerres. Ethnographies des mobilisations violentes, éd. La Maison des Sciences de l’homme, Coll. « Colloquium », 2013, 166 p.

Sommaire

Introduction : Ethnographies des mobilisations violentes : état d’une réflexion collective

Première partie : Mobilisations violentes

  • Jean-Pierre Chauveau, Samuel Bobo, Noël Kouassi, Koné Moussa – Milices rurales en Côtes d’Ivoire durant le conflit (zone sud) : reconceptualiser le « dispositif milicien ».

  • Rémy Bazenguissa-Ganga, Ibéa Atondi, Etanislas Ngodi, Patrice Yengo – Les « écuries » les formes d’engagement des urbains dans la guerre électorale du Congo-Brazzaville (1997-2009).

  • Marielle Debos – Quand les « libérateurs » deviennent des « bandits » : guerre et marginalisation sociale à la frontière tchado-centrafricaine.

Deuxième partie : Vivre entre guerre et paix

  • Michael Naepels – Violence segmentaire et construction de l’Etat post-colonial : conflictualité et historicité à Wakaya (HouaIlou, Nouvelle Calédonie).

  • Natalia Suarez Bonilla – Epreuves d’altérité dans les enclaves insurrectionnelles : le cas de la Colombie.

  • Stellio Rolland – Mobilisation de résistance au conflit armé dans le Nord-Ouest de la Colombie : de l’opération « communautés de paix » à la mise en place des « zones humanitaires ».

  • Guilia Scalettaris – Un emploi sensible : l’entre-deux du personnel local du HCR en Afghanistan.

Troisième partie : Transformations globales

  • Martin Lamotte – Le Vigilantisme aujourd’hui : les milices nord-américaines à la frontière mexicano-américaine.

  • Sami Makki – Le marché transatlantique de la sécurité globale : un continuum hors-limites.

  • Marc Bernardot, Jérôme Valluy – Chasse aux migrants : les nouvelles guerres de capture entre l’Europe et l’Afrique.

  • Michel Agier – La paix humanitaire ou la part post coloniale et compassionnelle de la mondialisation.

Notes

1Michel Wéry et Bernard Adam, Armes légères. Destructions massives, éd. Complexe et GRIP, p.11

2Lire Brice Arsène Mankou, « Tribalisme, in Portique, 5-2007, leportique.revues.org/1404