Fiche de document Dossier : Une révolution pour une nouvelle économie : un instrument de guerre au profit de la paix.

, Paris, avril 2009

Femmes et économie solidaire

L’économie, dans sa nature et ses pratiques, s’attache essentiellement à l’évaluation marchande des biens et des richesses et se place délibérément hors du domaine des relations familiales et sociales.

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Réf. : Isabelle Guérin, Femmes et économie solidaire. Éditions La Découverte, collection « Recherches » (Bibliothèque du Mauss), Paris, 2003.

Langues : français

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L’économie apparaît peu favorable aux femmes qui concilient vie familiale et vie professionnelle. Elles assument ainsi des responsabilités matérielles importantes, sans accéder pour autant aux mêmes droits que les hommes. Or ce constat s’établit aussi bien au Nord qu’au Sud. En conséquence, la tendance est celle d’une pauvreté qui se féminise, induite par l’inégalité des sexes.

I. Les enjeux de l’économie solidaire

Dans cet ouvrage, l’auteur Isabelle Guérin, s’est interrogé sur les formes de développement et les enjeux de l’économie solidaire. Comment ces concepts pourraient-ils mettre un terme aux inégalités entre les sexes ? À partir d’enquêtes et d’entretiens réalisés en France et au Sénégal, l’auteur analyse l’impact de la création d’entreprises collectives sur l’économie solidaire. Le monde de l’économie est confronté aux domaines sociaux et politiques. Au Nord et au Sud, on constate que les premières victimes de la pauvreté et de la précarité sont les femmes : chômage, emplois sous-payés, surendettement, statut du « chef de famille » … Face à cette féminisation des inégalités, il apparaît essentiel de trouver de nouvelles formes de solidarité.

II. Les femmes s’auto-organisent

L’exemple le plus probant est celui de l’économie solidaire. Depuis une vingtaine d’années, on constate sur l’ensemble de la planète l’adoption d’une « économie solidaire ». Cette pratique qui vise, entre autres, à démocratiser l’économie, semble offrir des solutions efficaces pour accorder une place plus importante aux femmes et lutter ainsi contre les inégalités entre les sexes. Dans les faits, les femmes sont très souvent les actrices d’initiatives d’économie solidaire. Pour cela, elles doivent faire face à des difficultés pour concilier vie professionnelle et vie familiale. Elles ont désormais des responsabilités matérielles accrues (notamment pour les familles monoparentales). Elles doivent également affronter les difficultés d’accès à la propriété ou au crédit. Pour surmonter ces contraintes, les femmes s’auto-organisent, par exemple en créant des restaurants collectifs, des petits commerces, des coopératives de producteurs ou d’artisans. Elles peuvent ainsi acquérir une certaine autonomie financière. Bien que ces actions restent limitées, il semble important de s’interroger les potentialités qu’elles offrent. Ainsi, selon l’auteur, pour tenter de réduire les inégalités entre les sexes et revaloriser la place faite aux femmes, trois éléments sont nécessaires.

III. Les services de proximité

Le premier élément nécessaire pour tenter de réduire les inégalités entre les sexes et revaloriser la place faite aux femmes est l’existence de services de proximité en matière d’accès aux droits économiques, sociaux et politiques de base. Dans la plupart des cas, ces droits sont inexistants pour les femmes, et lorsqu’ils existent, ils restent lacunaires, mal appliqués, mal connus et rarement revendiqués. C’est souvent le cas dans le cadre des activités génératrices de revenu. Si les femmes ont théoriquement le droit d’y accéder, la pratique est différente. En effet, dans la pratique, elles ont un accès limité à la propriété, au crédit, à l’éducation, etc. La réponse qu’offre l’économie solidaire consiste alors à faciliter l’accès à ces droits (microfinance, accompagnement à la création d’activités, services de santé, éducation et formation…).

IV. La socialisation des questions privées

Le deuxième élément consiste à exclure du domaine privé les compétences habituellement réservées aux femmes. Il est ici fait allusion aux soins accordés aux jeunes et aux personnes âgés. La solution proposée est collective (création de crèches, par exemple). Cette « socialisation des questions privées » passe ainsi par la création de métiers liés à ces activités. Elle permet ainsi la valorisation des compétences de chacun, hommes ou femmes.

V. La recherche d’un espace public

Le troisième élément consiste à réussir à établir des liens entre ces actions collectives et l’espace public et même politique. Ces espaces intermédiaires entre la vie privée et la vie publique permettent aux femmes de prendre conscience de leurs difficultés, et de les exprimer et de les faire entendre. Les femmes parviennent ainsi à dépasser leur propre intérêt et oeuvrent en faveur de l’intérêt collectif.

VI. L’économie solidaire pour la recherche d’une justice globale

Selon l’auteur, la pertinence de l’économie solidaire réside dans la capacité à articuler justice de proximité et justice globale. Cependant, les actions menées par l’économie solidaire restent de portée limitée. Elles sont non seulement très fragiles mais également sujettes à une récupération et une instrumentalisation par les autorités publiques. L’enjeu de la question est le suivant : ces pratiques innovantes mais disparates peuvent-elles entraîner des changements institutionnels susceptibles de déboucher sur une nouvelle articulation entre développement économique et progrès social ?

Commentaire

L’intérêt de cet ouvrage est qu’il aborde la question du rapport entre les femmes et « l’économie solidaire » comme un fait social. Toutes les dimensions sont prises en considération : le politique, le juridique, le social, le psychique, le religieux etc… En présentant dans une analyse détaillée les potentialités offertes par les nouvelles formes de l’entreprenariat collectif, Isabelle Guerin plaide en faveur de la création d’un espace intermédiaire combinant les notions d’économie solidaire et d’économie en général.

D’une écriture limpide, cet ouvrage à l’avantage de s’adresser à un public large.