Astrid Fossier, Paris, January 2008
Plaidoyer et monde associatif en Chine
Sur le chemin du progrès social, l’information du public est, selon les associations chinoises, plus importante que le changement politique.
Ref.: www.chinadevelopmentbrief.com
Languages: English
Document type:
Plaidoyer et monde associatif en Chine
Sur le chemin du progrès social, l’information du public est, selon les associations chinoises, plus importante que le changement politique.
En occident, le mouvement associatif est considéré comme un mouvement de revendication sociale. Sans forcément se considérer comme les représentants d’un contre pouvoir, les activistes associatifs mènent non seulement des actions ponctuelles mais militent également pour un changement, à long terme, des déterminants à l’origine des problèmes contre lesquels ils luttent. Leur militantisme passe presque obligatoirement par l’interpellation des pouvoirs publics.
En Chine, alors que le droit d’association n’est pas toujours respecté et que la grande majorité des associations vivent hors de tout cadre légal, qu’en est-il du plaidoyer ?
Dans un ouvrage remarquable, NGO Advocacy in China, Nick Young et son équipe de chercheurs du China Development Brief posent la question du lobby.
Dans les sociétés occidentales, le plaidoyer des ONG se situe dans un contexte politique, légal et social basé sur la confrontation : pluralisme politique, procureurs et avocats de la défense etc. Beaucoup d’associations elles-mêmes se définissent sous cet angle : anti-guerre, anti-mondialisation, anti-nucléaire. La tradition politique et culturelle chinoise ne laisse pas de place à ce type de confrontation puisque l’état fort fait appel à la stabilité sociale pour pouvoir gouverner et administrer sa large population.
China Development Brief a rencontré quarante associations chinoises afin de comprendre non pas ce qu’elles entendent par plaidoyer, son concept même étant modifié par la traduction du mot « plaidoyer » ou « lobby », mais plutôt d’apprécier la façon dont elles se considèrent et dont elles envisagent leur rôle dans la société chinoise, comme moteur de ses changements. Parmi ces quarante associations, dix sont des GONGO (ONG gouvernementales), dix autres sont des associations professionnelles actives dans les domaines commerciaux et industriels, les vingt autres sont des associations « auto-formées », appelées grassroots NGO, certaines d’entre elles étant enregistrées tandis que d’autres travaillent sans aucun statut légal.
Quel que soit le statut, le domaine d’action ou la proximité entre le gouvernement et l’association, aucune des organisations interviewées n’a exprimé de sentiment dissident. Si cela peut-être le fait d’une réserve voir d’une méfiance, il n’en reste pas moins que la plupart de ces associations, et notamment celles « auto-formées », ont exprimé leur désir de travailler de façon constructive avec le gouvernement, la promotion d’une « société harmonieuse » étant évoqué comme un objectif commun. Ainsi, la majeure partie des associations pense que renforcer les connaissances du public et son intérêt pour les questions de société est une meilleure voie pour le progrès social que le changement de la politique de l’état. Quant aux associations qui se sont elles-mêmes définies comme « lobbyistes », elles donnent au plaidoyer la définition suivante : « Disséminer nos idéaux à l’extérieur (…) militer pour nos idéaux les plus essentiels afin de guider le progrès social ».
Nick Young et son équipe concluent ce rapport par un ensemble de recommandations parmi lesquelles celle de renforcer les échanges entre les associations et les autorités, rapprochement nécessaire pour permettre à chacun de définir ensemble l’espace associatif au sein de la société chinoise.
Commentary
Un ouvrage remarquable et extrêmement didactique qui, à travers cette question du plaidoyer, nous présente le regard que les associations chinoises portent sur elles-mêmes et leur identité.