Paris, septembre 2007
Leçons pour la Paix
Il n’y aura pas de paix possible sans la reconnaissance des erreurs. Le dialogue des religions devrait encourager la voie de la modernisation et de la paix.
Réf. : Pierre Chaunu, les éditions du cerf, Paris 2006
Langues : français
Type de document :
Ce livre veut être une contribution de l’auteur à ce qu’il estime être le défi le plus urgent de l’humanité : la paix. Selon Pierre Chaunu, la paix passe aujourd’hui par la réconciliation des croyants des grandes confessions.
Toute au long de cet ouvrage l’auteur essaye d’analyser ce qui complique et rend difficile les rapports entre les traditions judéo-chrétiennes et les pays de confession musulmane.
Dans une première partie, le livre nous montre que l’usure du modèle occidental de prospérité devrait nous obliger à nous poser les vraies questions pour éviter de tomber dans des erreurs faciles d’analyse, tandis que la religion est considérée à tort comme la cause principale.
Dans une deuxième partie, l’auteur nous donne un aperçu historique qui nous aide à comprendre la réalité d’aujourd’hui. Un rappel des principes de paix qui fondent les trois grandes religions monothéistes démystifie l’idée de religion comme cause principale de conflit.
Le livre termine avec une réflexion plus ponctuelle sur le « conflit endémique » qui touche le Moyen-Orient. La « nouvelle croisade » contre le mal en Irak, en Afghanistan, aux frontières du Pakistan, de l’Iran, d’Israël, et jusque dans les banlieues des grandes métropoles occidentales est le symptôme le plus évident de l’échec de l’humanité à vivre en paix.
Le développement est, selon l’auteur, l’arme privilégiée pour rebâtir la confiance et reconstruire la paix.
Commentaire
Religion facteur de paix ou facteur de guerre?
Le fait de savoir si oui ou non la religion, dans sa conception « spirituelle ou métaphysique », est un facteur de paix ou de guerre, cache en réalité la vraie question de fond qu’est en réalité celle de comprendre à quelles conditions la religion devient potentiellement un élément de conflit (ou de pacification).
Le sentiment religieux et l’acte belliqueux
À un premier regard, le sentiment religieux pourrait sembler agir comme un puissant moyen pour dépasser « l’incertitude d’un acte de guerre » en procurant une bonne conscience absolue, celle de se ranger du côté du bien et de lutter contre un mal absolu. L’acte belliqueux se situe alors dans le cadre d’une certitude transcendantale de vérité. La lutte de Bush contre l’axe du mal nous a fatalement reproposé les anciennes catégories du Bien et du Mal chères à une certaine conception de la religion qui prône une division nette et non nuancée entre c’est qui est bien (suivre la parole de dieu) et c’est que est mal (par exemple pécher).
Le message chrétien
Le message chrétien, comme celui des autres grandes religions monothéistes, vise à l’universalisme et à la spiritualité, mais il peut aussi avoir un caractère sectaire qui le conduit à exclure et à combattre des infidèles, des hérétiques.
Politique et religion
Si donc le respect des libertés personnelles, la séparation de la politique et de la religion et la non-violence sont des valeurs évangéliques primordiales, et la compassion et l’amour constituent le message central des religions, alors quand et comment la religion s’ajoute ou est à l’origine d’une guerre ou d’un conflit ?
les véritables factuers de guerre
Même si probablement les véritables facteurs de guerre doivent se trouvent ailleurs (l’humiliation l’attachement au territoire, l’injustice…la volonté de contrôler les ressources…) on peut aussi comprendre comment il peut être réconfortant d’envelopper le recours à la violence par une motivation religieuse. Comme si la violence et la guerre, qui sont insupportables à la plupart des êtres humains deviendraient d’un coup légitimes par un objectif ou un destin supérieures. Il n’est donc pas étonnant que la religion apparaisse comme une des justifications les plus fréquentement utilisée lors d’une conflit.
Les religions, la violence et le fondamentalisme
Toutes les religions ont été confrontées à la violence et à sa « légitimation ». Et cela est d’autant plus vrai quand, dans l’Église, la religion a été mise progressivement au service du pouvoir.
Très cité aujourd’hui est le phénomène du « fondamentalisme » qui tend à transformer le sentiment religieux en intolérance. Ce phénomène peut, à mon avis, être défini comme le frein à la sécularisation de la société. Dans le fondamentalisme, la tradition et la religion sont utilisées pour freiner la libéralisation de la société.
Les fondamentalistes veulent ouriliser la tradition pour la transformer en une sorte de monument immuable.
Les groupes fondamentalistes ont acquis aujourd’hui une nouvelle légitimation et une grande popularité dans un contexte d’inquiétude sociale croissant. Alors que se développait une pensée qui défendait la laïcité de la société comme étant un lieu propice à un message spirituel fondé par exemple sur la solidarité sociale et le respect, la droite religieuse au contraire a voulu faire renaître une vieille tradition d’invocation de la divinité et de la valorisation de la pratique religieuse dans le discours public (voire le discours américain de Georges Bush). Les évangélistes aux Etats-unis, par exemple, ont trouvé dans le Président américain un symbole parfait. Les ambitions politiques sont satisfaites et la religion vient au secours du pouvoir pour l’asservir et en acquérir au même temps.
Quel message de paix?
La religion comme facteur intrinsèque de paix
En conclusion nous pouvons affirmer que bien qu’il existe un message qui invite les humains à un idéal utopique de paix et amour, difficile à atteindre, ce même message est récupéré et mis au profit de causes politiques pour satisfaire des intérêts de pouvoir. Cela dit il faut aussi reconnaître que les grandes justifications laïques de la violence, dans des sociétés qui se sont donné comme programme d’éliminer toutes les religions, ont produit des résultats d’une ampleur catastrophique inégalée.
L’auteur nous propose donc de redécouvrir la religion comme facteur intrinsèque de paix et il nous suggère de ne pas interpréter les conflits modernes comme essentiellement d’origine religieuse. Selon l’auteur, le choc des civilisations n’est pas à l’ordre du jour et si c’est le cas, la religion, n’y est pour rien. C’est essentiellement une question de sous développement économique qui est à l’origine des principaux problèmes entre l’Occident et l’Orient. Et si on souhaite ouvrer à la construction de la paix, il faut que nous portions toute notre attention à l’aide au développement.