Fiche de document Dossier : Le Tigre et l’Euphrate, conflictualités et initiatives de paix.

, Paris, avril 2007

Les Irakiens ont soif d’eau et d’électricité

L’absence des services publics de base à Bagdad et dans les grandes villes d’Irak - eau et électricité au premier chef - alimente le mécontentement et donne lieu à des manifestations.

Mots clefs : L'infrastructure au service de la paix | Partage équitable de l'eau | La responsabilité des autorités politiques à l'égard de la paix | Conflit irakien | Irak

Réf. : Dan Murphy « Iraqis thirst for water and power », Christian Science Monitor, 11 août 2005

Le mécontentement de millions d’Irakiens augmente de jour en jour et est du à l’absence ou l’insuffisance des services de base, essentiellement l’eau et l’électricité. Ceci est, en grande partie, provoqué soit par la vétusté des réseaux soit par le sabotage.

En août 2005, dans la ville chiite de Samawa, à 225 km au sud de Bagdad, des manifestations contre le chômage et les fournitures insuffisantes d’eau et d’électricité, ont donné lieu à des émeutes devant les bureaux du gouverneur. Un millier de personnes ont renversé et brûlé un véhicule de la police. Celle-ci a fait usage de ses armes tuant un manifestant.

Pour montrer combien cette question est devenue importante et sensible, il suffit de noter que, suite à ces événements, le Premier Ministre chiite, a dépêché dans la hâte, dès le lendemain, une délégation qui a rencontré le conseil Provincial, convoqué, lui aussi, dans la précipitation. Le gouverneur a été démis de ses fonctions.

A Bagdad même, le chef chiite Moqtada Sadr, a appelé, mi-août2005, à des manifestations populaires contre le manque d’eau et d’électricité. bien entendu, il y a là beaucoup de calculs politiques, car Sadr veut apparaître comme le défenseur des couches populaires et mettre en difficulté les opposants modérés.

Les problèmes liés à la fourniture de l’énergie électrique – se répercutent directement sur la distribution d’eau car les pompes s’arrêtent de fonctionner. Du coup, les gens n’ont plus d’eau et les rues sont inondées d’eau usée car les pompes aspirantes et refoulantes ne peuvent fonctionner. Cette situation est due à une combinaison de plusieurs facteurs : l’état de guerre, un système de distribution obsolète et non entretenu tant pour l’eau que pour l’électricité et des sabotages.

Les Américains ont alloué 19 milliards pour des projets à long terme pour l’eau et l’énergie. Mais, même quand la production d’électricité est améliorée, les sabotages ciblent les câbles et les transformateurs et la situation est inchangée pour les habitants. Sans compter que les mesures de sécurité ont fait dépenser 25 % des crédits alloués à l’eau et l’énergie. Pour les officiels irakiens et américains, le retour à la normale prendra deux ans. Ce qui n’est guère de nature à apaiser la colère des Irakiens qui souffrent dans leur vie quotidienne de ces manques. L’électricité est vitale dans ce pays où la température est très élevée et où l’air conditionnée est quasi obligatoire en ville.

Commentaire

L’eau, comme toujours dans l’Histoire des hommes, permet de juger les hommes politiques et est le signe de la présence de l’Etat. Dans la Chine ancienne, quand les inondations ne sont pas jugulées par le pouvoir, l’empereur en est rendu responsable et souvent mis à mort.. car il a fâché les Dieux qui ont envoyé le déluge !

En Irak et à Bagdad en particulier, l’eau n’est jamais bien loin car le Tigre, majestueux descendant des contreforts anatoliens turcs, traverse la capitale même si son eau doit être traitée car trop polluée par les pesticides et les engrais de l’agriculture du voisin turc. Opération impossible de dépollution en absence de courant pour alimenter pompes et autres équipements. De plus, un des tout premiers attentats après l’arrivée des Américains a visé une station d’épuration. Les insurgés savent parfaitement qu’un pouvoir acceptable par la population doit assurer la distribution de l’eau, l’évacuation des eaux usées… et ils ne veulent pas que le pays, occupé par les Américains, puisse apparaître comme « normal ».

En attendant les gens souffrent et meurent. Du fait de l’eau sale ou du manque d’eau potable.