Emilie Bousquier
Cuba, la faillite d’une utopie. Auteur : Olivier Languepin.
Un ouvrage proposant de manière lucide l’hypothèse de « la profonde crise de Cuba » comme l’échec majeur de Fidel Castro. Ce qui permet de poser la question de sa succession.
Réf. : Cuba, la faillite d’une utopie, Olivier Languepin, « Cuba, la faillite d’une utopie », Paris,Gallimard, 1999, 270 p.
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L’histoire de l’indépendance à la révolution, le socialisme à la cubaine, une économie dans la tourmente, le peuple cubain entre tensions et réconciliations et quelle transition pour Cuba ? Tout y est pour comprendre les mécanismes et les rouages archaïques qui font de Cuba ce qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle ne peut nullement devenir sans cette fameuse transition post-castriste.
Olivier Languepin alterne, dans chaque chapitre, entre une analyse critique, des coupures de journaux, des entretiens, des récits et études de personnes concernées de près ou de loin par la crise cubaine. Son ouvrage se mue alors en un raisonnement vivant et ludique.
En réalité, l’île semble vivre une délicate transition selon l’auteur. La chute de l’empire soviétique et la désintégration du COMECON n’ont pas eu raison de la révolution castriste. Malgré la terrible récession qui a frappé Cuba entre 1989 et 1993, le Líder máximo (comme il prend l’habitude de l’appeler) tient toujours solidement les rênes du pouvoir. D’ailleurs, il semble avoir renforcé son autorité en effectuant une remarquable percée diplomatique. Si l’adhésion à l’OEA est bloquée par le veto américain, l’entrée dans le groupe des pays ACP n’est qu’une question de temps (rappelons que le livre est paru en 1999).
Toutefois, malgré ces « avancées », l’auteur nous fait bien prendre conscience de la crise existant à Cuba, et à quel point nous nous trouvons face à un régime à bout de souffle. Une « période spéciale » a même été mise en place par les dirigeants cubains pour remédier à cette crise économique. Une pseudo-libéralisation économique voit alors le jour.
Mais le second problème qui pèse sur l’avenir cubain et que Languepin aborde dans son ouvrage, est celui de l’inévitable succession castriste. Selon lui, si personne n’ose évoquer l’après-castrisme, la question est dans tous les esprits. Il évoque une génération montante de technocrates et cite Carlos Lage, Ricardo Alarcon et Roberto Robaina.
Commentaire
Le constat d’Olivier Languepin est plutôt pessimiste car Cuba incarne pour lui « la faillite d’une utopie » : une économie « dans la tourmente », une société « sans certitudes » et une alternative introuvable pour une opposition dispersée.