Mouna Chidiac, Paris, janvier 2005
Les défis majeurs pour sortir l’Argentine de la crise de 2001
Restaurer la confiance brisée des investisseurs, rétablir le dialogue avec une opinion publique lassée de la classe politique, rouvrir les dossiers concernant les violations des droits de l’homme, réduire la corruption et la criminalité et relancer le Mercosur, tels sont les défis majeurs que devront relever les argentins en ce début de siècle.
L’Argentine, après avoir été un élève modèle des institutions financières internationales, est désormais devenue un cas d’école de crise économique, monétaire et financière.
La crise ouverte que connaît l’Argentine depuis décembre 2001, n’est que le produit d’une dégradation de sa situation depuis une soixantaine d’années. Des pouvoirs tour à tour conservateurs, autoritaires et dictatoriaux, le plus souvent corrompus, ont entraîné progressivement la destruction du potentiel économique et humain du pays.
Comme nous l’avons vu, à l’origine de la crise apparaît une crise d’endettement public. Cette crise de légitimité politique est allée de pair avec l’aggravation de la crise sociale liée à l’accroissement du chômage et à la diminution du pouvoir d’achat de la population.
Il est également important de mentionner que le système de caisse d’émission est un élément ayant fortement contribué à la crise. Toutefois, il n’en est pas l’unique responsable. En effet, les activités du gouvernement argentin ont également largement contribué à l’effondrement du système. L’Argentine a payé les pots cassés d’un processus de restructuration régressive du capitalisme local initié lors de la dictature militaire de 1976 et accéléré depuis 1991. Le gouvernement argentin a laissé se développer l’appauvrissement de la majeure partie de la population et s’accroître l’enrichissement d’une fraction réduite de celle-ci.
Mais ce constat n’exonère en rien le rôle du FMI, dont l’attitude inflexible a contribué à l’aggravation de la situation. En effet, il n’a pas tenu compte, dans l’adoption des plans d’austérité drastiques, des conséquences sur la population ; il a cautionné et encouragé le programme de privatisation et de libéralisation mis en place dans les années 1990, sans se soucier des fragilités qui apparaissaient déjà. Il serait néanmoins une erreur d’en faire un bouc émissaire. Cette crise a révélé la persistance d’une vulnérabilité financière qui s’était déjà traduite par de nombreuses crises de la dette dans le passé.
Depuis 2003, on a pu constater que l’Argentine commençait à sortir de sa crise et affichait une reprise économique, sous l’effet notamment de la politique de leur nouveau Président Nestor Kirchner. Néanmoins, cette récupération demeure précaire. Restaurer la confiance brisée des investisseurs, rétablir le dialogue avec une opinion publique lassée de la classe politique, rouvrir les dossiers concernant les violations des droits de l’homme, réduire la corruption et la criminalité et relancer le Mercosur, tels sont les défis majeurs que devra relever le gouvernement Kirchner afin d’instaurer une croissance durable.