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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Guatemala, décembre 2004

Guatemala après la guerre civile : le défi de construire la paix avec des personnes et des peuples profondément blessés

Le « conflit armé interne » guatémaltèque a été pour les populations mayas d’une gravité dramatique : ce sont elles qui ont compté le plus de victimes.

Mots clefs : Responsabilité sociale et exercice de la citoyenneté | Respect des Droits et résistance aux attaques contre la paix | Citoyens guatémaltèques pour la paix | Gouvernement guatémaltèque | Reconstruire la paix. Après la guerre, le défi de la paix. | Guatemala

Le conflit armé a commencé en 1960, lorsqu’un petit groupe de militaires s’est rebellé contre les généraux qui dirigeaient le pays d’une main forte, par le biais de l’autoritarisme, de la dictature et de la répression. Ils ont constitué le premier groupe guérillero de Guatemala.

À la fin des années 1970, le mouvement guérillero révolutionnaire, qui n’avait pas trouvé beaucoup de soutien chez les classes moyennes, s’est tourné vers la population maya, dont les conditions de vie étaient extrêmement précaires. Le mouvement prenait alors de l’ampleur, de plus en plus d’hommes et de femmes soutenaient la révolution, notamment chez les Mayas des hautes terres.

Le gouvernement du général Romeo Lucas Garcia a entamé alors une stratégie de répression militaire très forte contre la guérilla et contre tout ce qui lui était proche. Mais cela a produit un effet boomerang : plus la répression était forte, plus la population entrait en rébellion. Une grande partie de la population maya préférait alors soutenir la guérilla plutôt que l’armée. Entre 1982 et 1983, le nouveau chef d’État, le général Efrain Rios Mont, a porté cette opération à son paroxysme. L’armée a entrepris une stratégie militaire de répression massive par la disparition des opposants, par la torture, par des massacres, par la technique de la terre brûlée, au prix de nombreuses victimes civiles assassinées dans des conditions atroces. La violence était irrationnelle, sauvage, elle n’était plus guidée par une idéologie, elle était l’expression d’une folie meurtrière. La population maya, celle qui soutenait la guérilla, celle qui faisait de la résistance civile non armée, celle qui ne voulait pas se mêler du conflit a alors connu l’enfer.

Avant « la guerre », comme on dit ici, les populations mayas vivaient dans des conditions très difficiles : dans la pauvreté et l’exploitation économique, dans l’exclusion politique, victimes d’un système social fondé sur la discrimination… Aujourd’hui, que reste-t-il ? Quid des initiatives contre l’exclusion politique et pour la démocratie ? Quid des efforts pour se battre contre la misère et l’exploitation économique en tissant des liens de solidarité ? Où en sont les projets pour chercher un minimum de justice sociale ? Que sont devenues les organisations mayas pour le respect de leur culture ?

Les conditions de vie des populations sont vraiment restées inchangées : même s’il y a des quelques avancées dans le domaine des infrastructures et du commerce, permettant à quelques familles mayas d’accéder à un certain degré de richesse, la pauvreté, l’exclusion, la discrimination sont le lot quotidien de la majorité.

Si. Il existe un changement important. Aux problèmes datant avant la guerre sont venus s’ajouter d’autres expériences encore plus dramatiques : des milliers de morts, des disparus, des déplacés, des veuves et des orphelins, des communautés totalement disparues, des liens sociaux totalement rompus par la méfiance réciproque, des esprits habités par la peur, traumatisés…

Comment construire la paix avec des personnes, des peuples, blessés au plus profond d’eux-mêmes ? Un travail de mémoire s’impose. Pour se souvenir, peut-être pour pouvoir se réconcilier avec son passé, peut-être pour pouvoir reconstruire un avenir moins violent, plus pacifique…