Cluj, Roumanie, 2007
Défis didactiques dans la formation à la paix
Divers défis auxquels les formateurs vont faire face lors de la formation des volontaires de paix.
Mots clefs : Théorie de la non-violence | Former des volontaires de paix | Résolution non violente des conflits | Intervention civile de paix | Etablissements scolaires | Organisation non-violente
Les défis didactiques se rapportent à ce qu’il se passe dans la salle de formation.
Le premier d’entre eux : jusqu’à quel point les formateurs ont-ils développé un répertoire de pratiques, d’outils et d’activités pour former les intervenants de paix, de manière appropriée, aux fonctions qu’ils devront remplir ? Le travail de paix nécessite des connaissances interdisciplinaires et des compétences professionnelles multiples. La formation à la paix doit répondre à ces besoins. Par chance, la quantité de manuels et d’exercices de formation a rapidement augmenté ces quelques dernières années, certains d’entre eux étant disponibles dans de nombreuses langues.
Autre défi didactique : comment créer un espace qui permette aux experts de véritablement réfléchir à leurs propres pratiques ? Il semble que la communauté professionnelle des intervenants de paix développe davantage de méthodes pour partager les connaissances, les expériences et les leçons tirées. Ce mouvement conduit à une réflexion sur soi-même plus authentique et à de meilleures pratiques (1). En ce qui concerne la formation, cependant, les efforts de « formation des formateurs » qui offrent aux individus la possibilité de développer leurs capacités en tant que formateurs dans les disciplines de la construction de la paix et de la transformation des conflits sont encore peu nombreux (2). Malgré l’augmentation de la littérature théorique disponible sur ce sujet (Lederach, 1995 ; Bittl-Drempetic, 1994 ; Euli, 2004 ; cf. également Schmelzle, 2006), la réflexion sur ces pratiques de formation reste un domaine sous-exploité.
Autre défi didactique majeur : comment gérer les différents besoins et intérêts des organisateurs, des participants, des formateurs et des bailleurs de fonds impliqués dans la formation. En déterminant les différences de tous ceux qui sont impliqués dans une formation, en apprenant à vivre avec des contradictions et des paradoxes et en s’engageant à les transformer, tous les acteurs peuvent faciliter par leur action un processus de transcendance des sources de tension afin de créer un environnement d’apprentissage sain. L’expérience même de la formation consiste à vivre avec des paradoxes. Le domaine de l’apprentissage par l’expérience, en particulier, peut être résumé grâce à deux recommandations paradoxales bien connues : « Soyez spontané ! » et « Mettez l’autorité en question ! ». Soit : les participants doivent faire confiance aux formateurs lorsqu’ils sont invités à rentrer dans une zone d’inconfort pour développer leurs connaissances, leurs qualités humaines et leurs compétences pour le travail dans et sur un conflit. En même temps, les participants doivent prendre conscience de leurs propres objectifs, besoins et convictions et mettre les formateurs en question si nécessaire.
Il existe un autre défi, plus difficile à définir, au cours de la formation : la création de la beauté. Il ne s’agit pas expliquer la signification de la beauté dans le cadre de la formation à la paix ; cependant, il est utile d’exprimer le besoin de beauté dans le processus de formation. C’est la beauté qui unit l’observateur et l’observé à un niveau profond et permet à l’individu de mieux se connaître en se dotant de nouvelles capacités pour le travail de paix. Les relations humaines sont belles lorsque les individus peuvent éprouver de l’empathie les uns pour les autres qu’ils donnent à l’autre l’espace nécessaire à la réalisation plus complète de ses propres potentiels. Cultiver la beauté dans la formation à la paix, par conséquent, signifie donner aux participants l’espace nécessaire pour se connaître et connaître les autres.
Notes
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Tiré de l’ouvrage : « Formation à la paix, Formation des adultes au travail de paix et à l’intervention civile de paix lors de conflits » ; Auteurs :Robert Rivers, Giovanni Scotto, Jan Mihalik et Frode Restad. Ouvrage réalisé dans le cadre du projet ARCA. Le projet ARCA (Associations and Resources for Conflict Management Skills) a été mis en place afin de contribuer directement à l’amélioration de la qualité, contenu et méthodologies des formations à la paix et à la transformation de conflits. Le projet, financé par la Commission Européenne, Socrates/Grundtvig1, comptait avec la participation 13 organisations originaires de 11 pays européens, dont le MAN (Mouvement pour une Aternative Non-violente), France.
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(1) : Le site Web Peace and Collaborative Development en est un exemple. C’est un site de constitution de réseaux professionnel destiné à encourager l’interaction entres les individus et les organisations du monde entier qui sont impliqués dans le développement, la paix, la résolution des conflits et les domaines connexes. Ses membres sont encouragés à dialoguer et à partager leurs ressources. internationalpeaceandconflict.ning.com
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(2) : En 2006, un projet pilote pour le développement d’un programme de formation des formateurs à la transformation des conflits violents a été achevé par une équipe européenne coordonnée par l’organisation allemande de formation Kurve Wustrow.