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, San José, Costa Rica, 25 - 28 novembre 2009

Le dialogue Chine – reste du monde en tant qu’exigence pour la paix internationale

Le temple de la paix et la grande muraille.

La question de la Paix doit largement dépasser le cadre du maintien de l’ordre du monde pris en charge par les 5 pays représentés au Conseil de Sécurité de l’ONU. La guerre n’est pas le seul antonyme de la paix, il faut aussi prendre en compte le terrorisme mondialisé, les violences sociales et politiques ainsi que les peurs diffuses à l’intérieur des sociétés. Le concept de paix évolue dans le temps et il se présente sous deux formes récurrentes.

  • La pax romana repose sur un pouvoir fort et seul à gouverner un vaste territoire, apte à violemment réprimer tout soulèvement. La pax britannioca, la pax americana et la pax sinica reposent sur le même principe. C’est la paix mise en place par les pouvoirs politiques, qu’il convient d’assimiler au maintien de l’ordre. La paix inscrite au cœur du christianisme n’a pas non plus empêché les Croisades et l’Inquisition.

  • La seconde forme est celle des mouvements pacifistes structurés issus de la société civile et qui apparaissent en Occident au début du 20è siècle. Malgré leurs échecs répétés à mettre fin aux guerres, ils ressurgissent aussitôt qu’elles se terminent, témoignant du profond décalage entre les aspirations des populations et les ambitions des États-Nations.

Aujourd’hui, alors que le monde regarde la Chine comme une grande puissance, donc menaçante, voire avec une résurgence du cauchemar du « péril jaune », nous tenterons ici de faire un portrait de cette Chine et des conceptions de la paix dans sa tradition avec différentes écoles de pensée, son positionnement du point de vue gouvernemental, populaire et citoyen, son rôle attendu dans la construction de la paix du monde. Nous proposons une action concrète citoyenne dont nous sommes des acteurs actifs dans le cadre du Forum China-Europa qui se donne pour vocation de promouvoir le dialogue entre les sociétés et de les solliciter pour participer à une gouvernance citoyenne du monde, condition essentielle à la construction de la paix mondiale.

I. Positionnements de la Chine aujourd’hui : populaire, gouvernemental et citoyen

A. Chez la population jeune : une tendance montante au nationalisme

Nous avons vécu en 2008, les péripéties du parcours de la flamme olympique, surtout en Europe qui ont provoqué des tensions entre la Chine et d’autres pays tels que la France. Il y a eu aussi la tension autour du Tibet qui a aggravé la situation avec notamment le maire de Paris qui a reçu le Dalaï Lama. Au mois d’avril 2009, environ 5 à 6000 jeunes chinois qui étudiaient à Paris se sont réunis place de la Nation et place de la Bastille pour manifester leur mécontentement, les supermarchés de Carrefour ont été boycottés en Chine. En Occident, la croissance économique et la montée vertigineuse de la Chine ont fait revenir l’image du « péril jaune » du 19ème siècle. En Chine on trouve cette crainte injuste car l’image de « péril jaune » est considérée par les Chinois comme un malentendu, comme un mépris vis-à-vis du peuple chinois qui a une tradition de paix. Une sorte de sentiment collectif de revanche de la Guerre de l’Opium réveille le nationalisme chez les jeunes. Certes, nous avons raison de nous préoccuper de ce phénomène, mais nous devons tout de même veiller à ne pas tomber dans le simplisme.

Voici quelques extraits de clameurs qu’on trouve sur des sites web chinois :

  • « La guerre est la solution fondamentale de la réunification de la Chine ! » ;

  • « L’histoire de la Chine l’a maintes fois prouvé: les concessions conduisent pas à la paix, mais à l’extinction. Seule l’attaque peut ramener le monde à la paix » ;

  • « Attaquer ou non Taïwan, cela dépendra de l’intérêt pour le développement économique de la Chine. Résoudre le problème de Taiwan ne sera qu’une question du calendrier. 2008 - 2012 semble une bonne période ! » ;

  • « Que veut dire « les Chinois ne frappent pas les Chinois »? Ceux qui ont divisé la patrie peuvent-ils encore être considérés comme Chinois? La réunification est la stratégie de rajeunissement de la Chine! » ;

  • « Notre génération (née entre 1965-1980) ne permettra absolument plus que le problème de Taïwan traîne encore ! » ;

  • « Taïwan est un lieu stratégique. Entouré par de riches ressources, elle est le centre de la chaîne militaire des îles du Pacifique ouest. La réalisation rapide de la réunification permettrait à la Chine, qui n’est pas assez forte de lancer une expédition dans la région d’Asie-Orient et du Moyen-Orient, d’assurer l’entrée de ressources et la sortie de produits en sécurité sur cette voie maritime. La réalisation rapide de la réunification fera le continental comme un appui, Taïwan un porte-avions, si bien que la Chine augmentera ses capacités dans la résistance aux agressions étrangères, dans la ténacité contre les attaques, pour se donner plus du temps dans son déploiement opérationnel de l’espace et pour gagner une guerre d’agression contre la Chine. Près de 300 milliards de dollars de PIB de Taïwan sera inclus dans la Chine, quelques-uns. La puissance nationale globale (GDP) atteindra un chiffre encore plus élevé ! » ;

L’Etat chinois voudrait à la fois maitriser le degré d’agitation et renforcer l’identité chinoise de la jeunesse. Par rapport aux générations précédentes, les Chinois nés après la fin des années 70 ont vécu l’histoire de la réforme économique et l’augmentation régulière d’année en année de la production nationale. L’idéologie s’est bâtie sur le développement de l’économie et la richesse matérielle devient le critère le plus marquant de la réussite sociale à côté du pouvoir politique. Il n’y a pas de mémoire collective sur ce qui s’est passé au-delà des 20 dernières années. Si bien que bénéficiant de la croissance et de la considération du monde envers la Chine, les jeunes regagnent la confiance en l’État et ressentent une certaine fierté envers la Chine. Ce qui est paradoxal chez beaucoup, c’est qu’ils vivent à l’étranger mais restent insensibles ou aveugles à certaines questions majeures, telles que les débats sur la paix, la justice et les droits de l’homme. Les problèmes sociaux et ethniques, les conflits et violences (souvent comme une manière de revendiquer la justice par les faibles de la société en bas) émergent, mais aussitôt sont submergés par les chiffres de la croissance. La Chine devient un des pays ou le fossé entre riches et pauvres est le plus important au monde, pourtant on remarque une absence de débats publics qui appelleraient à une société plus juste et respectueuse des droits fondamentaux de l’être humain. Une des logiques de cette absence consiste en une idéologie : après le développement économique, viendra la justice sociale. La famille, l’école et les médias participent au développement d’une sorte de comportement et au renforcement d’une soumission à l’autorité étatique. La propagation vise à former des jeunes dociles, conformes aux projets étatiques, mais qui sont à la racine générateurs d’indifférence et de violences contre les autres.

B. Les gestes du Gouvernement chinois.

Conscient de la sévérité de la situation interne de la Chine, l’Etat multiplie ses efforts pour attirer et réunir sa propre population. Les JO, le 60ème anniversaire de la République populaire de Chine, l’exposition universelle de 2010… montrent la volonté de la Chine d’être la plus puissante du monde. Pendant longtemps les discours officiels se sont concentrés sur la situation interne de la Chine : « ayant un cinquième de la population du monde, si la Chine gère bien ses affaires d’État, elle est déjà capable d’assumer une responsabilité mondiale ». Mais, depuis un ou deux ans nous sommes face à un changement considérable sur le positionnement de la Chine dans le monde : avec de nouveaux concepts, elle réclame sa part des responsabilités (sans distinction claire avec le terme « devoir » ou « obligation ») dans les affaires mondiales.

Les dirigeants chinois savent maintenant adopter une perspective globale. La cérémonie du 60ème anniversaire sur la place de Tiananmen est avant tout destinée aux Chinois, Pourtant le Président Hu Jintao a mentionné un « monde harmonieux », « la paix du monde » et « les contributions de la Chine à l’humanité ».

Il est intéressant de remarquer que la responsabilité de la Chine pour la paix se dirige d’abord vers la guerre et le conflit sur les ressources naturelles et stimulés par les problèmes écologiques. Il est encore très rare qu’une rencontre ou un colloque sur la paix ait lieu en Chine, car « les intérêts nationaux sont au-dessus de tout » et les priorités de la Chine ont été longtemps le renforcement de la puissance étatique et non la paix.

En mai 2002 un colloque international a eu lieu à l’Université de Tsinghua à Pékin. Sollicité par l’University for Peace de l’ONU, le colloque s’intitulait « Prévention des conflits et construction de la paix ». Le coorganisateur chinois fut le Center for Environmental, Natural Resources & Energy Law, les participants étaient des spécialistes de l’environnement et des énergies. Si cela a été plutôt réactif vis-à-vis d’une initiative de l’UPEACE, à partir du 2006, la diplomatie chinoise a évolué, d’une approche nationale vers celle coopérative. Non seulement pour satisfaire les intérêts nationaux, mais aussi pour améliorer les intérêts mondiaux, et leur maintien. Cette nouvelle orientation nécessite bien entendu un partage de responsabilité au niveau international.

Le Premier Ministre Wen Jiabao a souligné l’an dernier : « quelle est l’essence de la voie du développement pacifique ? C’est de rechercher un environnement international pacifique pour nous développer, et notre propre développement pousse vers la paix mondiale. La voie du développement pacifique est un choix stratégique à long terme de la Chine, et il doit être respecté.

Lors du sommet sur le changement climatique de l’ONU, le Président de la Chine a insisté : « Travailler ensemble pour relever les défis du changement climatique. » D’ailleurs, le thème principal de l’exposé de M. Hu lors du sommet du Conseil de sécurité sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement était la nécessité de « travailler ensemble pour bâtir un monde avec une sécurité universelle ». En outre, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Hu a conclu son discours par une référence à l’idéal de cosmopolitisme: « Nous sommes appelés par notre temps à nous unir et à travailler ensemble pour leur bénéfice mutuel et le progrès comme les passagers d’un même bateau ».

C. La conscience citoyenne en Chine.

Il y a eu un événement pour la paix à Pékin au pied de la Grande Muraille qui a mon sens est très significatif. Il a été bien suivi par les médias les plus importants, pourtant, il n’a attiré l’attention ni des jeunes Chinois ni du monde extérieur.

Ce fut une cérémonie pour la « Déclaration de la Paix des anciens combattants chinois ». Le matin de 27 juillet 2008, trois jours avant la fête de l’Armée de la Libération, dix jours avant les Jeux Olympiques, près de 200 généraux et anciens soldats se sont réunis au pied de la Grande Muraille au Temple millénaire de la Paix, pour une « prière des anciens combattants pour la paix ». Un vieux représentant a lu la « Déclaration de la Paix » qui appelle le monde entier à la trêve globale pendant les JO comme faisaient les Grecques. De vieux soldats ont inauguré le monument de la Paix, planté l’arbre de la Paix, fait envoler des colombes de la Paix, sonné la cloche de la Paix et chanté l’Hymne de la paix.

Voici la Déclaration de la Paix :

“The 2008 Peace Declaration of Chinese Veterans.

While 2008 Beijing Olympic torch relay is proceeding around the world, we, the veterans of China, are meeting together at the Peace Temple under the Great Wall to demonstrate our wish for peace.

We appeal to the world —to accept a global armistice during 29th Olympic Games, solve disputes through negotiations, seek common ground while reserving differences, stress friendly consultation and discard power politics.

We review history in retrospect —war is human disaster, causing civilization destruction and ecological disorder; violence and terrorism are bound to doom. That is what we have learned from history and our painful experience.

We earnestly advocate —to be consistent with the nature, lay down arms, keep an open mind, love peoples all over the world, eliminate disbeliefs with frankness.

We heartily wish —to build a prosperous and harmonious world, trust each other with grace and benevolence, cooperate for mutual development, maintain and safeguard the world peace.”

Je suis frappée par ce contraste entre les 4 000 jeunes Chinois qui se réunirent sur les places à Paris et dans les grandes villes chinoises pour manifester leur nationalisme à l’occasion du parcours de la flamme olympique, et ces anciens combattants chinois qui prièrent la paix du monde entier après avoir vécu des désastres et tiré des leçons douloureuses de guerres entre les humains. Si nous revoyions les différents courants de la pensée chinois traditionnelle sur la paix, nous comprendrions mieux cette différence dans un champ croisé de paradoxes entre le réel et l’idéal, du système politique basé sur de l’historicité, de vision prioritaire et de long terme… puis nous pourrions imaginer comment parvenir à construire un monde en paix avec la Chine.

II. La paix dans les écoles traditionnelles de pensée chinoises

Dans la tradition chinoise nous pouvons relever l’idée de la paix sous différents angles en fonction des différentes écoles de pensée concernées :

  • Le Confucianisme, qui est pour la paix dans le maintien de l’ordre (c’est un peu la paix romana).

  • Le Taoïsme : la paix se conforme à la nature.

  • Les Mohistes : la paix est dans les actes des hommes.

  • Sunzi (le fameux stratège reconnu par son Art de la guerre) parlait lui des 36 arts pour gagner la guerre : la paix par les stratégies sans combattre l’ennemi mais en le contraignant à abandonner la lutte.

  • Le Bouddhisme : via la purification de l’homme c’est la paix qui est l’objectif fondamental.

  • Le pacifisme est un idéal de l’être individuel et social, de la pensée politique mais aussi une diplomatie étatique qui préconise d’ « harmoniser toutes les nations ». Il a été pratiqué et représenté dans des nominations antiques, mérites politiques, règles administratives, politiques ethniques, relations avec l’étranger.

Des poètes de l’antiquité nous ont laissé de nombreuses œuvres pathétiques contre la guerre, destructrice de l’humanité. La guerre et la mort piétinent le droit et la justice.

Quant à la gouvernance d’un pays, le Confucianisme donne son approche positive avec la Voie. « Pour garder les sujets on ne recourrait pas à la fermeture des frontières, consolider le pays ne s’appuierait pas contre les précipices, on ne se fait pas vénérer par le monde au moyen d’armes tranchantes. Qui a trouvé la Voie peut recevoir toutes les aides, celui qui a perdu la Voie a peu de recours, tellement peu que même ses parents sont contre lui. » (Mengzi ou Mencius, vol.4, Gongsunchou, xia)

Nous nous concentrons sur une des écoles, celle du Taoïsme pour être en phase avec l’aire du temps, aire écologique avec le ré-enchantement de la Nature.

L’idée taoïste de non-agir, d’absence de dispute et de valorisation de la douceur, de conservation de la féminité représente la société idéale de Laozi, fondateur légendaire de cette pensée et contemporain de Confucius : société naturelle, libre, stable, et de petite taille paisible. Tandis que Zhuangzi, son disciple, met plutôt l’accent sur l’idée de l’égalité de tous les êtres et de la vie en harmonie.

La paix de Laozi reste passive. « Les habitants de ces petits pays n’emploient pas d’arme même s’ils en possèdent 36 mille sortes ; ils ont une telle considération pour la mort qu’ils ne se déplacent pas au loin. Ils ont des bateaux, une armée et des chars, mais ne s’en servent pas ; ils se contentent de les exposer. Le petit pays préfère ramener ses habitants à réutiliser la corde comme aide-mémoire. Savourer leur nourriture, s’embellir par leurs habits, satisfaire leur logis, se contenter de leurs coutumes. Les pays voisins se voient en face, ils entendent les cris des coqs et des chiens, mais leurs habitants ne se fréquentent jamais. »

Une sobriété heureuse en paix se forme dans une réciprocité entre l’homme et la nature. Quoique cette idée risque de mener à un état de repli, nous allons survoler des idées taoïstes plus équilibrées.

A. Pacifisme et non-violence

Qui martèle sa lame et l’aiguise sans cesse ne la conservera pas longtemps. (Ch.9)

Conseillant un prince selon la Voie. On ne lui fera pas conquérir l’Empire par les armes. Cette politique se retourne souvent contre son auteur. Là où la troupe a campé croissent épines et ronces. Les grandes armées annoncent des années de disette. Contentez-vous d’une défense résolue sans prétendre conquérir de force. (…) Une défense résolue qui se bat à contrecœur. Une défense résolue sans esprit de puissance. (Ch.30)

« Des armes même belles sont des instruments de malheur ». Elles suscitent chez tout le monde la même horreur, un homme qui suit la Voie s’en détournera. (Ch.31)

Si les armes en viennent à l’affrontement, le vainqueur lui aussi versera des larmes. (Ch.69)

B. Critique de l’avidité, de la possession et des inégalités :

Quand les dignités ne vont plus au talent, les gens cessent de s’affronter ; quand les objets rares ne sont plus appréciés, les gens cessent de dérober. (Ch.3)

Qui amasse gros, perdra gros. (Ch.4)

Il n’y a pire malheur que l’insatiabilité, pire malédiction que le désir de posséder. (Ch. 46)

Les cours sont parfaitement nettes, mais les champs remplis de ronces. Les greniers parfaitement vides, mais les habits richement parés. On porte à la ceinture une épée acérée, on crève d’alcool et de bonne chère, on regorge de richesses et de biens. (Ch. 53)

Le peuple crève de faim, et ceux qui le commandent s’engraissent d’impôts. Voilà pourquoi le peuple crève de faim. (Ch.75)

La Voie du Ciel ôte au riche donne au pauvre ; la voie de l’homme au contraire, ôte au pauvre donne au riche. (Ch. 77)

C. Critique de l’autoritarisme et gouvernance via non-agir

Entretenir et ne pas assujettir, présider à la vie et ne pas faire mourir. Voilà le Mystère de la Vertu. (Ch.10)

« Bien fermer » ne pose ni verrou ni barre sans que l’on puisse ouvrir (…). Pour cette raison les Saints sauvaient les humains sans rejeter personne. Ils préservaient les êtres sans en rejeter aucun. (Ch.27)

Vouloir saisir l’Empire et le manier à son gré, je ne vois pas qu’on puisse y parvenir. L’Empire est un vase sacré, on ne le manie pas à son gré. Qui le manie court à l’échec, qui le saisit lui échappe. (Ch. 29)

L’Empire multiplie défenses et tabous, le peuple en est d’autant plus misérable. (…) Plus on voit fleurir lois et règlements, plus on récolte de voleurs et des brigands. (…) Je n’interviens pas, le peuple de lui-même mène sa vie ; je me tiens coi, le peuple de lui-même se conduit ; je n’entreprends rien, le peuple de lui-même prospère ; je me tiens sans désir, le peuple de lui-même retourne au Simple. (Ch. 57)

Un souverain débonnaire, un peuple simple et facile. Un souverain autoritaire, un peuple rusé et difficile. (Ch. 64)

L’intervention c’est l’échec, la possession c’est la perte. Qui donc voudra commander au peuple, qu’il s’abaisse en s’adressant à lui. Qui voudra prendre la tête du peuple, qu’il se mette à la dernière place. (Ch.66)

Le peuple est ombrageux, et ceux qui le commandent le harcèlent sans cesse. Voilà pourquoi le peuple est ombrageux. (Ch. 75)

D. Scepticisme sur l’affichage des intentions

Chacun de par le monde décrète le Beau, et voici venir le Laid. Chacun de par le monde décrète le Bien, et voici venir le Mal. (Ch. 2)

La parole authentique n’est pas séduisante ; la parole séduisante n’est pas authentique. (Ch.81)

Se conformer à la nature, vénérer la nature, protéger la nature et maintenir l’harmonie avec elle, toutes ces attitudes se sont transmises de génération en génération, l’homme étant un microcosme qui se connecte au macrocosme et les dix mille êtres vivant en harmonie symbiotique. Il y a là une résonance avec les concepts écologiques contemporains.

III. Proposition d’orientations et d’initiatives à réaliser en lien avec le Forum China-Europe

Ici et maintenant, d’un côté le « péril jaune » « danger supposé que les peuples d’Asie vont surpasser les Blancs et gouverner le monde » (« A supposed danger that Asiatic peoples will overwhelm the white, or overrun the world ». The Oxford English Dictionnary, second Edition 1989)hante de façon fantomatique, les âmes. Pourtant le sociologue français J. Novicow analysa déjà le phénomène en 1897 : « Le sociologue qui entend démontrer non sans ironie l’infondé des craintes du péril jaune, oriente sa démonstration sur le terrain économique plutôt que militaire ». D’un autre côté, ayant un sentiment complexe à la fois de retrouver sa dignité, de pouvoir devenir le plus puissant pays et de prendre sincèrement une responsabilité du monde, les Chinois considèrent que l’image du « péril jaune » comme un malentendu et l’image « la Chine menaçante » comme un inique jugement sur un peuple pacifique.

Que ferons nous afin de dissiper ces malentendus réciproques et d’éviter un renforcement négatif ? Le Forum China-Europa se veut une plateforme de dialogue entre les sociétés, un espace commun de réflexion sur les problèmes communs auxquels font face les sociétés, et un lieu d’agir ensemble.

L’atelier du forum sur la paix entre autres aura lieu en juillet 2010 en Chine.