Nathalie Cooren, Kligenthal, juin 2007
La nécessité d’une compréhension partagée entre citoyens et militaires des risques et des menaces sur la paix et le progrès social global de l’humanité.
Seule cette compréhension partagée peut permettre une prise de conscience du caractère indispensable des militaires dans la société (et d’octroyer par là-même, les moyens financiers nécessaires à leur action).
L’instauration d’un dialogue continu entre civils et militaires.
Civils et militaires doivent apprendre à dialoguer…
Comment pourrait-il raisonnablement en être autrement alors que « le civil prend, généralement, les grandes décisions liées à la guerre et à la paix, tandis que le militaire exécute la plupart de ces décisions ? » Les uns et les autres doivent absolument apprendre à travailler davantage ensemble, pour mieux se connaître, pour mieux se comprendre… et acquérir une perception commune des risques et des menaces sur la paix et le progrès social global de l’humanité.
Oeuvrer pour un dialogue entre militaires et civils, fondé sur le respect mutuel et la recherche de la paix, constitue donc à la fois un impératif historique et un objectif éthique et politique.
Cette perception commune, cette conscience partagée, ne saurait être possible sans, d’une part, la construction d’une relation nouvelle entre militaires et civils, capable de jeter les bases d’une paix durable (A) et d’autre part, l’intervention d’un certain nombre d’acteurs doublé du respect, par les militaires, de principes moraux de comportement démocratique (B).
A. La construction d’une relation nouvelle entre militaires et civils.
Le lien Armées – Nation est d’autant plus important qu’il touche au domaine de la défense en général (et donc de la sécurité) et de la société civile dans son ensemble (1). Ce lien revêt une importance fondamentale dès lors que nous évoluons dans un monde interdépendant aux menaces transnationales dont plus personne n’est à l’abri. Etant donné les défis en matière de sécurité internationale, les questions de sécurité et de nation s’entremêlent chaque fois plus à tel point qu’aujourd’hui, la sécurité passe aussi par la protection des citoyens (2).
Par ailleurs, les forces armées ont besoin de ressources : sans l’appui de la sphère publique, il est très dur, voire impossible de mobiliser les ressources nécessaires et de satisfaire à cette nécessité (3).
Civils et militaires doivent donc encore renforcer leurs liens (a) pour établir une relation basée sur la confiance et le respect mutuel (b) qui favorise l’intégration des militaires au sein de la société civile (c).
a. Quelle qualité du lien Armées – Nation aujourd’hui ?
Selon le Général (2S) Mompeyssin, la position juridique du soldat – professionnel ou appelé – constitue, un élément important, voire déterminant du lien Armées – Nation. A l’époque où les soldats étaient appelés (dans les années 70), il existait un sentiment très fort d’anti-militarisme au sein de la société. Tandis qu’aujourd’hui, en France par exemple, où nous avons une armée professionnelle, le lien Armées – Nation semble être « plutôt bon, bien que fragile… » (4) L’évolution des tâches incombant aux militaires, amenés à intervenir davantage dans le cadre d’opérations à l’extérieur, pour des missions essentiellement de maintien ou de rétablissement de la paix, contribue d’un côté, à une certaine admiration envers l’accomplissement de tâches honorables et d’un autre côté, au désintérêt grandissant des citoyens qui ne sont finalement pas directement concernés (5).
Il est donc impératif aujourd’hui de promouvoir et de faire évoluer les relations entre forces de sécurité et sociétés civiles, vers davantage de confiance et de respect pour éveiller un intérêt réciproque et favoriser l’intégration des militaires dans la société civile.
b. D’une relation entre militaires et civils, basée sur la confiance et le respect mutuel…
« C’est lorsque l’on avoue quand on commet des fautes et que parfois aussi, l’on réalise des choses remarquables, que ces dernières sont encore plus valorisées (6). »
Afin d’instaurer une relation de confiance et de respect mutuel entre civils et militaires, il est indispensable pour ces derniers de toujours dire la vérité, de ne jamais rien cacher. Les militaires doivent rendre compte de leurs actions, même mauvaises, s’ils veulent acquérir la crédibilité nécessaire sur le long terme ; il s’agit là de leur plus grande force. Mais ce n’est pas toujours facile… Prenons l’exemple survenu l’an passé, d’un Ivoirien assassiné dans un blindé français : l’auteur des faits affirmait avoir agi sous ordre de son Colonel lequel disait avoir reçu des ordres de son Général. Il a été décidé de porter l’affaire sur la place publique et d’expliquer que « peut-être des ordres avaient été donnés qui n’auraient pas dû être donnés… » (7)
Cela ne signifie pas que les militaires sont tenus de tout dire. En effet, ils peuvent être amenés à taire certaines choses, notamment s’il s’agit de protéger le secret et donc le succès d’une opération. Il est important de rappeler que si les militaires communiquent, s’ils donnent des informations, ils le font pour la bonne entente et parce qu’ils savent que cela est important, mais ils n’y sont aucunement obligés (8). Un exemple concret : en mars 1993, en Bosnie, dans le bataillon où se trouvait le Colonel Cotard, des journalistes voulaient faire un reportage. Le Colonel savait que des hélicoptères français devaient arriver le lendemain midi et se poser sur le bataillon. Il n’a rien dit, pour des raisons de sécurité, car il était impératif que personne ne puisse anticiper ce qui se passait sur place. En revanche, il a été demandé aux journalistes de rester jusqu’au lendemain midi. De cette façon, le secret de l’opération a été protégé et les journalistes ont finalement pu obtenir les informations qu’ils étaient venus chercher.
Par ailleurs, confiance et respect passent par la connaissance mutuelle : les militaires doivent donc également communiquer avec la population afin de lui expliquer en quoi consistent leurs nouvelles tâches, leurs nouvelles missions à l’époque moderne et de lui montrer qu’ils sont prêts à s’adapter aux nouvelles nécessités. Il est essentiel que le public comprenne à quel point il est absolument nécessaire de disposer d’une défense nationale… (9) Car de cette compréhension dépend entre autres, la qualité du lien Armées – Nation, essentielle pour les militaires qui ont besoin, plus que n’importe qui, de reconnaissance… (10) une reconnaissance qui donne du sens à leur action (11).
Il faut également garder à l’esprit que le public influence considérablement les décisions prises au niveau politique (12). Stratégiquement, il est donc dans l’intérêt des militaires de communiquer avec les citoyens, de façon suffisamment claire pour qu’ils comprennent les enjeux de leurs missions et épousent leur cause.
c. …. A l’intégration des militaires dans la société civile.
L’intégration des militaires dans la société civile ne peut avoir lieu sans un effort du civil vers le militaire et du militaire vers le civil : le civil ne doit ni mépriser, ni craindre, ni ignorer les représentants des forces armées ; en retour le militaire ne doit pas se replier sur lui-même, il doit être fier de ce qu’il accomplit et ouvert à la société civile (13). Une illustration : en France, les forces armées font de gros efforts en direction de la société civile ; régulièrement les unités militaires se rendent dans les communes, les villes, pour montrer leur matériel de guerre au grand public. Les citoyens peuvent alors poser des questions, discuter avec les militaires et apprendre à les connaître ainsi que leur métier (14). De la même façon, quand une catastrophe naturelle se produit, des incendies par exemple, les forces armées interviennent pour aider la population et porter assistance aux victimes (15). Du côté des civils, les efforts proviennent avant tout, des associations telles que le CIDAN (16), des anciens combattants, des anciens militaires et surtout des anciens réservistes qui jouent un rôle naturel de lien entre la société civile et les forces armées (17).
Pour une intégration des militaires dans la société civile, il est également indispensable de lutter contre la perception négative des soldats. En effet, sous divers régimes politiques le militaire fait figure d’instrument de la dictature et de la répression. Dans de nombreux pays, les blessures de la guerre et des conflits sont encore ouvertes, des milliers de personnes ont souffert et souffrent encore de la disparition de leurs proches, de la persécution, de la torture, de l’exil… Il est donc essentiel d’œuvrer en faveur d’une image positive des militaires, « tels des inconditionnels d’une paix dont ils mesurent toute la complexité ». Si la communication avec la société civile est essentielle pour y parvenir, elle n’est pas suffisante. C’est une révision en profondeur de l’image des soldats, à laquelle il est impératif de procéder. Les autorités politiques allemandes, ont effectué un important travail en ce sens à partir des années 50, en concevant une nouvelle vision du « citoyen en uniforme » : une personne libre, un citoyen conscient de sa responsabilité envers la communauté et un soldat prêt à l’engagement (dont l’action doit être guidée par un impératif de respect du citoyen) (18). L’idée était de faire valoir la conception de l’homme telle qu’elle était énoncée dans la Loi Fondamentale comme principe d’orientation également au sein des forces armées. Les droits constitutionnels des militaires ne devaient être limités par la loi que dans la mesure où la fonction des forces armées l’exigeait obligatoirement. Le défi consistait à assurer la comptabilité des principes militaires strictement indispensables – tels que l’ordre hiérarchique, l’autorité et l’obéissance – avec l’idée libérale de l’homme, propre à la Constitution démocratique allemande. Ce concept a été officiellement baptisé « Innere Führung » en 1953 (19); il a permis que la société civile accepte l’armée allemande et que les soldats fassent partie intégrante de celle-ci.
Ce concept a été accompagné par la suite d’investigations multiples pour une meilleure connaissance de la position des citoyens envers l’armée. Le Professeur Dr. Ernst Christoph Meyer explique que l’Institut des Sciences Sociales de Berlin, fondé en 1974, a mené des enquêtes et élaboré des questionnaires à grande échelle (20) qui ont permis de travailler à partir d’une base concrète et de parvenir ainsi à formuler des recommandations. Ces méthodes de travail favorisent la connaissance de la position des citoyens vis-à-vis de la sécurité et de la défense nationale ; elles sont un moyen efficace et crédible d’évaluation du niveau de l’intégration des militaires au sein de la société civile. Le résultat des enquêtes menées montre par exemple que plus de 80 % des Allemands juge positif le rôle des armées et considère que celles-ci sont intégrées à la société civile. Et plus de 70 % sont pour une coopération militaire au sein de l’Union européenne (et avec les forces armées françaises) (21).
B. L’intervention d’un certain nombre d’acteurs et le respect, par les militaires, de principes moraux de comportement démocratique.
Certains acteurs représentent des intermédiaires clefs entre militaires et société civile.
Si quelques uns, comme les médias, exigent des militaires certaines garanties de confiance et d’honnêteté, d’autres – réservistes, anciens militaires, fonctionnaires de la défense – le sont naturellement. Quant aux enseignants, leur fonction est essentielle dans la divulgation et la transmission de la connaissance du métier de militaire auprès de la société civile. (a)
Par ailleurs, l’enseignement et le respect par les militaires de principes moraux de comportement démocratique est indispensable dans la conduite de leur action pour que celle-ci soit respectée et valorisée par la société civile. (b)
a. L’importance du rôle joué par certains acteurs dans le processus d’intégration des militaires au sein de la société civile.
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Forces de sécurité et médias : facette d’une relation délicate.
Dans les sociétés modernes démocratisées, les médias jouent un rôle prépondérant. A l’heure actuelle, l’échange d’informations intervient à l’échelle mondiale et « en temps réel ». La conscience par les citoyens des menaces sur le mode de vie occidental et le bien être des individus, ainsi que des conséquences de l’engagement des forces armées dans le monde, découle, la plupart du temps, d’un « journalisme à catastrophes » diffusé par des médias avides d’audience. De leur côté les militaires cherchent à donner une image positive, à la fois noble et humaniste, de leur action. En ce sens, ils ont besoin des médias, pour faire passer des informations positives sur leurs missions, leurs méthodes et les objectifs poursuivis.
La relation entre forces armées et médias est donc « ambivalente et difficile ». D’un côté les planifications militaires et les préparatifs opérationnels sont généralement couverts par le secret afin de protéger la vie des soldats engagés et de garantir le succès des interventions. D’un autre côté, les interventions militaires, si elles veulent bénéficier de la légitimité démocratique la plus large possible, doivent préalablement être médiatisées…
D’où la coutume en France d’appeler l’armée « la grande muette » et les journalistes « les bavards »… Ce dialogue a priori compromis est pourtant nécessaire, voire essentiel (22) . Les militaires ont besoin d’informer un public qui pèse ensuite sur les décisions politiques… (23)
Selon le Colonel Cotard - Conseiller en Communication auprès du Commandement Région Terre Nord Est, à Metz - les journalistes ne sont ni des amis, ni des ennemis, mais « une donnée de l’environnement dans lequel les forces armées ont à travailler ». Les militaires en effet, ne peuvent en aucun cas se passer des journalistes, ces derniers constituent un véritable pont de communication avec les civils (24). Concrètement, il existe, en France, un Conseiller en communication auprès de tout chef militaire, chargé de faciliter ses relations avec les médias. Le conseiller en communication à l’obligation de rappeler systématiquement à son chef la nécessité d’informer, mais il sert également de « filtre », car c’est généralement le conseiller qui reçoit les journalistes et qui en fonction de la pertinence des questions et de la disponibilité de son supérieur, décide si celui-ci doit ou non, satisfaire aux demandes des médias. Il doit enfin œuvrer à l’instauration d’un climat de confiance réciproque avec les journalistes, comprendre leurs problèmes, leurs besoins et eux, ceux des forces armées (25).
Il y a certes une demande des journalistes mais l’armée prend aussi des initiatives à l’égard des médias : en Côte d’Ivoire comme en Afghanistan par exemple, les militaires essayent de montrer qu’ils travaillent bien, tant au regard des mandats internationaux qu’à destination des populations qu’ils aident au quotidien… (26)
Deux notions sont essentielles dans les relations entre forces armées et médias : la notion de respect et celle de responsabilité.
Respect : Journalistes et militaires doivent se respecter et respecter par là-même les contraintes ou exigences inhérentes à chaque métier. Au travers des journalistes, les militaires cherchent à promouvoir leur action. Toutefois il ne s’agit pas de mentir… (27) les journalistes sont des professionnels qui en tant que tels iront systématiquement vérifier la crédibilité de ce qu’on leur confie. En disant la vérité les militaires montrent aux journalistes qu’ils ne doutent pas de leur professionnalisme, et donc qu’ils les respectent. De leur côté les journalistes doivent respecter les exigences du métier de militaire et savoir parfois taire certaines informations qui, si elles sont divulguées peuvent mettre en péril la vie des militaires engagés ou le succès d’une opération. Un exemple : M. Uli Gack, journaliste de la ZDF, passe 28 jours par an en Afghanistan et connaît bien le Général allemand qui est sur place. Ils discutent beaucoup. Le Général donne aux journalistes une vision claire de ce qu’ils y font, mais les journalistes ne donnent pas plus d’informations que celle livrée par le Général dans un cadre officiel… pour des questions de sécurité (28).
Responsabilité : Dans un contexte nouveau de mondialisation et d’interdépendance, toute profession est confrontée à la question de sa propre responsabilité vis-à-vis de la société et du reste du monde… Militaires et journalistes n’échappent pas à cette exigence non seulement déontologique mais également éthique. Ce devoir de responsabilité doit guider leur action quoi qu’il arrive. Comme l’explique Mme Sourbier-Pinter (29), la responsabilité pour le militaire peut être de gagner comme simplement de maîtriser sa violence en montrant l’exemple à ses soldats. Cette responsabilité face à soi-même et face aux autres est d’autant plus grande qu’une faute individuelle peut engendrer une débandade collective. Son action n’étant jamais sans conséquence, le militaire doit absolument se soucier du code éthique et du respect des règles morales même dans l’urgence des opérations. Une attitude responsable est le seul moyen pour lui de parvenir à trouver le juste équilibre entre ce qu’il peut et ce qu’il ne peut pas faire. Cette conduite à tenir est, du reste, essentielle pour sa crédibilité, sa légitimité et sa reconnaissance. Les militaires doivent être honnêtes envers les journalistes et rendre compte de leurs actions même mauvaises. Quant aux journalistes, cette exigence déontologique tient au fait qu’ils ont la responsabilité de l’information qu’ils divulguent : celle-ci doit impérativement être objective et vraie. Ce qui est diffusé doit absolument correspondre à ce qui s’est réellement passé ; comme le souligne le Colonel Hans Odenthal (30), mieux vaut être vigilant avant, car il est toujours néfaste de devoir corriger une information a posteriori. En ce sens, Internet peut poser problème : parfois des informations circulent sur le web alors qu’elles n’ont pas été préalablement validées par le canal officiel… Par ailleurs, il est indispensable que le journalistes soient aptes à communiquer clairement avec le public : pour ce faire, le Colonel Hans Odenthal rappelle que les journalistes doivent suivre une formation professionnelle adaptée (31).
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Réservistes, Anciens militaires et Fonctionnaires de la défense : des intermédiaires naturels entre les forces armées et la société civile.
Anciens militaires, fonctionnaires de la défense et réservistes jouent un rôle naturel de lien entre la société civile et les forces armées (32).
Qui mieux qu’un ancien militaire est susceptible de faire connaître l’armée à la société civile ? « Attiré par le métier des armes et donc, d’une certaine façon, inévitablement par la guerre, le militaire est souvent devenu à son contact un inconditionnel de la paix, une paix dont il sait qu’elle se construit avec d’immenses difficultés. » Parce que l’ancien militaire, comme le militaire, est un élément participatif de la société, personne ne saura mieux que lui rendre accessible au public le métier qu’il a exercé avec conviction toute sa vie durant.
Les fonctionnaires de la défense, représentent également des intermédiaires informés et conscients de l’importance que revêt l’existence d’une défense nationale opérationnelle. En effet, ces fonctionnaires sont chargés de préparer, en temps de paix, les mesures propres à assurer la continuité de l’administration et une sécurité optimale en cas de guerre ou autres événements graves.
Quant aux réservistes, il s’agit des personnes susceptibles de remplir des fonctions militaires pour renforcer les forces armées en cas de nécessité. Ce peut être dans une situation de conflit ou de crise, ou encore pour des actions particulières ou des opérations ponctuelles, afin d’augmenter les effectifs, faciliter les relèves, réaliser des expertises ou remplir des fonctions exigeant des compétences professionnelles rares ou inexistantes dans les armées. Il existe en France, deux catégories de réservistes : les réservistes « opérationnels », ils sont rémunérés et vont 30 jours par an dans une unité militaire opérationnelle (chaque régiment professionnel dispose d’une unité, d’une compagnie et de deux réservistes) ; les réservistes « citoyens », ce sont des bénévoles, leur rôle consiste à soutenir les armées dans leurs réseaux relationnels pour faire passer un message précis : « il est essentiel de s’intéresser à la défense du pays ». Ce sont des industriels, des professionnels, des journalistes… Ils reçoivent un mandat pour faire passer ce message. L’armée leur donne des informations pour qu’ils aillent voir leurs amis, leurs réseaux et qu’ils expliquent le métier de militaire (33).
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Enseignants : rôle d’éducation et de formation.
Enseignants, quels qu’ils soient, ont la responsabilité de la diffusion d’un message, de la transmission de connaissances… En France, une loi dite du « parcours citoyen », prévoit un programme officiel à l’école : les professeurs sont tenus de consacrer un certain nombre d’heures au thème de la défense du pays, à l’Histoire de ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale par exemple, à l’organisation de la défense et aux différentes forces armées (34). Dès le plus jeune âge, les enfants doivent intégrer l’existence et l’importance que revêt pour un pays de disposer d’une défense efficace et réactive.
En outre, tout jeune français doit, à 16 ans, se faire recenser par le Bureau du Service National. A 18 ans, il doit assister à une Journée d’Appel de Préparation à la Défense (JAPD), pendant laquelle on lui explique comment est organisée la défense du pays et quelques notions de secourisme. A l’issu de cette journée, on lui décerne un diplôme nécessaire à l’obtention de certains papiers officiels tel que le permis de conduire. Ces JAPD permettent également de détecter les jeunes en retard dans le domaine scolaire ou dans celui de la formation professionnelle (35).
Des établissements plus spécifiques, comme l’Institut des Sciences Sociales de la Bundeswehr, à Berlin, permettent de mieux comprendre la nature des relations entre les forces armées (allemandes) et la société civile. Cet Institut compte 15 chercheurs qui étudient des problématiques diverses telles que l’organisation des forces armées, la coopération dans la formation multinationale, le lien entre armée et nation… (36)
b. L’indispensable respect par les militaires de principes moraux de comportement démocratique dans l’exercice de leur métier.
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L’éthique au cœur de l’action militaire.
De nos jours, la dignité et le respect de la personne humaine sont au cœur du droit des conflits armés. Maîtriser sa force, résister au désir de vengeance, aux émotions et à la passion, sont devenus des nécessités pour les armées, autant à des fins éthiques que tactiques. Les dérapages de comportement non seulement ne sont plus acceptés mais sont sanctionnés (37). Le militaire est donc tenu au respect d’un certain nombre de règles correspondant au domaine éthique. Ces règles doivent permettre de répondre à la question de savoir « comment faire un usage efficient de la force tout en respectant les droits de l’Homme, la dignité de chaque personne humaine ? » Autrement dit, l’éthique doit permettre de répondre à la question : « Qu’est ce qu’un soldat doit faire ? » (38)
Au regard des valeurs démocratiques occidentales, lorsque le soldat se retrouve dans des situations dissymétriques et asymétriques où l’adversaire emploie tous les moyens à sa disposition pour le mettre en défaut, il est tenu de conserver un comportement irréprochable vis-à-vis du droit international. En effet, les sociétés occidentales sont marquées (depuis les conflits meurtriers du 20ème siècle) par une culture dite du « zéro mort », où en pratique chaque mort humaine, qu’elle soit civile ou militaire, est dramatisée à l’extrême (en particulier par les médias). Cette évolution des mentalités s’explique par la simultanéité de deux facteurs : l’émergence du respect des droits de l’Homme comme un impératif et l’omniprésence de l’information. Les militaires ne peuvent échapper ni au regard critique de leurs concitoyens, ni à l’opinion publique internationale informée en temps réel, ou plus tard, un jour ou l’autre… Parfois, c’est le pouvoir judiciaire ou pénal qui les rattrapera (39). Dans ces conditions, les membres des forces armées sont tenus d’agir dans le respect de fondements juridiques et éthiques reconnus, que ce soit pendant le service au quotidien ou en opération.
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Textes de références et culture militaire pour une action lucide et responsable.
En France il existe un Code du Soldat (composé de 11 articles), véritable code de conduite fondé sur les principes républicains, que toute autorité militaire est tenue de respecter, quel que soit son grade. Ce « guide » représente une version simplifiée des principes énoncés au sein de conventions internationales ainsi que par le droit des conflits armés. L’ensemble de ces textes constitue la colonne vertébrale de ce qui formera ou aiguisera le jugement éthique puis moral des soldats (40).
Dans les écoles pour officiers et sous-officiers ainsi que dans les régiments auprès des jeunes engagés, ces documents sont expliqués, commentés et font l’objet d’un examen pour évaluer la compréhension qu’en ont les soldats. Leur compréhension est essentielle car ils donnent du sens à l’action dans sa difficulté et sa complexité à l’époque contemporaine. Ils donnent également les références qui vont aider à forger les convictions.
Ces principes de conduite sont également expliqués aux soldats par leur chef qui doit montrer l’exemple afin de convaincre les soldats de leur nécessité. Ces règles seront d’autant mieux comprises que le chef contribuera à donner du sens à l’action en toute circonstance : {« L’obligation morale augmente avec la connaissance mutuelle ». (41)
La définition de l’éthique induit autant la reconnaissance de ce que l’on ne doit pas faire que de ce que l’on doit faire. Or l’action militaire est faite de décisions à prendre dans un contexte d’opérations qui « brouillent » la perception de la situation et donc la capacité de jugement. En effet, le soldat agit souvent dans l’urgence, mais il doit absolument se soucier du code éthique, et du respect des règles morales, son action n’étant jamais sans conséquences… (42) Le soldat n’est pas naturellement parfait, il doit être éduqué, informé, pour être apte à raisonner et agir ainsi en toute responsabilité, en toute lucidité (43). Or, la frontière est parfois difficile à trouver entre le Bien et le Mal ; le soldat aura parfois à choisir entre plusieurs modalités du Mal (44). En ce sens, il est également important de souligner le rôle que la religion est susceptible de jouer dans l’accompagnement et le soutien moral du soldat (45).
En effet, la religion permet de donner des réponses à des questions fondamentales de soldats qui ignorent à combien de batailles ils survivront ou qui se retrouvent face aux atrocités de combats dont ils sont les protagonistes avec toute la dimension éthique que cela comprend. En France, le 22 octobre 1941, le Général, Délégué Général de la France libre, signe un arrêté qui décide de « l’affectation à chaque quartier de divisions d’un ministre des cultes catholique et si la situation le justifie, d’un aumônier protestant israélien ou musulman. » La présence de soldats musulmans dans l’armée française date de plus d’un siècle ; récemment, en 2003, a été créé le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) et en 2005 un arrêté a institué la création d’une aumônerie militaire musulmane. Le premier aumônier a été nommé en 2006.
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Le concept allemand d’ « Innere Führung ». (46)
Les autorités allemandes ont développé un concept appelé « Innere Führung » qui engage les forces armées à respecter dans l’accomplissement de leur mission les valeurs définies par la Loi Fondamentale.
Les soldats allemands sont ainsi tenus, en toutes circonstances au respect d’un certain nombre de vertus (discipline, discrétion, loyauté, responsabilité, camaraderie, courage, sincérité, obéissance, sérieux) et de valeurs (dignité humaine, liberté, démocratie, justice, égalité) (47) permettant de répondre à la question de savoir, pour les unes, COMMENT un soldat doit se battre et pour les autres, POURQUOI un soldat se bat.
Ce principe s’accompagne d’une nouvelle vision du citoyen en uniforme (une personne libre et indépendante, un citoyen conscient de sa responsabilité envers la communauté et un soldat prêt à l’engagement), dont la connaissance, la conscience et la responsabilité lui interdisent d’obéir à des ordres illégaux. Ce principe est largement diffusé aujourd’hui : le soldat est tenu d’obéir aux ordres de ses supérieurs, toutefois lorsque cet ordre est illégal il a non seulement le droit mais aussi l’obligation de ne pas s’y plier. L’exemple cité plus haut de l’Ivoirien tué par un soldat français est révélateur : l’auteur de cet assassinat, bien qu’ayant affirmé avoir agi sur ordre de son supérieur, est aujourd’hui en prison…
Notes
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(1) : Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(2) : Professeur Dr. Ernst Christoph Meyer, Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(3) : Idem.
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(4) : Christian Leourier, Représenté par le Général (2S) P. Mompeyssin, Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(5) : Idem.
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(6) : Colonel Cotard, Table Ronde n°2 : « Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate ».
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(7) : Idem.
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(8) : Ibid.
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(9) : « Questions-Débats », Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(10) : Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(11) : Mme Line Sourbier-Pinter, Conférence « Ethique et culture militaire ».
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(12) : Colonel Hans Odenthal, Table Ronde n°2 : « Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate ».
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(13) : Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(14) : M. Christian Leourier, représenté par le Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n° 1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? ».
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(15) : Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n°1 : op. cit.
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(16) : CIDAN (Civisme Défense Armée Nation) : Association, loi 1901, qui invite à promouvoir le dévouement envers la collectivité ainsi que les liens entre la société civile et les armées. CIDAN s’attache également à relever les défis liés aux menaces nouvelles, par des réponses adaptées. Elle fait la promotion d’une prise de conscience par les opinions publiques d’un besoin commun de civisme, de sécurité et de défense, au sein d’un réseau international actif dans tous les pays de l’Union.
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(17) : M. Christian Leourier, représenté par le Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n°1 : op. cit.
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(18) : Colonel Wilke, Table Ronde n°3 : « L’enseignement de principes moraux et du comportement démocratique aux militaires : méthodes et structures présentes dans différentes forces armées européennes ».
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(19) : « Le concept d’Innere Führung », Voir « Visite du Centre Innere Führung du Bundeswehr ».
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(20) : Les questions posées sont par exemple : Que rôle pensez-vous que l’Allemagne devrait jouer dans le domaine de la sécurité au niveau mondial ? Jusqu’à quel point avez-vous confiance dans les militaires? Sur quels thèmes pensez-vous qu’il serait bon de travailler ? etc…
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(21) : Pr. Dr. Ernst Christoph Meyer, Table Ronde n°1 : “Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ?”
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(22) : Lionel Cort, Table Ronde n°2 : “Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate.”
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(23) : Colonel Hans Odenthal, Table Ronde n°2 : “Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate.”
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(24) : Colonel Cotard, Table Ronde n°2 : “Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate.”
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(25) : Idem.
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(26) : Ibid.
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(27) : Ibid.
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(28) : M. Uli Gack, Table Ronde n°2 : “Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate.”
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(29) : Mme Sourbier-Pinter, Conférence « Ethique et culture militaire. »
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(30) : Colonel Hans Odenthal, Table Ronde n°2 : “Les forces de sécurité et les médias : facette d’une relation délicate.”
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(31) : Idem
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(32) : M. Christian Leourier, représenté par le Général (2S) Mompeyssin, Table Ronde n°1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? »
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(33) : Idem.
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(34) : Ibid.
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(35) : Ibid.
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(36) : Pr. Dr. Ernst Christoph Meyer, Table Ronde n°1 : « Liens armées – Nation : comment mesurer et promouvoir les relations entre les forces de sécurité et les sociétés civiles ? »
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(37) : Mme Line Sourbier-Pinter, Conférence « Ethique et culture militaire. »
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(38) : Colonel Wilke, Table Ronde n°3 : “L’enseignement de principes moraux et du comportement démocratique aux militaires : méthodes et strctures présentes dans différentes forces armées européennes.”
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(39) : Mme Line Sourbier-Pinter, op.cit.
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(40) : Idem.
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(41) : Ibid.
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(42) : Ibid.
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(43) : Colonel Wilke, Table Ronde n°3 : “L’enseignement de principes moraux et du comportement démocratique aux militaires : méthodes et strctures présentes dans différentes forces armées européennes.”
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(44) : Mme Line Sourbier-Pinter, op.cit.
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(45) : M. Hamadi Konte, Table Ronde n°3 : “L’enseignement de principes moraux et du comportement démocratique aux militaires : méthodes et strctures présentes dans différentes forces armées européennes.”
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(46) : Concept expliqué par le colonel Wilke, Table Ronde n°3 : “L’enseignement de principes moraux et du comportement démocratique aux militaires : méthodes et strctures présentes dans différentes forces armées européennes.”
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(47) : Dans d’autres sociétés les valeurs pourront bien sûr être différentes. Ex : socialisme, honneur, religion, tribu/clan, Roi/Reine, Führer/Duce.