Grenoble, 10 août 2012

État des lieux des acteurs européens qui travaillent pour la paix et la transformation des conflits

Le présent dossier s’inscrit dans une démarche plus large de recensement des acteurs qui travaillent pour la paix à l’heure actuelle, avec comme objectif d’identifier les différentes approches et initiatives dans ce domaine. Plusieurs dossiers ont été réalisés sur le sujet notamment ceux de François Mabille (État des lieux des acteurs travaillant pour la paix), de Cyril Musila (État des lieux des acteurs locaux qui travaillent pour la paix en Afrique) et de Sophie Arié (Existe-t-il une approche européenne de la construction de la paix ?).

Ce dossier a vocation à identifier les acteurs européens qui travaillent sur la transformation des conflits, ainsi que d’autres acteurs qui mettent en oeuvre des initiatives importantes et que l’on pourrait qualifier de principaux acteurs qui travaillent pour la paix

L’approche de la transformation des conflits reste peu connue à l’heure actuelle dans le monde francophone. Pourtant, puisant ses origines dans les travaux de théoriciens européens comme Johan Galtung ou John Paul Lederach et dans des institutions comme la Fondation Berghof, l’approche de la transformation des conflits est de plus en plus établie en Europe. À cela s’ajoute une tendance à appréhender l’action pour la paix en prenant quelques distances par rapport aux approches traditionnelles et en se tournant vers des pratiques plus adaptées aux circonstances actuelles.

En effet, dans son article « Conflict Transformation : A multi-dimensional task », Hugh Miall constate que le défi le plus important auquel fait face la théorie de la transformation des conflits est sa capacité à s’adapter aux conditions globales actuelles qui impactent des conflits. Il affirme que des réactions peu adaptées à la mondialisation sont une source importante de conflit. Les acteurs européens et francophones œuvrant dans ce domaine visent ainsi à adopter des approches de plus en plus souples et adaptées aux circonstances contemporaines afin d’augmenter leurs capacités à influencer des situations de conflit.

À l’époque du Printemps Arabe, la question de la paix, de la gestion, de la résolution et de la transformation des situations de violence se pose en Europe comme au reste du monde. La scène internationale est dominée par des débats des politiques en faveur ou contre l’intervention militaire. Afin de réduire la prolifération d’une lecture superficielle des conflits contemporains potentiellement désastreuse pour la réalisation de la paix, les institutions, organisations, associations, fondations, et autres acteurs travaillant dans ce domaine s’éloignent de ce discours binaire et prônent une approche nuancée qui s’inscrit sur le long-terme.

Cela se vérifie à travers plusieurs actions :

  • En France avec l’activité de l’AFD qui a plus que doublé en dix ans et la prolifération des actions de coopération décentralisée des collectivités territoriales à toutes les échelles ;

  • En Suisse avec la construction du Campus de la Paix et l’intégration de l’approche de la transformation des conflits dans le MAEE suisse ;

  • Aux Pays-Bas avec la création du Peace Portal, une plate-forme s’inspirant de l’efficacité et de la popularité des réseaux sociaux ;

  • En Irlande avec l’annonce d’un financement de 18 millions de livres de l’Union Européenne pour la construction d’un centre dédié à la transformation des conflits ;

  • Au Canada avec l’ascension de l’approche participative de la recherche.

Ces initiatives s’inscrivent dans un effort de trouver des solutions qui pourraient aboutir à une paix réelle, évitant l’écueil d’une mauvaise adaptation que Miall met en avant dans son article. En prenant en compte la prolifération des outils sur Internet et le rôle de ces derniers dans les conflits contemporains, les acteurs européens et francophones travaillant pour la paix et pour la transformation des conflits adoptent et financent à l’heure actuelle des initiatives souples, adaptées, modernes, et participatives. À cela se rajoute la voix des académiques faisant appel à une approche participative de la recherche, mettant en question la vision traditionnelle du « sujet » de recherche et optant en faveur d’une approche orientée vers la construction de recherche avec les membres de la communauté en question afin de mieux répondre aux défis actuels.

De cette façon, le domaine de la transformation des conflits devient de nos jours de plus en plus pertinent grâce à la souplesse et l’originalité inhérente à cette théorie. Avec l’intérêt croissant dans ce domaine manifesté par des initiatives citées dans ce dossier, il est vraisemblable que le nombre des acteurs francophones travaillant pour la transformation des conflits sera multiplié dans l’avenir proche.

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