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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo
Une approche relationnelle des initiatives de paix dans les situations de conflit
Cet outil a été utilisé par le CINEP pour le suivi et l’analyse des initiatives de paix en Colombie dans une perspective historique (1978-2011), et en lien avec les dynamiques des conflits armés.
La pertinence de cet exercice, dans le contexte colombien est évidente car, contrairement aux multiples études sur la violence, l’expérience des initiatives de paix dans le pays a rarement été étudiée. Cependant, au cours de leur étude sur la paix en Colombie, le CINEP et d’autres acteurs ont identifié trois périodes correspondant à l’évolution des initiatives de paix dans le pays :
- Une concentration du processus de négociation entre le gouvernement national et les guérillas à la fin des années 80 et au début des années 90 ;
- Une augmentation de la mobilisation sociale en faveur de la paix pendant les années 90, manifestée, entre autre, sous la forme d’efforts de sensibilisation à la paix, de propositions pour la paix régionale et de programmes de développement, d’initiatives de résistance civile et d’assemblées constituantes locales ; et une mobilisation nationale massive en soutien à une solution négociée du conflit armé entre les guérillas et le gouvernement dans la seconde moitié de la décennie ;
- Un fort rejet par l’opinion publique des négociations entre les guérillas et le gouvernement colombien pendant la dernière décennie, et un intérêt pour les accords humanitaires au sein de la minorité politique du pays, la prétendue démobilisation des groupes paramilitaires en Colombie, et l’émergence dans les cinq dernières années d’un mouvement pour la défense du droit des victimes à la vérité, à la justice, et à la réparation.
Il est clair que les différentes phases des initiatives de paix en Colombie sont liées à l’évolution du conflit armé.
L’outil proposé nous a permis d’observer le comportement du mouvement et des expériences de paix en Colombie au niveau local régional et national, en réponse à la fois aux effets de la violence directe (par des actions de rejet et de dénonciation de la violence et une revendication des droits de l’homme) ou aux actions constructives (propositions alternatives de négociations, de création d’une culture de paix et de promotion pour des modèles de société plus ouverts).
Cet outil a été utilisé pour comprendre les types et la récurrence des initiatives (à la fois des actions spécifiques et des expériences durables dans le temps) affichées par les différents acteurs qui, à partir de visions différentes et souvent contradictoires du conflit, de la paix, et du changement, ont répondu au conflit armé à différents moments et contextes (les citoyens non-organisés, les groupes de population et les organisations territoriales, les syndicats, les églises, les ONG, les acteurs internationaux, les acteurs étatiques qui interpellent la société civile, etc). Une conception large et nominale des « initiatives de paix » en Colombie a permis au CINEP de se faire une idée des discours et stratégies utilisés par les différents acteurs face au conflit armé et aux tensions existant entre les différentes initiatives, en englobant les « initiatives de paix » autoproclamées qui lors d’analyses ultérieures se sont avérées faire partie de la logique de guerre.
Le CINEP a identifié les stratégies d’action les plus répandues dans le mouvement de paix colombien au cours des vingt dernières années. Ce furent les manifestations, la désobéissance civile, les efforts d’éducation, d’organisation et de coordination, et la politique participative.
Notre analyse a montré que les dynamiques du conflit armé ont profondément affecté le mouvement de paix en Colombie, et celui-ci n’a pas eu sur elles une influence décisive.