Hypothèse de départ :
L’outil repose sur l’hypothèse que « si les acteurs locaux sont liés par des relations constructives, ils sont plus à même de travailler en collaboration et d’appréhender les éléments générateurs de tensions ». Habituellement, le fait de travailler à l’amélioration de ces facteurs de cohésion constitue une stratégie dont les effets sont positifs sur le long terme. Après une analyse des facteurs de cohésion et de division, le programme de paix aura une influence positive sur les éléments générateurs de tensions et sur les facteurs générateurs de divisions entre les acteurs.
Les facteurs de cohésion sont les éléments qui rapprochent les personnes d’une communauté pour travailler ensemble malgré leurs différences. Ces facteurs de cohésion peuvent être des institutions, des valeurs et des expériences en commun, ou certains symboles unissant la communauté.
Inversement, ces éléments sont appelés facteurs de divisions lorsqu’ils aggravent les tensions et accentuent l’hostilité potentielle. Les institutions ou les actions institutionnelles générant des conflits, les expériences divergentes, les valeurs et les attitudes exacerbant les objectifs et les symboles incompatibles constituent d’autres exemples de facteurs de divisions.
Approche de la Paix :
Le dispositif Ne pas nuire considère la paix comme holistique, dynamique et en évolution dans tous les contextes locaux. Cette conception de la paix se concentre sur la transformation des relations et des structures à la base des injustices contre des groupes dans une communauté. Par conséquent, la consolidation de la paix représente bien plus que l’absence de guerre. Consolider la paix signifie aider les membres de la communauté et les autres acteurs concernés, comme le gouvernement, ou le secteur privé, à reconnaître leur interdépendance. Ainsi, la paix signifie apprendre à travailler en partenariat vers des objectifs communs malgré les différences.
Transformation de conflit :
La paix n’est pas l’antithèse du conflit, car les conflits n’impliquent pas nécessairement des violences s’ils sont traités de manière constructive. Cependant, Mary Anderson dans son ouvrage « Do No Harm : How Can aid support Peace-or War » (Ne pas nuire : comment l’aide peut soutenir la paix-ou la guerre) met l’accent sur le fait que le conflit, bien qu’il ne soit pas forcément mauvais, ne doit pas être considéré comme une fin en soi, surtout lorsqu’il est le reflet de profondes injustices dans une société. Afin de consolider la paix dans un contexte local, il est essentiel que les conflits soient perçus comme des vecteurs d’une complexité allant au-delà du « bien et du mal », ou « de problèmes et de solutions ». Par conséquent, la transformation de conflit implique des modifications dans les sous-systèmes locaux et nécessite un traitement des facteurs structurels, tels que les réglementations, les politiques, les systèmes économiques, les ressources, etc. Elle nécessite également des modifications personnelles et culturelles (attitudes, évaluations personnelles, valeurs concernant la violence et la paix). L’analyse des facteurs de cohésion et de division ne se concentre pas sur la « résolution des conflits » mais plutôt sur la transformation des conditions conflictuelles » dans les environnements où naissent les conflits.
Commentaires :
Il arrive parfois que des institutions ou des programmes de paix travaillent très dur et investissent des ressources dans une mauvaise direction. Les résultats à court terme peuvent sembler encourageants et peuvent inciter l’équipe à continuer ainsi, mais c’est malgré tout sur du long terme qu’un programme doit porter ses fruits. Avec le temps, il arrive même qu’un programme provoque un « sursaut » aggravant la situation conflictuelle au sein d’une communauté.