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Florence Croidieu, Paris, 2002

From civil war to civil society : the transition from war to peace in Guatemala and Liberia

En quoi consiste le « peacemaking » pour la Banque mondiale et quels sont les moyens définis par la Banque mondiale pour faire durer la paix ?

Keywords: Concertación política para la paz | Derecho internacional y paz | Mediación internacional para la paz | Acciones de cooperación política local para la paz | Sociedad Civil Local | Gobierno nacional y paz | Ejército nacional | Comunidad Internacional | ONU | Oponerse a nivel internacional a la continuación de una guerra | Establecer el diálogo entre actores y coresponsables de la paz | Proponer un nuevo proyecto de sociedad | Conducir negociaciones políticas para buscar la paz | Firmar un acuerdo de paz | Guatemala

Ref.: From civil war to civil society: the transition from war to peace in Guatemala and Liberia, Colletta N., Kostner M., Nezam T. et Scott C, Banque Mondiale, 2000

Tipo de documento:  Documento sobre Internet

Cette fiche présente une analyse développée dans l’ouvrage « From civil war to civil society : the transition from war to peace in Guatemala and Liberia », publié par la Banque mondiale en 1997. Plus globalement, il s’agit de l’un des modules du séminaire de formation « The transition from war to peace : an overview », qui s’est tenu à Washington en mai 2000, dans le cadre du programme de Prévention et de Reconstruction post-conflit de la Banque mondiale. Ce programme est mené en collaboration avec l’Institut de la Banque mondiale, ce qui signifie que ses modules sont enseignés à un grand nombre de personnes et, en particulier, de groupes de la société civile.

Il est donc important de garder à l’esprit qu’il s’agit de la philosophie de travail de la Banque mondiale lors de ses interventions pour la construction de la paix et non pas d’une analyse personnelle. En d’autres termes, il ne s’agit là que d’une approche parmi d’autres de la construction de la paix.

Selon la Banque mondiale, la construction de la paix est un processus en trois phases : faire la paix, la maintenir et la faire durer. Chacune de ces étapes requiert un ensemble de mesures politiques, économiques, humanitaires et sécuritaires, qui leurs sont propres.

Dans cette fiche, nous nous intéressons à la façon dont la Banque mondiale définit la « fabrication de la paix » - en anglais, peacemaking (I). Cette dernière consiste en un ensemble d’activités qui inclut la négociation de la paix (A), l’élaboration d’un accord de paix (B), le renforcement du rôle de la société civile (C) et l’identification du rôle approprié de la communauté internationale (D).

Puis nous nous pencherons sur les moyens définis par la Banque mondiale pour faire durer la paix (II). Une société post-conflit commence très vite à chercher les « dividendes de la paix », souvent sous la forme de meilleures conditions de vie. Dans le but de satisfaire les attentes de la société et de faire durer la paix, un ensemble de mesures productrices de confiance sont nécessaires comme la réforme du secteur économique (A), réformer la propriété terrienne (B), combattre la corruption et favoriser la transition de l’aide d’urgence aux programmes de développement (C).

Le Peacemaking

A. La négociation

Les éléments essentiels d’un processus de paix sont la volonté politique de toutes les factions en guerre d’entrer en négociation et un cadre de sécurité pour maintenir la paix. Chacun de ses éléments requiert de larges investissements en temps et en argent avant même que les partis s’asseyent à la table des négociations. Les partis concernés doivent, en effet, passer outre la méfiance qui s’est développée pendant le conflit et apprendre à concevoir les négociations comme une issue au conflit, en reconnaissant que toutes les demandes ne peuvent pas être entendues et qu’un compromis doit être trouvé. Cela peut prendre des années avant que le niveau de confiance nécessaire soit atteint et que des négociations puissent avoir lieu.

Dans le but de minimiser les mécontentements, de progresser et d’atteindre le consensus le plus large possible, le processus de négociation doit être précis, transparent et global. C’est-à-dire que tous les aspects du conflit (sociaux, politiques et économiques) doivent être discutés au sein d’un forum ouvert, donnant ainsi à tous les membres de la société civile intéressés une chance égale d’y participer. Chaque groupe doit avoir un négociateur mandaté. Aucun secteur ne doit prévaloir et aucun groupe ne doit être marginalisé, car de telles situations peuvent mener à la violence.

B. Les accords de paix

La signature d’un accord de paix n’est que le début d’un processus très long de reconstruction d’une société non violente, dans lequel les besoins divergents des différents groupes doivent être discutés. En effet, bien qu’aucun accord ne puisse répondre à toutes les demandes, la formulation de ces dernières est une étape indispensable pour restaurer la confiance.

Les accords de paix doivent refléter l’histoire, les traditions, la culture et les valeurs des populations impliquées. Le plan de paix doit aussi réfléchir aux activités nécessaires au renforcement de la paix et, en particulier au rôle de la communauté internationale. Les activités doivent être planifiées en consultation avec les autorités nationales et locales, les agences des Nations Unies, les donateurs et les ONG. En effet, même si les décisions ne sont pas techniquement optimales, l’intégration de tous les acteurs et de leur point de vue au processus de paix est indispensable.

C. Le rôle de la société civile

La participation de la société civile du pays en sortie de crise, entendue ici comme l’ensemble des acteurs non étatiques, est essentielle à la réussite de la construction de la paix. En effet, la société civile peut aider à faire entendre la voix des groupes minoritaires, à rassembler des groupes divergents et à exercer une influence politique. Elle peut être une force psychologique puissante pour rétablir la confiance et le sens de la communauté au travers de réseaux formels ou informels.

La participation de la société civile aide à légitimer les résultats du processus de paix. Les participants civils peuvent assurer que les discussions ont bien pris en considération les besoins de l’ensemble de la société et organisé la mise en place des recommandations.

Pour que la participation de la société civile soit un succès, des mécanismes institutionnels doivent être mis en place afin de garantir que tous les membres de la société intéressés soient autorisés à participer et que des ressources soient disponibles pour soutenir les efforts de construction de la paix et de gestion du conflit à l’échelle locale. Bien plus, les factions doivent reconnaître la nécessité d’ouvrir le processus de paix à la participation civile, ce qui peut être difficile à atteindre dans une société très militarisée.

D. Le rôle de la communauté internationale

Il est très important de s’assurer que l’intervention extérieure ne contribue pas au conflit et/ou n’impose pas un processus de paix non viable. Les solutions extérieures ne peuvent pas remédier aux causes des conflits, mais elles peuvent favoriser un dialogue global.

En plus de fournir un important soutien technique et financier, le rôle de la communauté internationale est de promouvoir la participation civile en donnant les moyens à la société civile de se faire entendre dans le processus de paix. Cela peut impliquer, par exemple, d’encourager les méthodes locales de règlement de conflit, de réconciliation et de construction institutionnelle. Les ONG internationales ayant déjà travaillé dans le pays, mais aussi les organisations régionales, peuvent jouer un rôle crucial dans les efforts de construction de la paix.

En effet, les organisations régionales peuvent être bien placées pour aider à la construction de la paix, en particulier lorsque les réfugiés ou des soutiens régionaux aux différentes factions ont donné une dimension régionale au conflit.

Enfin, toujours selon la Banque mondiale, une intervention des Nations Unies ne sera un succès qu’à condition qu’elle aie été demandée par toutes les factions en guerre et que la participation de l’ONU soit basée sur une compréhension et une sensibilité aux problèmes. Le représentant du Secrétaire Général peut aider à mettre en place une bonne coordination afin d’éviter que les agences de l’ONU, les donateurs et les ONG ne fassent le même travail ; organiser des réunions régulières de la communauté internationale sur la mise en place des accords de paix ; et aider à sécuriser les financements et à résoudre les problèmes politiques rencontrés dans la négociation et la mise en œuvre des accords.

II. Les moyens définis par la Banque mondiale pour faire durer la paix

A. Réformer l’économie

Relancer le secteur privé est essentiel dans les pays sortant d’un conflit. Cela implique la réduction de trois caractéristiques post-conflit :

  • Le manque de confiance dans les affaires ;

  • Le manque de capital ;

  • Le manque d’infrastructures.

Selon la Banque mondiale, le plus important est de relancer la confiance, ce qui conduit à la réduction des deux autres problèmes.

En général, les économies post-conflit traversent une longue période de convalescence et le retour de la confiance et des investissements ne se fait que lentement. Des politiques et des programmes novateurs sont nécessaires dans les phases de construction de la paix afin de relancer l’économie et de créer des emplois.

B. Réformer la propriété terrienne

L’accès à la terre peut être à la fois une cause profonde de conflit et un obstacle majeur à la construction de la paix. Une forte concentration de la propriété terrienne (une petite part de la population possédant la majorité des terres) et un échec des réformes sur la terre peut entraîner une recrudescence de la violence politique. Les anciens mécanismes traditionnels de propriété perdent souvent leur légitimité pendant le conflit. Il peut arriver aussi que des personnes déplacées trouvent leur terre exploitée par d’autres à leur retour, et soient sans moyen de la récupérer. Les questions d’accès et de possession de la terre doivent être prises en compte dans le processus de réformes.

C. Combattre la corruption

La corruption est un problème mondial, systématiquement présent dans certains pays, et dont les conséquences sont néfastes pour le développement social et économique d’un pays. Les coûts de la corruption sont ressentis de façon disproportionnée par les pauvres, mais elle a aussi des conséquences sur le secteur privé, les investissements étrangers et l’environnement.

La corruption résulte de causes multiples et les moyens de la contrôler ne sont pas vraiment maîtrisés. Selon la Banque, la corruption se développe dans le cadre de mauvaises politiques économiques, de faibles niveaux d’éducation, de sociétés civiles sous-développées et d’institutions publiques faibles, autant de conditions présentes dans les sociétés post-conflit. La corruption ébranle la confiance en la gouvernance, nécessaire durant la construction de la paix, réduisant ainsi l’efficacité de l’aide.

Combattre la corruption n’est ni facile, ni rapide et requiert l’engagement politique des leaders nationaux et de la société civile. Certains éléments clefs de la lutte contre la corruption sont mis en œuvre dés la phase de maintien de la paix :

  • Le renforcement du gouvernement ;

  • Le renforcement du système judiciaire ;

  • L’augmentation de la transparence politique.

D. De l’aide d’urgence aux programmes de développement:

Satisfaire les besoins fondamentaux des populations est la tâche principale des humanitaires pendant et après les conflits, mais ce n’est pas le but des politiques de construction de la paix. En effet, les conditions relativement calmes de la période post-conflit sont une opportunité pour poser les bases du développement. La principale préoccupation est de s’assurer que le processus de réhabilitation profite aux plus vulnérables et promeut la réconciliation plutôt que d’engendrer la violence et de causer des tensions politiques.

Les anciens combattants, les réfugiés, les personnes déplacées et ceux étant restés dans leurs communautés sont en mesure de demander une assistance. D’autres groupes tels que les femmes, les enfants et les handicapés sont aussi vulnérables. Ils ont tous des besoins particuliers. Les différents types d’assistance incluent la distribution de nourriture, de médicaments, l’hébergement temporaire, mais aussi les opportunités d’emploi, les programmes éducatifs et les traitements psychologiques pour les victimes d’un traumatisme.

Au minimum, la réhabilitation devrait permettre la restauration des services de base et des capacités de subsistance. Au-delà, la réhabilitation devrait favoriser certains domaines : le logement, les transports, l’agriculture, l’eau, l’hygiène et la santé. Le déminage peut aussi être nécessaire pour la mise en œuvre d’autres activités.

La réhabilitation dans les situations post-conflit ne peut pas suivre les modèles classiques de développement, qui nécessitent généralement un Etat fort et une économie solide, conditions inexistantes dans les pays en sortie de crise.

Commentario

Sur la conception du « peacemaking » par la Banque mondiale

Afin de valoriser le fait qu’il existe différentes conceptions du travail de « peacemaking », il est utile de relever quelques points de cette approche qui mériteraient d’être discutés:

  • La Banque mondiale définit, dans ce module, la construction de la paix comme un processus en trois phases : faire la paix, la maintenir et la faire durer. D’autres institutions ou organisations mettraient en valeur une quatrième phase : le fait de sauver la paix, c’est-à-dire la prévention des conflits. Il faut, sur cette question, rendre justice à la Banque mondiale qui a fini par reconnaître l’importance de la prévention des conflits en redéfinissant, en 2001, la mission de l’Unité post-conflit et en la rebaptisant Unité de Prévention et de Reconstruction Post-Conflit.

  • La façon dont la Banque mondiale décrit le processus de négociation (précis, transparant et global) peut paraître utopique, si l’on considère que les discussions préalables aux accords de paix ont souvent lieu entre politiques et à huit clos. Faut-il pour autant blamer la Banque de chercher à promouvoir la participation de tous les acteurs de la société à des négociations ouvertes ?

  • Enfin, il faudrait pouvoir préciser si la Banque mondiale, quand elle dit qu’une intervention des Nations Unies ne sera un succès qu’à condition qu’elle ait été demandée par toutes les factions, fait référence à une intervention dans le cadre du processus de paix ou bien dans le cadre du conflit.

Sur les moyens définis par la Banque mondiale pour faire durer la paix

Il semble que l’analyse de la Banque mondiale ne soit pas assez complète:

  • 1. Tout d’abord parce qu’elle aurait pu développer les mesures qu’elle propose. En ce qui concerne la réforme de l’économie, par exemple, elle ne parle pas de la nécessité de construire une économie de paix, c’est-à-dire d’éliminer les armes de destruction massive, de convertir les industries d’armements et de réduire les dépenses militaires. De même, en ce qui concerne la réforme de la propriété terrienne, il semble que ce ne soit pas une mesure en tant que telle, mais un élément de la nécessité de promouvoir une économie équitable et un développement humain.

  • 2. Mais aussi parce qu’elle n’a pas inclu, à son analyse, d’autres mesures telles que :

    • Le développement de la société civile comme instrument de stabilité et de développement ;

    • La gestion du caractère pluri-éthnique ou pluri-culturel de la société ;

    • La lutte contre l’exclusion et le renforcement du lien social ;

    • La construction d’une culture de paix (éducation à la paix, à la démocratie et aux droits humains) ;

    • Le renforcement de la citoyenneté.

Notas

L’ouvrage n’est pas disponible en ligne, mais ces informations ont été reprises dans un module du séminaire « The transition from war to peace: an overview », disponible sur Internet sur le site de la banque mondiale : www.worldbank.org