Maxime ARQUILLIERE, Daniel RICHARD, Capucine PEIGNIER, Grenoble, juillet 2014
Fiche pays : Somalie
Capitale : | Mogadiscio. |
Langues : | Somali (officiel), arabe (deuxième langue), anglais. |
Population : | Dix millions d’habitants. |
Ethnies : | Somalis (85%), benadiris, bantous et autres (15%). Homogénéité ethnique mais multitude de clans. |
Religions : | Islam sunnite (99%). Homogénéité religieuse mais multitude de confréries. Très petite minorité chrétienne. L’islam est la religion d’Etat dans la nouvelle Constitution, mais liberté de culte. Les lectures ethnique, linguistique ou religieuse semblent peu pertinentes pour comprendre la situation actuelle en Somalie car relative homogénéité. Il faut plutôt voir le rôle des clans, des milices et des islamistes, de la piraterie. |
Le système clanique somalien
Principales fédérations (groupe de clans) :
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Eleveurs
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Darood
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Dir
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Issaq
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Hawiyé
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Agriculteurs
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Digil
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Rahanweyn
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Clan des Tumaal (ou Midgan ou Bonn), considérés comme des “Intouchables”
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Informations sur les clans
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Clans : les clans sont rivaux entre eux, même si intermariages possibles (sauf pour le clan des Issaq). Pourquoi y’a t-il des conflits entre clans? Lutte pour des territoires, accès à des ressources ou conflits liés à la vengeance par le prix du sang.
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Sous-clans : structures d’entraide (mariage, décès, accident). Parfois, les sous-clans sont rivaux (Ex : au sein des Hawiye, le sous-clan Habr Gedir veut prendre le pouvoir).
Structure : Darod (50% des somalis) ; autres clans (50%)
Les clans somaliens sont des groupes fondés sur les liens de parenté et s’appuyant sur un code social strict qui leur permet de partager des valeurs ainsi que des intérêts et une protection collective. Les rivalités entre clans ont toujours existé, mais le système traditionnel, basé sur un ensemble complexe de diplomatie, échanges, responsabilités et compensations, faisait que l’ordre et la paix sociale entre clans et au sein des clans étaient maintenus. Siyad Barré, lorsqu’il était au pouvoir (1969-1991) ,a voulu introduire un pouvoir central aux dépends des arrangements qui préexistaient, en favorisant son propre clan. A sa chute, les conflits entre clans se sont développés pour mettre la main sur ce pouvoir central et sur les avantages qu’il constitue. Les différents clans s’accommodent donc volontiers de l’absence d’Etat, qui est préférable à une confiscation du pouvoir par un clan adverse. Il y’a eu ainsi une déstructuration du système des clans qui existait. Par ailleurs, la multiplication des armes dans la région a rendu ces conflits plus violents et plus durables.
Avec les guerres et les sécheresses, la solidarité clanique a canalisé les seules ressources : l’aide internationale, l’argent des expatriés et les trafics d’armes et de drogue. L’appartenance clanique est à la fois la garantie de l’accès à un minimum vital et un signe de reconnaissance dans les conflits.
L’islam en Somalie
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Principales confréries (formées à partir du XIXè siècle) :
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Sahiliya
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Qadiriya
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Ahmediya
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Les somalis appartiennent à différentes confréries. Celles-ci se divisent au sujet du recrutement des disciples, du culte auprès des tombeaux des saints et de la conception de l’Etat. Parfois, les clans et les confréries se recoupent, mais ce n’est pas toujours le cas.
La religion musulmane sunnite est l’un des seul facteurs d’unité des somaliens. Dans les années 1990, lorsqu’après la tentative de pacification ratée des américains, le monde se désintéresse du sort de la Somalie, les organisations religieuses musulmanes furent parmi les seules à ne pas quitter le navire, et furent donc bien accueillies par une population désemparée et un pays dans le chaos le plus total. Outre la construction de mosquée et d’écoles coraniques, ces organisations se structurèrent en créant un réseau informel de tribunaux de quartier qui instaurèrent un minimum d’ordre en appliquant la charia de manière sévère et en faisant consensus dans tous les clans. Formation de l’Union des Tribunaux Islamiques, qui ont contribué à réinstaurer la sécurité et la stabilité. Ils n’ont cependant pas exigé d’impôts et de taxes, tout en surveillant étroitement les comportements déviants des particuliers mais sans s’immiscer dans leurs affaires d’argent, ce qui a permis d’avoir le soutien constant des opérateurs économiques.
Cependant cette union d’organisations religieuses plus ou moins radicales et avec différentes interprétations du coran ne fut que de courte durée : en 2006 lorsque les troupes éthiopiennes entrèrent à Mogadiscio, les contradictions internes prirent le dessus.
Malgré l’application radicale de la charia qui était défendue lors de cette expérience islamique, le bilan de cette courte période a été positif car elle a permis de restaurer l’ordre, ce qui explique qu’aujourd’hui ces organisations islamistes bénéficient d’un soutien des populations, d’autant plus qu’après la fin de l’Union des Tribunaux islamique, les conflits entre clans ont repris.
Histoire
Avant la colonisation, région peuplée par de nombreux clans et dynasties
Colonisation : Colonisation britannique au Nord, colonisation italienne dans le reste du pays
1960 : Indépendance et fusion entre la Somalie (ex-colonie d’Italie) et le Somaliland (ex-colonie du Royaume-Uni)
1960-1969 : Tentative d’instauration d’un gouvernement démocratique rendues difficiles par les luttes de clans et les relations tendues avec les pays voisins.
1969-1991, ère Siyad Barre : 1969, coup d’Etat de Mohammad Siyad Barre et proclamation de la République Démocratique de Somalie
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Instauration d’un régime socialiste et adoption du “socialisme scientifique” comme doctrine d’Etat : nationalisation de l’agriculture et de l’industrie.
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Lutte contre les clans et même contre l’islam ; en 1973, regroupement des clans nomades dans des camps pour le sédentariser
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1977-1978 : Conflit avec l’Ethiopie (Guerre de l’Ogaden) car invasion somalienne de la région éthopienne de l’Ogaden. Soutien de l’URSS à l’Ethiopie qui conduit à une défaite de la Somalie.
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Années 1980 : Luttes de clans ; tentative de libéralisation économique mais qui ne permet pas d’enrayer la crise politique et financière ; famine en 1985
Siyad Barre quitte le pouvoir en 1991
A partir de 1991 : Guerre civile entre les clans pour le contrôle de l’Etat et des infrastructures
1991 : Déclaration d’indépendance du Somaliland (où les Issaq sont majoritaires)
1992-1995 : Interventions extérieures. Opération humanitaire de l’ONU (ONUSOM) et opération de maintien de la paix (UNITAF, menée par les Etats-Unis sous le nom de “Restore Hope”, 40 000 hommes).
1998 : Déclaration d’indépendance du Puntland et du Jubaland ⇒ les deux régions deviennent autonomes mais ne font pas sécession comme le Somaliland, elles veulent faire partie d’une Somalie fédérale
1995-2006 : Situation qui reste sous tension même si arrangements entre clans. En 2004, création d’un Gouvernement Fédéral de Transition (GFT) et élection d’un président intérimaire à l’issue d’une conférence au Kenya (2003). Cependant, il n’y a qu’une reconnaissance extérieure de ce pouvoir, aucun contrôle intérieur.
2006 : Formation de l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI, alliance de tribunaux islamiques) qui veulent une Somalie régie par la charia. Négociations entre le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT), soutenu par les seigneurs de guerre et les Etats-Unis, et l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI), soutenus par l’Erythrée et des pays de la péninsule arabique.
Pendant ce temps, l’UTI étend son influence dans le sud du pays et prend Mogadiscio, établissant un ordre relatif ; le GFT se replie à Baidoa. Fin 2006, intervention de l’Ethiopie qui chasse les islamistes de l’UTI.
2007-2008 : L’UTI se divise alors en deux principaux mouvements :
Al-Shaabab, la branche islamiste la plus radicale, qui organise des attentas
Alliance pour la Re-Libération de la Somalie (ARS), groupe d’opposition au GFT qui veut construire un régime islamique.
2009 : Négociations en 2008 qui conduisent en 2009 à l’élection comme président de Sharif Ahmed, membre modéré de l’ARS et ancien dirigeant de l’UTI. Formation d’un gouvernement et d’un Parlement regroupant membres du GFT et de l’ARS, volonté de consensus et de dialogue. Mais les membres radicaux de l’ARS et Al-Shaabab contestent toujours ce nouveau gouvernement.
2009-2014 : Equilibre fragile du GFT, qui combat les positions des islamistes d’Al-Shaabab au sud et qui reprend ces derniers mois le contrôle de territoires. Aide de l’Union Africaine avec l’AMISOM (8000 soldats depuis 2007) puis en 2011 du Kenya pour combattre Al-Shaabab. Depuis 2009, opposition entre le Gouvernement Fédéral de Somalie (soutenu par le Jubaland, le Puntland, le Galmudug) et Al-Shaabab (soutenu par Al-Qaida). Au Nord, il y’a aussi une rivalité entre le Somaliland (anti-gouvernement) et le Puntland (pro-gouvernement). En 2012, adoption d’une Constitution provisoire, et le GFT devient le gouvernement fédéral de Somalie.
Politique
Président : Hassan Sheikh Mohamoud (depuis 2012)
Premier Ministre : Abdi Farah Shirdon
Le président a une ligne politique claire exprimée dans son programme en six piliers : stabilisation sécuritaire et Etat de droit, reconstruction économique, consolidation de la paix et réconciliation, services de base, unité nationale, et rétablissement des relations internationales
Système : République fédérale mais peu de définition des prérogatives étatiques et régionales ; différends entre les autorités fédérales et régionales au Somaliland, Puntland, et Jubaland. Travail actuel sur le renforcement du dialogue entre l’Etat fédéral et les présidents des régions. Pays dirigé par le Gouvernement Fédéral de Somalie.
Pays en partie contrôlé par le Gouvernement Fédéral de Somalie ; cependant, il y a toujours un rôle des clans et des confréries ; il y a des régions séparatistes ; il y a des territoires contrôlés par le groupe armé islamiste Al-Shaabab.
Régions séparatistes (non exhaustif) :
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Somaliland (depuis 1991), république autoproclamée, anti-gouvernement. Refus du Somaliland de participer à toute négociation.
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Puntland (depuis 1998), qui souhaite intégrer une république fédérale somalienne, pro-gouvernement.
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Galmudug (depuis 2006), qui souhaite intégrer une république fédérale somalienne, pro-gouvernement.
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Jubaland.
Groupe armé islamiste Al-Shaabab.
Milice née en 2006, liée à Al-Qaida ; leader : Aden Hashi Farah “Ayro”, combattant somalien formé dans les camps afghans de Ben Laden. Il prend la tête d’une des milices des Tribunaux islamiques qui contribuent dans les années 2000 à rétablir un semblant d’ordre dans la capitale, avant de se radicaliser et d’appeler à la “guerre sainte” contre l’Ethiopie. Après l’intervention de l’Ethiopie en 2006, les Chabab se tournent vers la guérilla et aidés par leurs méthodes de recrutement fondées sur le nationalisme, ils prennent rapidement le dessus sur les ethiopiens. A la fin de l’année 2008, les éthiopiens se retirent en laissant la place aux forces de l’Union Africaine, seules face aux islamistes. En 2009 l’allégeance des Chabab à l’égard d’Al-Qaida est officialisée par son nouveau leader Abou Zubaïr. Le groupe armé absorbe d’autre formations et finit par prendre le contrôle des ⅔ de la Somalie. Finalement, l’Union Africaine finit par reprendre progressivement le contrôle en profitant des division internes au Chabab. En septembre 2013, ils ont démontré, avec l’attaque perpétrée contre le centre commercial de Nairobi (près de 70 morts, dont deux ressortissantes françaises, et 200 blessés selon les derniers bilans provisoires), qu’ils avaient conservé une capacité de projection hors de Somalie pour frapper les pays de la région (attentat commis en représailles de l’intervention du Kenya en 2011). Les Shebaab avaient déjà perpétré un attentat en juillet 2010 à Kampala en Ouganda). En réaction l’Union Africaine renforce ses troupes et reprend le contrôle d’une grosse partie du territoire. Aujourd’hui les chabab sont affaiblis mais contrôlent encore de nombreuses zones rurales ; ils compteraient environ 5000 membres mais seraient divisés par des fractures internes, idéologiques et claniques.
Actes d’Al-Shaabab : tortures et exécutions illégales par les Chabab contre ceux qu’ils soupçonnent d’espionnage ou qui ne se conforment pas à leur interprétation de la loi islamique. Exécutions en public, lapidations, amputations, flagellations, codes de conduite restrictifs pour hommes et femmes, chantage sur l’aide humanitaire, menace d’une nouvelle famine. Les chabab ont une interprétation très dure de la loi Islamique et imposent certaines restrictions (interdiction de la musique, des films, de certains vêtements, à hommes et femmes de marcher ensemble dans la rue, etc. ).
Economie
Economie en récession depuis 20 ans ; PIB par habitant le plus bas du monde (284 dollars) ; 73% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (2 dollars par jour)
Economie largement informelle, principalement basée sur l’élevage et l’agriculture (environ 60%) ; l’exploitation des ressources minérales, les industries de manufacture et le tourisme sont fragilisés par la situation de conflit du pays. L’économie somalienne connaît toutefois un développement régulier (entre +2,5 % et +3 %) depuis 2007, en particulier dans le secteur des télécommunications et des services financiers. Les entreprises étrangères s’intéressent à nouveau à la Somalie, notamment dans le secteur des infrastructures (port, aéroport) ou de l’exploration pétrolière. Rôle de l’aide internationale ($500M en 2011) et des transferts de la diaspora ($1Mrd en 2011).
Situation humanitaire
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La FAO estime que plus de 800 000 personnes sont sous-alimentées actuellement en Somalie.
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30% de la population a accès à une source d’eau potable (9% en milieu rural).
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Famine qui menace en juin 2014.
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Famine entre octobre 2010 et avril 2012 qui aurait touché 4 millions de personnes et tué plus de 250 000 personnes ; épisodes de famine précédents en 1984, 1992.
Diplomatie
Ethiopie : guerre de l’Ogaden en 1977-1978 ; intervention de l’Ethiopie en 2006 pour chasser les islamistes de l’UTI. Depuis 2011, attaques de l’Ethiopie contre Al-Shaabab. Cependant, possibilités de tensions à propos des territoires frontaliers (Ogaden)
Kenya : participation au combat contre Al-Shaabab dans le sud de la Somalie. Accueil de réfugiés somaliens.
Ouganda et Burundi : participation à l’AMISOM
Djibouti : accueil des négociations entre le GFT et l’ARS en 2008.
Erythrée : tensions car l’Erythrée soutiendrait Al-Shaabab. L’Erythrée, dans son conflit contre son voisin éthiopien, soutiendrait également les groupes séparatistes somalis en Ethiopie (Ogaden).
Cartes
Conflits en cours
Conflit Gouvernement fédéral de Somalie / Al-Shaabab
Conflit qui dure depuis 8 ans. En 2013, les troupes de l’Ethiopie, le groupe islamiste modéré Ahlu Sunna Wal Jama’a (ASWJ), et les troupes de l’AMISOM ont repris du territoire à Al-Shaabab.
Conflit Somaliland / Khatumo
Tensions entre le Somaliland et le Puntland sur la région depuis 1998 (contrôle sur les régions de Sool, Sannag et une partie du Togdheer appelée le Cayn). Conflit entre Somaliland et Khatumo depuis 2012. Le Khatumo (composé de Sool, Sanaag et une partie de la région Togdheer appelée le Cayn) s’est détaché du Somaliland en 2012 ; conflit entre le Somaliland qui veut avoir le pouvoir sur le Khatumo et le Khatumo qui se veut indépendant.
Conflits entre clans
Principales persécutions
Principales raisons de demandes d’asile (rapport OFPRA 2013) : appartenance à un clan minoritaire. craintes à l’égard de milices islamistes . menaces du gouvernement de transition qui soupçonne tout le monde ; persécutions pour relations sexuelles hors mariage ; mariages hors clan, ou comportement « déviant » des femmes.
Violence généralisée, conflit Gouvernement/Al-Shaabab et différends claniques
Attaques violentes courantes dans la capitale, attentats à l’explosif, assassinats ciblés presque quotidiens, attaques de guérilla, attaques au mortier qui font de nombreuses victimes civiles. La situation sécuritaire s’est aussi dégradée en 2012 dans la région semi-autonome du Puntland, où des attaques ont visé des agents de l’État, des juges et des journalistes.
Exactions commises par Al-Shaabab
Tortures et exécutions illégales par les Chabab contre ceux qu’ils soupçonnent d’espionnage ou qui ne se conforment pas à leur interprétation de la loi islamique. Exécutions en public, lapidations, amputations, flagellations, codes de conduite restrictifs pour hommes et femmes, chantage sur l’aide humanitaire (menace d’une nouvelle famine).
Exactions commises par les milices liées au gouvernement
Peine de mort, exécutions extrajudiciaires, détentions arbitraires, torture, mauvais traitements en réaction à l’insécurité et aux menaces des chabab.
Violences sur les enfants
Exactions commises par les groupes armés et par les forces somaliennes de sécurité à l’encontre d’enfants : enlèvements ; enrôlements forcés par les différentes parties au conflit (régions de Banakil et de Bakool) ; violences sexuelles, meurtres et mutilations.
Destruction d’infrastructures scolaires et sanitaires, privations sociales, etc.
Violences à l’encontre des femmes et des filles
Violences sexuelles (mutilations génitales malgré qu’elles soient condamnées par la constitution) et sexistes, notamment près de Mogadiscio et dans les camps de déplacés. Viols souvent collectifs, perpétrés par des membres armés des services de sécurité des camps.
Les craintes de représailles des victimes génèrent un silence et une impunité : système judiciaire mal équipé, manque de moyens, et le viol est considéré comme un crime moral et non comme un crime contre une personne donc les victimes sont stigmatisées.
Situation humanitaire
L’insécurité qui règne en Somalie, y compris dans la capitale, limite l’accès humanitaire aux populations. Si le Puntland et le Somaliland sont relativement accessibles, il est en revanche difficile d’atteindre au centre et au sud de la Somalie, région prioritaire pour les opérations du HCR.
Assistance humanitaire encore nécessaire, mais entravées par le manque de sécurité et les attaques contre les organisations qui s’en chargent ; il y’a parfois pillage de l’aide humanitaire.
Amélioration de la situation au niveau du nombre de réfugiés : beaucoup ont pu rentrer en Somalie grâce à l’amélioration de la sécurité, mais encore 1,1 million de déplacés et plus d’1 million de réfugiés dans les pays voisins. Des réfugiés dans les camps reconstruisent un semblant de vie (écoles, hôpitaux, études, enfants, emploi letc.)
Apparition de la poliomyélite: tentatives pour enrayer l’épidémie ralentie par le manque de sécurité.
Corruption et confiance dans les autorités
Corruption des membres du gouvernement et des parlementaires.
Il y a parfois coopération des autorités avec les pirates (notamment dans le Puntland)
Restriction de la liberté d’expression
Arrestations de journalistes, harcèlement, intimidation, meurtres
Piraterie en Somalie
Demandes de rançons de plus en plus élevées, soutiens de clans qui survivent grâce à cette coopération. Leurs cibles sont principalement les navires marchands internationaux. En s’attaquant aux intérêts économiques et stratégiques des grandes puissances, les pirates s’assurent une large couverture médiatique et de lourdes rançons, de plus en plus élevées. La piraterie est apparue en Somalie car la pollution- sans intervention d’Etat pour faire respecter les lois - a décimé la faune aquatique de la région, privant les pêcheurs somaliens de travail et les poussant vers la piraterie pour survivre. De plus, la piraterie a prospéré car plusieurs conditions le lui permettaient : l’anarchie, la profusion d’armes en héritage de la guerre Froide, et une côte de 3000 km empruntée par quelques 20 000 navires par an. En outre l’arrière-pays permet aux pirates de se replier, d’autant plus qu’ils sont soutenus par les populations qui profitent de leurs largesses.
Si la situation sur le littoral justifie de qualifier la Somalie de “pays le plus dangereux du monde”, les zones rurales du pays sont souvent le lieu de ré-émergence d’anciennes lois coutumières qui permettent la réorganisation des communautés et l’instauration d’une paix relative. De plus, l’importance de la diaspora somalienne dans les pays frontaliers ou européens amène d’importants transferts d’argent qui contribuent au maintien de l’économie qui d’ailleurs se porte bien dans certains secteurs comme les télécoms.
Actualité
Mai 2013 : Résolution du Conseil de Sécurité ; mise en place d’un Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) ⇒ travail en coopération avec le gouvernement fédéral et le parlement fédéral, notamment avec la Commission du Parlement fédéral qui travaille sur les questions de révision constitutionnelle (avec consultation des citoyens), de mise en place d’une administration provisoire au niveau des régions, de mise en place d’une commission des droits de l’homme et d’une commission des services judiciaires, ainsi que d’une prochaine loi sur les médias.
Novembre 2013 : Résolution du Conseil de Sécurité ; augmentation des effectifs de l’AMISOM de 4400 soldats.
Fiches associées
Fiche de bibliographie : Bibliographie : Somalie
Maxime ARQUILLIERE, Daniel RICHARD, Capucine PEIGNIER, Grenoble, juillet 2014