Joseph Le Marchand, Paris, 2005
Exclusion
S’oppose à l’insertion. Traditionnellement, les dictionnaires définissent l’exclusion comme un retranchement ou l’interdiction à des individus d’accéder à la société. Dans le langage politique, l’exclusion a pris un sens plus restreint, puisqu’il désigne l’ensemble des laissés-pour-compte de la croissance économique, les marginaux du système libéral. Le terme d’« exclusion » permet de regrouper sous un même vocable une diversité de situations et de parcours que l’on ne peut aborder dans la réalité comme un tout. L’exclusion désigne, dans le langage courant, l’ensemble des personnes démunies pour lesquelles la société n’offre pas de perspectives.
Cette dichotomie sociale, scindant les intégrés et les exclus, séparant les riches ainsi que ceux qui sont en mesure de le devenir de ceux qui sont condamnés à rester à la marge de la société, présente des risques de sédition populaire. Les exclus peuvent en effet prendre conscience de leur précarité et de leur force commune. C’est le fantasme bourgeois d’une révolte de gueux. C’est pourquoi les gouvernements successifs font de la lutte contre l’exclusion un programme politique, et ce, davantage par opportunisme politique que par philanthropie. Il faut intégrer les exclus dans la société, laisser à chacun la même chance de faire preuve de ses compétences et de s’élever socialement. Tel est le vœu pieux de la social-démocratie.